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L’Europe dans une logique de guerre

Dans un contexte géopolitique tendu, l’Europe se place dans une logique de guerre, non seulement militaire, mais aussi juridique et symbolique. Les réactions russes, et singulièrement les propos de Vladimir Poutine, participent à cette escalade.

Le Pushpa arraisonné par la Marine Française (capture Euronews)
Le Pushpa arraisonné par la Marine Française (capture Euronews)

L’Europe adopte une posture de confrontation quasi militaire

La réunion de Copenhague du 1er octobre a mis en lumière un consensus grandissant parmi les États membres pour voter des dispositifs de surveillance renforcée (espace aérien, drones), pour coordonner des capacités défensives, et pour affirmer une souveraineté stratégique. Ces actes montrent que l’Europe ne se contente plus de dissuasion, mais agit de façon proactive dans la protection du territoire.

  1. Usage de la coercition juridique comme instrument de guerre
    L’arraisonnement du pétrolier de la « flotte fantôme » russe au large de Saint-Nazaire illustre ceci : l’Europe impose des sanctions, des contrôles judiciaires, des actions maritimes pour faire appliquer le droit international. Le droit maritime et le droit des sanctions deviennent des armes de la guerre économique — l’Europe ne se contente pas de condamner, elle agit concrètement.
  2. Normalisation de l’affrontement discursive
    Parallèlement aux actes, la rhétorique compte : les États européens dénoncent ouvertement des violations, des actes hybrides, de l’espionnage, des menaces. Cela révèle une logique d’ennemi déclaré ou identifié, même en dehors du champ purement militaire. La guerre se fait aussi dans le langage, dans la construction des récits.

    Risque de surenchère et d’escalade

    Chaque action coercitive, chaque arraisonnement, chaque sanction peut être perçue par la Russie comme une provocation. La qualification de « piraterie » par Poutine impose une lourde charge symbolique et juridique, et ce type de langage peut exacerber les tensions diplomatiques, voire provoquer des représailles.

    Dualité entre légalité et légitimité

    Bien que l’Europe invoque le droit international (Convention du droit de la mer, sanctions adoptées par des instances internationales), certains actes peuvent être contestés sur leur légalité ou sur leur application (territorialité, compétence, preuves). La ligne entre action légale et acte perçu comme illégal ou abusif peut devenir floue. De fait, la seule infraction reprochée au capitaine du bateau Pushpa, est de n’avoir pas obtempéré. Le navire était alors dans les eaux internationales et n’avait rien à se reprocher, sauf de transporter du pétrole russe sous embargo.

    Fragilité de l’unité européenne

    Tous les États membres ne sont pas également exposés, ni équipés, ni enclins à adopter les mêmes mesures. Risque de divergence stratégique ou politique si les coûts (économiques, diplomatiques, sécuritaires) deviennent trop élevés pour certains pays. L’Europe reste dépendante de l’OTAN dans certaines dimensions, et des États-Unis pour la dissuasion nucléaire.

    Pour Vladimir Poutine : « actes de piraterie »

    Le chef du Kremlin a qualifié l’interception du pétrolier russe au large de Saint-Nazaire (appartenant à la flotte fantôme) de « piraterie ».
    Poutine utilise ce terme pour dénoncer ce qu’il présente comme un acte illégal, un abus de la part de la France (et de l’Europe) ; cela permet à la Russie de revendiquer la légitimité d’une action défensive contre ce qu’elle considère comme une attaque contre ses intérêts.
    Le terme « piraterie » est lourd de sens : il évoque l’illégalité extrême, l’acte criminel contre la liberté de navigation, la violation du droit maritime. Poutine cherche à mobiliser la communauté internationale autour de cette idée que l’Europe outrepasse ses droits.
    En outre, la Belgique s’interroge sur l’utilisation des avoirs russes transférés à l’Ukraine (ci-dessous).
    L’Europe, quoi qu’en disent ses leaders, est bel et bien dans une logique de guerre juridique, symbolique et militaire. Et tout cela pourrait mal finir.

    https://youtu.be/Qc6msbxZR-Q

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