France
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

Les élections législatives et le risque du chaos

Point-de-vue. Et si, comme on l’entend ici et là, certains groupes n’acceptaient pas le résultat des urnes du 30 juin et du 7 juillet 2024 ? Les démocrates autoproclamés contesteraient-ils l’expression de la démocratie ?

Bernard Aubin,
Bernard Aubin

Par Bernard Aubin

Combien de fois ai-je écrit, ici et ailleurs, que nous étions assis sur une bombe sociale qui pourrait nous exploser à la figure à un moment ou à un autre ? Les événements qui ont suivi le décès d’un jeune automobiliste, abattu l’an dernier par un policier, illustrent à quel point tout est devenu possible en France, même le pire !

L’origine du mal

La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron n’a fait que rapprocher cette échéance inéluctable : une explosion. Certains rappellent à juste titre que les provocations répétées du Chef de l’État, son autoritarisme, son égo démesuré et son aveuglement ont nourri l’exaspération des Français.
Sauf que la véritable origine du mal est ailleurs. Comme le traduisent les votes aux dernières élections européennes, le peuple français est de plus en plus clivé. Divisé entre les partisans d’un retour aux valeurs et à l’autorité, d’une part, et ceux d’une vision plus laxiste et ouverte face à toutes formes de pensées, d’autre part.
Une approche manichéenne qui écarte du jeu les partis conventionnels autrefois majoritaires.

Les frustrations d’aujourd’hui

Globalement, la France demeure un pays centriste… Cette approche se fondait jadis sur la moyenne obtenue entre les résultats des partis majoritaires « conventionnels ». Le même équilibre est atteint aujourd’hui mais avec des partis extrêmes. Avec à la clé une radicalisation des positions qui ouvre la possibilité d’affrontements inconcevables par le passé. Les positions des uns et des autres se sont dorénavant exacerbées. Et Macron n’en est pas la seule cause, loin s’en faut !

Les Chefs d’État qui se sont succédé ont tous pratiqué une même politique : « pas de vagues », la « paix sociale » à tout prix. Ceci malgré des signaux d’alerte croissants. Politique de l’autruche, négation des réalités, bien-pensance, gestion à courte échéance, atteintes aux libertés d’expression des réfractaires à la pensée unique, intérêts électoraux… ont fait le lit des frustrations qui s’expriment aujourd’hui.

Situation explosive

Des émeutes en marge de la marche blanche pour Nahel (capture Quartier Général, Twitter)
Des émeutes en marge de la marche blanche pour Nahel (capture Quartier Général, Twitter)

La France est un pays fracturé. Un fait que les politiciens ont contesté des années durant par confort, par manque de courage, par résignation ou par crainte. C’est ce laxisme, promu par une partie de la population, qui nous a conduit à une situation désormais explosive.
Bien malin sera celui qui prédira avec exactitude les événements qui suivront la proclamation des législatives. Des élections démocratiques, dont le résultat, quel qu’il soit, devrait en principe s’imposer à tous. C’est ça, la démocratie.
Mais d’ici à ce que des contestataires, regroupés sous une pseudo-bannière « républicaine », appellent à l’insurrection, il n’y a qu’un pas. Avec pour corollaire un risque d’embrasement bien réel. Si le pays devait effectivement sombrer dans le chaos redouté et annoncé par certains, ce désordre pourrait mener à terme l’émergence d’une dictature. Une vraie, cette fois, qui rassemblerait tous les Français dans un même camp : celui des perdants.
À méditer.

France