A trois mois des départementales et des régionales, à un an de la présidentielle, la campagne électorale vient de commercer. Dispositions particulières et mise en jambe avant la course vers l’Élysée.
En raison des risques sanitaires liés à l’épidémie de Covid-19, les élections départementales et régionales qui devaient se tenir en mars 2021 sont reportées à juin 2021. Les dimanches 13 et 20 juin précisément. A condition, évidemment, que l’épidémie de Covid ne vienne pas jouer les trouble-fêtes. Personne ne veut renouveler les erreurs des municipales : un second tour organisé trois mois après le premier tour et un taux d’abstention historique d’environ 60% !
Si tout se passe bien, donc, on votera pour élire les conseillers départementaux (et des assemblées de Corse, de Guyane et de Martinique) et régionaux dans trois mois. Et dans un peu plus d’un an, toujours si tout va bien, on retournera aux urnes pour élire le ou la président (e) de la République.
Deux élections pour le prix d’une
Puisqu’on votera le même jour pour deux élections, il a fallu prendre quelques dispositions particulières pour ce double scrutin. Ainsi,
- chaque électeur pourra disposer de deux procurations contre une seule habituellement (pour celles établies en France) ;
- une même machine à voter pourra être utilisée pour les élections régionales et départementales ;
- une même personne pourra présider le bureau de vote pour les élections régionales et les élections départementales et une même personne pourra faire fonction de secrétaire des deux bureaux dès lors qu’ils seront situés au même endroit ;
- l’État devra fournir aux communes pour chaque bureau de vote les équipements de protection sanitaire adaptés (masques…).
- On voit d’ici quelques embrouilles à venir.
Quant à la campagne électorale, elle fait également l’objet de mesures particulières. - sa durée est portée à 19 jours (au lieu de 12 habituellement). Pour le premier tour, elle est fixée du 24 mai 2021 à 0 heure au 12 juin 2021 à 0 heure. En cas de second tour, la campagne sera ouverte le 14 juin à midi et se terminera le 19 juin 2021 à minuit ;
- le plafond des dépenses de propagande est majoré de 20 % ;
- les candidats peuvent mettre en place un numéro d’appel gratuit, permettant aux électeurs de se renseigner sur leurs programmes ;
• une communication sur les élections, le rôle et le fonctionnement des conseils à élire sera diffusée sur les chaînes du service public ; - les instituts de sondage devront communiquer leurs marges d’erreur.Précision : La collectivité européenne d’Alsace disposera de 3 mois de délai après les élections départementales pour fixer son siège et de 6 mois après ces mêmes élections pour adopter les conditions d’emploi de ses personnels.
Enjeux nationaux
S’il est vrai que les départementales restent, sauf exception, des élections aux enjeux locaux, les régionales en revanche auront une dimension nationale à moins d’un an de la présidentielle. Car ce ne sont pas seulement des hommes et des femmes au profil plus ou moins charismatique qui vont briguer les suffrages des électeurs de leur département, mais des partis politiques, véritables machines de guerre, qui mettront en avant des hommes et des femmes souvent aguerris aux joutes oratoires, aux combats idéologiques pour défendre des programmes aux approches diamétralement opposées sur les grands sujets de la politique nationale ou internationale.
Car le résultat du scrutin dans les 17 régions françaises va directement impacter la présidentielle de 2022. Il permettra de compter les voix de chaque camp, de l’extrême gauche à l’extrême droite et de clarifier les forces en présence dans chacune des régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre-Val de Loire, Corse, Grand Est, Guadeloupe, Guyane, Hauts-de-France, Ile-de-France, La Réunion, Martinique, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur.
En effet, depuis la présidentielle de 2017 qui a vu l’élimination surprise de Nicolas Sarkozy aux primaires à droite puis celle de François Fillon, laminé par les affaires, Emmanuel Macron/Jupiter règne à l’Elysée. Son parti, La République En Marche (LREM) domine depuis cinq ans la vie politique française. Cinq années d’hésitations, de maladresses, de confusions dans la gestion des grands dossiers. On a peine à imaginer que les Français donneront quitus à cette politique hasardeuse, à cette gouvernance chaotique révélée notamment par la crise sanitaire.
Les mois qui viennent seront difficiles. Le monde d’après sera enfanté dans la douleur. Qui peut en douter ?