Avant comme après l’installation du maire Alain Marty et de son conseil municipal, le 23 mai 2020, l’ambiance reste explosive. Un nouveau recours devant le T.A. vient d’être déposé par Fabien Kuhn.
La campagne électorale a été particulièrement chaude à Sarrebourg, commune de 12.000 habitants gérée depuis 31 ans par Alain Marty (LR).
L’ambiance a été plombée dès le départ par un « signalement » au procureur de la République de Metz de la candidate Catherine Vierling.
Signalement qui a provoqué l’ouverture d’une enquête préliminaire pour des faits présumés de corruption et d’abus sexuels. Ce qui n’a pas empêché le maire sortant, Alain Marty, d’être confortablement réélu, le 15 mars 2020, avec 52% des suffrages mais avec un taux d’abstention particulièrement élevé de 60,84%. Du jamais vu ! Ce qui a fait dire à Fabien Kuhn, élu avec 7,7% des suffrages, que ce scrutin ne valait rien, comme l’avait d’ailleurs constaté peu avant Agnès Buzyn, candidate LREM à la mairie de Paris affirmant que cette élection était « une mascarade ».
Le jeune et nouvel élu de Sarrebourg demandait aussitôt par courrier la démission du Conseil municipal et l’organisation de nouvelles élections.
Recours et QPC
Dans toutes les régions de France, de nombreux élus souhaitent l’annulation du premier tour considérant que « l’expression du suffrage universel n’a pas été respecté ». Une kyrielle de recours furent déposés dans les tribunaux administratifs de même que des QPC (question prioritaire de constitutionnalité) pour demander l’arbitrage du Conseil d’État.
L’Association 50 millions d’électeurs, dont nous avons beaucoup parlé ici a lancé une pétition en ligne qui a recueilli des milliers de signatures.
Fabien Kuhn, élu de Sarrebourg, inscrit donc sa démarche dans cette voie. Dans une « protestation électorale » visant à faire annuler le premier tour de l’élection, adressée le 25 mai 2020 au tribunal administratif de Strasbourg le jeune élu sarrebourgeois rappelle le contexte anxiogène de ce scrutin. Il reprend les déclarations contradictoires des autorités. Et notamment les propos « incompréhensibles » du président de la République demandant à la fois aux Français, en particulier aux plus fragiles et aux plus âgés, de rester chez eux et de rester confinés le lendemain !
Participation de 39,16%
Résultat : la participation à l’élection n’a ainsi été que de 39,16 %, à Sarrebourg alors qu’elle avait été pour la même élection en 2014 de 61,82 %. Soit une baisse de 36,65 %. Or, observe Fabien Kuhn, 51,76% des votants ont plus de 60 ans.
Après avoir évoqué la politique du maire sortant, Fabien Kuhn ajoute : « Le résultat de cette politique de 31 années est que la jeunesse a fui, et ne se déplace même plus pour voter. Et que les plus de 60 ans se sont déplacés en raison d’un clientélisme frénétique opéré par Alain Marty, clientélisme qui apparaît dans la protestation de Madame Vierling déjà citée et à laquelle j’apporte mon soutien. »
Trois griefs
Au final, cette protestation électorale repose sur « trois griefs » et sur le bien-fondé d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC).
1- A titre principal, l’insincérité du scrutin fondée sur un grand nombre d’abstentions empêchés ou dissuadés d’aller voter.
2- Le maintien de l’élection du premier tour le 15 mars 2020 méconnaît le principe de l’égalité du suffrage, tant entre les communes qu’au sein d’un même établissement de coopération intercommunale.
3- L’article 19 du Titre III de la LOI n° 2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19 (…) est contraire à la Constitution.
Quelle que soit la décision du tribunal administratif de Strasbourg, dans quelques mois, l’ambiance va rester électrique à Sarrebourg, jusqu’aux prochaines élections.