Rambouillet : contre le terrorisme, les mots ne suffisent plus

Stéphanie, une policière du commissariat de Rambouillet (78) est une victime de plus, une victime de trop, du terrorisme islamiste sur le sol français que le président de la République et son Premier ministre combattent avec des mots vides de sens.

Rambouillet : meurtre d'une policière (capture euronews) — Rambouillet : meurtre d’une policière (capture euronews)

Stéphanie, 49 ans, fonctionnaire de police et mère de deux fillettes a été égorgée vendredi 23 avril 2021 alors qu’elle allait prendre son poste au commissariat de Rambouillet, dans les Yvelines. L’assaillant, un individu âgé de 36 ans de nationalité tunisienne, a été abattu par les collègues de Stéphanie.
Né à Msaken, en Tunisie, le 3 octobre 1984, Jamel Gorchane est arrivé en France en 2009. Il a vécu en situation irrégulière pendant 10 ans avant de bénéficier d’une régularisation ou plus précisément « d’une autorisation exceptionnelle de séjour salarié puis d’une carte de séjour, en décembre 2020, valable jusqu’en décembre 2021 » selon le parquet national antiterroriste saisi de l’affaire. Il travaillait comme chauffeur-livreur et vivait chez son père, à Rambouillet.

« Mohamed prophète de Dieu »

Selon les premiers éléments de l’enquête, le suspect n’était pas connu des services de police. Sur son profil Facebook, Jamel Gorchane publiait presque uniquement des posts consacrés à la lutte contre l’islamophobie. Il semble que cet individu ait changé de comportement après l’assassinat, par un Tchétchène fanatisé, de Samuel Paty, ce prof d’histoire-géo d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine (78), en octobre 2020. Il a alors changé sa photo sur son profil Facebook, publié des versets du coran et demandé à ce que l’on respecte « Mohamed, prophète de Dieu ». Vendredi 23 avril, lorsqu’il est passé à l’acte, après avoir fait des repérages, Jamel aurait crié « Allah Akbar » selon plusieurs témoins. Ce qui ne laisse que peu de place au doute sur ses motivations.

« Nous ne cèderons rien »

Ce drame a provoqué une forte émotion dans tout le pays et spécialement parmi les policiers qui paient un lourd tribut au terrorisme islamiste. Immédiatement sur les lieux, le Premier ministre a donné quelques coups de menton : « Je voudrais dire à l’ensemble des Françaises et des Français combien notre détermination à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes est plus que jamais intacte. »
Ça fait peur!
Depuis le Tchad, où il assistait aux obsèques d’Idriss Déby, Emmanuel Macron a publié un tweet plein de compassion : « La Nation est aux côtés de sa famille, de ses collègues, des forces de l’ordre. Du combat engagé contre le terrorisme islamiste nous ne cèderont rien. » Qu’y a-t-il à céder ?
Bref, on entend les mêmes mots, les mêmes phrases, les mêmes discours, les mêmes lamentations, les mêmes exhortations de circonstance après chaque tuerie (voir la liste ci-dessous). Des mots, des phrases, des discours sans consistances. Car, dans les faits, rien, ou si peu.

A 13 mois de la présidentielle

Après le verdict très contesté de Viry-Châtillon de la semaine passée où trois individus ont été condamnés à 18 ans de réclusion pour avoir attaqué et brûlé des policiers [en 2016, dans l’Essonne], l’affaire de Rambouillet alimente le débat politique. Rien d’étonnant à 13 mois de la présidentielle. Marine Le Pen y est allée au lance-flamme sur Twitter : « Jamais les Français n’ont été autant encerclés par la délinquance et la criminalité. Quand M. Dupond-Moretti dit qu’il est le « ministre des détenus », alors on a la tonalité de ce gouvernement : il assume son laxisme ! Le pays a besoin d’un tour de vis ! »
Réponse du Garde des sceaux : « Toujours des mensonges et des phrases tronquées. Quel cynisme, quelle indignité, quelle ignominie, que de tenter d’exploiter cette tragédie à votre profit deux heures seulement après ce crime. Les circonstances appellent aussi à de la décence. »
On l’a compris, la campagne électorale sera féroce. D’autant que l’immigration et la délinquance seront des thèmes majeurs de la prochaine élection. Et que sur ce terrain l’extrême-droite a pris une longueur d’avance comme semblent le démontrer les sondages.
Les Français (es) attendent aujourd’hui autre chose que des mots creux pour protéger les policiers attaqués et tués jusque dans leurs commissariats, bombardés tous les jours à coups de mortiers d’artifice et de cocktails Molotov, mais aussi les sapeurs-pompiers caillassés à chacune de leur sortie. C’est inacceptable et insupportable !
Il reste 13 mois pour envoyer un signal fort à l’opinion publique, pour combattre la criminalité et le terrorisme autrement qu’avec des mots, en finir avec le laxisme incompréhensible et dangereux pour tous.
Treize mois. Sinon….

Elle était policière. Stéphanie a été tuée dans son commissariat de Rambouillet, sur les terres déjà meurtries des Yvelines. La Nation est aux côtés de sa famille, de ses collègues et des forces de l’ordre. Du combat engagé contre le terrorisme islamiste, nous ne céderons rien.

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 23, 2021

Notre détermination à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et plus que jamais intacte. pic.twitter.com/WtConHTskx

— Jean Castex (@JeanCASTEX) April 23, 2021

Chronologie des attentats en France depuis 2015 par Wikipédia

Attentat de la prison de Condé-sur-Sarthe
Attentat de la rue Victor-Hugo de Lyon
Attentat de la préfecture de police de Paris
Attaque de la mosquée de Bayonne pour laquelle la qualification d’attentat terroriste n’est pas retenue par la justice française mais est proposée par de nombreuses personnalités ou journaux.

Année 2020

Article détaillé : Terrorisme en France en 2020.

Année 2021

Article détaillé : Terrorisme en France en 2021.

Attaque au couteau dans un commissariat à Rambouillet

« Mohamed prophète de Dieu »

« Nous ne cèderons rien »

A 13 mois de la présidentielle

Année 2015

Année 2016

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