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Michel Barnier à l’épreuve du feu

Le Premier ministre prononcera son discours de politique générale mardi à l’Assemblée nationale. Au menu, les sujets qui fâchent : la réduction de la dette et les questions d’immigration et de sécurité. Vaste programme.

Le gouvernement de Michel Barnier (Photo officielle)
Le gouvernement de Michel Barnier (Photo officielle)

Nommé le 5 septembre dernier Premier ministre par Emmanuel Macron, Michel Barnier, 73 ans, vieux routard de la politique, a eu quelques difficultés à former son gouvernement, faute de majorité à l’Assemblée nationale. C’est donc à la tête d’une équipe faite de bric et de broc qu’il doit conduire la politique de la France et naviguer à vue au milieu d’un océan de dangereux récifs. Mais il a d’ores et déjà annoncé sa méthode : préférer l’efficacité aux discours grandiloquents et stériles (sous-entendu de son prédécesseur).

La France est en faillite

Car le pays va mal. Très mal. Comme nous l’avons annoncé le 27 septembre, au deuxième trimestre 2024, la dette publique augmente de 68,9 Md€ et s’établit à 112,0 % du PIB, selon l’Insee. En 7 ans, elle a gonflé de 900 milliards d’euros ! Bref, la France dépensière est en faillite. Michel Barnier le sait. Il l’a dit au congrès national des Sapeurs-pompiers du 25 au 28 septembre à Macon. « Jamais depuis 60 ans, un Premier ministre n’a été contraint de présenter un budget en quinze jours. Et ce que je trouve, je le dis sans polémique, est extrêmement grave. Et je pèse mes mots ».
Ce qui veut dire en creux qu’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire nous ont caché la triste vérité des comptes publics, dans le rouge depuis longtemps.

Les députés macronistes opposés à la hausse de la fiscalité

Comment réduire la dette stratosphérique du pays pour éviter une catastrophe à la grecque ? Autrement dit, où et comment trouver de l’argent ? Certes, en réduisant la dépense publique, donc les services publics déjà mal en point (justice, police, éducation, santé…) Mais aussi, forcément, en augmentant les impôts. Et c’est ici que le bât blesse. « Pas de hausse d’impôts pour les classes moyennes » confirme Michel Barnier. Mais les députés macronistes n’y croient pas. Vingt-sept députés du groupe Ensemble pour la République de l’Assemblée national ont signé dans La Tribune, samedi 28 septembre, un texte par lequel ils s’opposent à toute augmentation d’impôts, y compris pour les contribuables les plus aisés et les entreprises les plus prospères. « Le rétablissement des comptes publics passe avant tout par la création de richesses et le plein-emploi » écrivent-ils. Ça promet de joyeuses empoignades dans l’Hémicycle.

De l’ordre et des expulsions

D’autant que d’autres sujets inflammables seront évoqués par le Premier ministre, mardi, dans son discours de politique générale. L’immigration et la sécurité. Là encore, de grosses frictions sont attendues entre les différents groupes de l’Assemblée. Le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, reste sur l’objectif fixé lors de sa prise de fonctions : « Rétablir l’ordre ». Il déplore, dans un entretien au JDD, que « les règles protègent les individus dangereux plus que les victimes ».
Quant à l’immigration, pas question de tergiverser. Bruno Retailleau veut utiliser « tous les moyens » pour réduire l’immigration, qu’il s’agisse d’une augmentation des expulsions, du rétablissement du délit de séjour irrégulier, ou de la réforme de l’Aide médicale d’État (AME). Le tour de vis sera serré.

La menace d’une motion de censure…

Dette, sécurité, immigration…. Dans son discours de politique générale, Michel Barnier, devra trouver les mots justes pour ne pas provoquer une bronca dans une Assemblée plus que jamais morcelée e qui, à tout moment, peut voter la censure.
Si le Premier ministre peut compter, en principe, sur les partis du centre pour approuver sa politique, il n’en va pas de même pour le Nouveau Front Populaire (193 députés) qui n’ont pas accepté que Lucie Castets n’ait pas été choisie pour Matignon.
Quant au Rassemblement national (126 députés avec les apparentés), il entend jouer les arbitres. « Pas de motion de censure de principe (…) Nous ferons respecter nos électeurs et les raisons pour lesquelles ils nous ont élus » a affirmé Laurent Jacobelli.
La semaine qui s’ouvre s’annonce particulièrement houleuse dans l’Hémicycle. Michel Barnier résistera-t-il à l’épreuve du feu ?

Le gouvernement Barnier attendu au coin du bois

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