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Nancy : en panne de tram

Un coup de froid, quelques flocons et voilà le tram de Nancy en carafe. L’avenir de cette vieille guimbarde ou de sa remplaçante, se jouera ce jeudi 11 février 2021 en conseil métropolitain.

Le tram en difficultés avec la neige (DR)
Le tram en difficultés avec la neige (DR)

Il a vingt ans et il n’est pas très en forme le tram sur pneus de Nancy. Ce mercredi 10 février, il n’a pas supporté le froid et la neige. Les rames restaient à quai pendant de longues minutes, entre Mouzimpré (Essey) et Brabois (Vandoeuvre), obligeant les Nancéiens à poursuivre leur chemin sur les trottoirs enneigés et glissants. Si le tram n’aime pas le froid, il n’aime pas davantage le chaud, quand le rail de guidage se déforme par temps de canicule. Bref, il faut vite le remplacer. Avant 2022, c’est-à-dire avant l’année prochaine. Mais le projet élaboré par l’ancienne majorité n’est plus celui de l’actuelle. Ça coince autant dans l’hémicycle de Nancy-Métropole que sur le rail du tram.

Gouffre financier

Pourtant, le Conseil de la Métropole du Grand Nancy a voté à la majorité, vendredi 25 mai 2018, en faveur de la construction d’un tramway sur rails, allant de la Porte Verte (Essey-lès-Nancy) jusqu’au plateau de Brabois en suivant la ligne actuelle jusqu’au carrefour du Vélodrome à Vandoeuvre. Ce projet devait prendre en compte non seulement les aspects techniques du futur tram (et ses 65.000 voyageurs/jour au lieu de 45.000 actuellement) mais aussi repenser les déplacements dans et autour de la Métropole.
Une déclaration d’utilité publique (DUP) a été signée par la suite par le préfet. Au terme de plusieurs années de débat autour du futur tram tout semblait presque réglé.
Presque. Puis, la Chambre régionale des comptes a soulevé les gros problèmes financiers que ce projet ne manquerait pas de provoquer : plus de 500 M€ (soit 8 années de dépenses d’investissement de la Métropole)! Et puis, il y a eu les élections municipales et métropolitaines et les changements de majorité que l’on sait.

Bus à Haut Niveau de Service

Résultat : le tram ficelé sous l’ancienne mandature va être mis sous le boisseau. C’est Patrick Hatzig vice-président en charge des transports à la métropole nancéienne qui le dit en ces termes : « On va proposer de ne pas faire le tram dans ce mandat-là ».
L’opposition regrette. « Ce n’est pas une bonne nouvelle » lâche Christophe Choserot, le maire de Maxéville qui a porté le projet sous l’ère Rossinot.
Reste qu’il faut bien changer le vieux tram à bout de souffle. Comment faire ? Les élus de l’actuelle majorité envisagent de remplacer la vieille guimbarde par des bus à haut niveau de service (BHNS). Un projet alternatif qui est loin de satisfaire tout le monde. Associations, élus, collectifs divers et variés font circuler lettres et pétitions pour renoncer à ces BHNS incapables, selon eux, de prendre en charge les passagers jusqu’au plateau de Brabois dans de bonnes conditions.
Pas de doutes, il va y avoir de l’ambiance au conseil communautaire du Grand Nancy.

CCI 54 : « mettre le monde économique sur les rails »

Alors que le débat politique sur le devenir du tram sur fer à Nancy semble prendre des orientations totalement nouvelles au regard des travaux et études menés depuis deux ans, la Chambre de Commerce et d’industrie demande une concertation urgente avec les acteurs économiques.

Dans un communiqué, la CCI 54 écrit : « Que des décisions aussi structurantes que la remise à plat du dossier Tram et TCSP impactant la Métropole et ses pôles voisins pour la prochaine décennie se discutent sans que les dirigeants d’entreprises et les commerçants de ces territoires ne soient concertés irritent profondément les élus consulaires comme les représentants de branches ou d’associations professionnelles.

« Débattre d’enjeu stratégique en termes de transport et de financement des transports publics en envisageant de profonde remise en cause par rapport au scénario étudié pendant les dernières années ne peut pas se faire sans une participation active des acteurs économiques au débat et à l’analyse des enjeux, assure François Pélissier, le président de la CCI. Il est indispensable d’associer les acteurs économiques au débat pour en mesurer toutes les conséquences en termes de dessertes des sites d’activités, d’accès au centre- ville, de parking relais, de capacité et facilité d’accès sur les lieux de travail et sur les lieux de consommation commerciale est essentiel. Je rappelle que c’est la contribution des entreprises à travers la Taxe Transport qui permet massivement à la collectivité de porter ce type de projet et une bonne partie des usagers du tram sont des salariés et/ou des clients de nos commerces. »

On n’ose imaginer du côté de la rue Stanislas que des scenarios s’élaborent demain sans y associer le cœur économique des industries, services et commerces de nos quartiers, des zones ATP, des territoires voisins, de nos espaces technopolitains et des sites de formations universitaires ou grandes écoles.

Au-delà des enjeux financiers essentiels mais aussi écologiques et énergétiques qui s’imposent, la CCI de Meurthe-et-Moselle appelle à une intelligence collective urgente en pleine situation de guerre économique du fait de la Covid-19 :
« Ne reproduisons pas les errements de l’A31, soyons en capacité de porter un projet collectif concret, durable, mesurable qui intègre dans le bien vivre ensemble toute la vie économique indispensable au développement de notre métropole et de ses territoires » conclut le président de la CCI qui souhaite s’impliquer directement dans les discussions à venir. »

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