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Agnès Buzyn mise en examen : un coup de semonce pour l’exécutif

L’ancienne ministre de la Santé est mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui » et placée sous le statut de témoin assisté pour « abstention volontaire de prendre les mesures propres à combattre un sinistre ». D’autres ministres vont suivre.

Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé (DR)
Agnès Buzyn, ex-ministre de la Santé (DR)

La mise en examen de l’ex-ministre de la Santé par la Cour de Justice de la République, ce vendredi 10 septembre 2021, résonne comme un véritable coup de tonnerre dans le landernau politique. Car, après Agnès Buzyn, ce sont l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, l’actuel ministre de la Santé Olivier Véran et l’ancienne porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, qui devraient suivre.
Outre les ministres dont le sort judiciaire est entre les mains de la CJR, d’autres personnalités devraient rendre des comptes dont le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon puisque quatre informations judiciaires ont été ouvertes après le dépôt de centaines de plaintes au parquet de Paris.

Une quinzaine de plaintes recevables

La CJR, quant à elle, a ouvert une enquête en juillet 2020 après avoir reçu plusieurs milliers de plaintes dont une quinzaine seulement ont été jugées recevables. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) de la gendarmerie nationale.
Les plaignants reprochent au gouvernement de n’avoir pas pris la mesure de la gravité de la crise sanitaire et d’avoir menti, notamment, sur l’utilité des masques alors qu’il savait qu’il n’en avait pas.
D’où l’enquête des chefs « d’abstention volontaire de combattre un sinistre » qui vaut à Agnès Buzyn d’être placée sous le statut de témoin assisté, et de « mise en danger de la vie d’autrui » qui lui vaut sa mise en examen.

« Le risque est nul »

On sait qu’Agnès Buzyn alors ministre de la Santé, a abandonné son poste, le dimanche 16 février 2020, pour se lancer dans la campagne pour les élections municipales à Paris.
Après son échec dans les urnes, elle déclaré à la presse que cette élection était « une mascarade » et affirmé : « Je savais que la vague du tsunami était devant nous ». Elle a même prévenu, dit-elle, dès le 11 janvier 2020 Edouard Philippe et Emmanuel Macron de l’impossibilité d’organiser les municipales.
Or, Agnès Buzyn est médecin. À cette époque où l’épidémie commençait à faire des ravages, le gouvernement parlait de « grippette », assurait que les masques ne servaient à rien et ont laissé se dérouler les élections.
L’ex-ministre de la Santé affirmait pourtant, le 21 janvier 2020, que « le risque d’introduction en France [du virus] était faible ». Elle ajoutait : « Notre système de santé est bien préparé, professionnels et établissements de santé ont été informés ». Le 24 janvier : « Le risque d’importation depuis Wuhan est modéré. Il est maintenant pratiquement nul puisque la ville, vous le savez, est isolée. »
On connaît la suite…

Un scandale politique et sanitaire

Des perquisitions ont été menées le 15 octobre 2020 dans le cadre de l’instruction de la CJR, visant Edouard Philippe, Agnès Buzyn, Olivier Véran, Sibeth Ndiaye. La convocation d’Agnès Buzyn, ce vendredi, n’est que la suite logique de l’enquête.
Avant d’être entendue par les magistrats de la CJR, ce matin, Agnès Buzyn déclarait à la presse : « Aujourd’hui c’est une excellente opportunité pour moi de m’expliquer et de rétablir la vérité des faits. »
Après sa très longue audition, visiblement sonnée elle précisait : « Je ne laisserai pas salir l’action du gouvernement, mon action en tant que ministre, alors que nous avons fait tant pour préparer notre pays à une crise sanitaire mondiale qui, je le rappelle, dure encore. »
Reste que cette affaire tombe mal pour le gouvernement qui se voit reprocher un manque de préparation, une absence de stratégie, des erreurs et des mensonges dans la gestion de la crise sanitaire. Le fait que le président de la République a organisé cette gestion autour d’un Conseil de défense dont les décisions sont par définition secrètes, n’est pas la moindre des anomalies.

Covid-19 : Agnès Buzyn convoquée par la CJR

 

 

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