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Covid : les étudiants de plus en plus déboussolés

Depuis le 30 octobre 2020, les étudiants n’ont plus de vie scolaire normale, les cours à l’université en présentiel sont supprimés, ils doivent travailler à distance, leur vie sociale est chamboulée, leur avenir professionnel incertain. De quoi perdre tous ses repères.

Etudiant isolé (PxHere)
Etudiant isolé (PxHere)

Le premier confinement a été dur, le second l’a été plus encore. Une récente étude a même montré que le confinement portait atteinte à l’équilibre psychique des étudiants. L’obligation de rester connecté apportait un aspect ludique à l’enseignement, mais la nouveauté s’est estompée et le télé-travail est devenu démobilisateur.

Les premières années

Le bilan du premier confinement a démontré que l’état dépressif des étudiants étaient en augmentation d’environ 20 % dans le milieu universitaire. 31 % des étudiants seraient déprimés selon une étude de l’Observatoire de la vie étudiante. Lors du deuxième confinement, les demandes dans les centres de santé universitaires ont augmenté de 30 %. L’isolement, le confinement et la précarité sont à l’origine du mal-être des étudiants. Certains travaillent la nuit et dorment le jour. Les rythmes se sont inversés, cela pourrait être une conséquence de la souffrance.
François Allard-Huver, professeur à la faculté de Lettres à Nancy, explique les raisons du mal-être étudiant en lien avec la Covid-19, « En premier, le manque de rendez-vous « présentiels » avec les enseignants et les camarades a rendu l’apprentissage plus complexe. Les années d’études, et a fortiori, les premières années d’université, sont le moment où on se construit où on apprend l’indépendance, où on se fait des amis, où on tombe amoureux, où on devient adulte en somme. Aujourd’hui, beaucoup sont retournés chez leurs parents ou restent confinés seules et seuls. C’est une cause de dépression, l’impression de passer à côté de sa jeunesse et donc de ces années qui font le sel de la vie.
Enfin, l’inquiétude est aussi économique à double titre. D’un côté, la disparition de nombreux « jobs » étudiants qui permettaient à beaucoup de financer leurs études ou d’améliorer le quotidien. De l’autre, une question sur l’avenir : pour celles et ceux qui arrivent sur le monde du travail, il n’y a pas d’embauche en ce moment, pour les autres, l’inquiétude est de savoir s’ils arriveront à trouver un emploi à la sortie de leurs études alors que le climat était déjà morose avant. »

Situation difficile

Le professeur ajoute : « Le monde universitaire c’est aussi des enseignants-chercheurs et des personnels administratifs qui sont en première ligne. Nous partageons les angoisses de nos étudiantes et étudiants et, plus encore, nous souffrons aussi d’avoir d’être laissé à nous-mêmes face à leur détresse : des consignes ministérielles parfois sans queue ni tête, un mépris des enseignants-chercheurs et de leurs demandes (LPR), une pénurie de moyens chroniques érigée en totem de bonne gouvernance par les Gouvernements successifs, etc. Tout ça a fait qu’on se retrouve aujourd’hui dans une situation très difficile alors que ça fait des années qu’on sonne l’alarme. Il ne faut pas oublier qu’une licence c’est souvent avoir plus d’étudiants qu’un lycée avec des moyens de gestion ridicules ».
Depuis plusieurs jours, le mot « étudiants fantômes » jaillit sur la toile, exprimant la lassitude des étudiants à suivre des cours à distance. Durant ces dernières semaines, des tentatives de suicides et même de suicides ont été recensés ce qui pourraient être lié à ce mal-être. Pour tenter de pallier ce problème, Jean Castex, le Premier ministre, a assuré le renforcement de 80 psychologues et 60 assistants sociaux qui sera pérennisé jusque-là fin de l’année 2021.
Les étudiants chez le psy, quel programme !

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