Sur le ring de BFMTV le président de la République a affronté deux puncheurs réputés, Plénel et Bourdin, au cours d’un match un peu désordonné.
A l’évidence Emmanuel Macron aime la castagne. Il l’a montré dimanche soir en affrontant deux poids lourds de la presse française, deux vedettes des médias habituées à cogner fort contre les têtes d’affiche de la politique.
A gauche Edwy Plénel, patron du redouté Médiapart et à droite Jean-Jacques Bourdin, l’interviewer de RMC connu pour son apostrophe « la France veut savoir ». En face, Emmanuel Macron, tacticien des pugilats à l’aise dans ce nouvel style de combat.
Fraude fiscale
Premier round d’observation. Bourdin assène quelques coups légers sur les frappes en Syrie esquivées sans problème par Macron : « Nous avons la pleine légitimité internationale pour agir. » Un peu court. Il poursuit : « Nous avons obtenu par nos services et ceux de nos alliés des preuves que du chlore, des armes chimiques, avaient été utilisés. »
Des preuves ? Lesquelles ?
Bourdin est déjà passé au second round. La fraude fiscale. A moins que ce ne soit l’optimisation fiscale. Bourdin s’emmêle un peu, lance des « oui, Emmanuel Macron, Non, Emmanuel Macron » qui embrouillent l’auditeur. Réponse de l’interviewé : « Ce que vous qualifiez de fraude fiscale, ce n’est pas pénalement puni par la loi ».
Il a raison. D’où l’intérêt « d’harmoniser » la fiscalité européenne.
Le président se laisse-t-il aller à des passe-droits ? « Le président de la République ne donne aucune instruction en matière de contrôle fiscal. » assure Macron…Nous serons intraitables en matière de fraude fiscale, je m’y engage ».
Pas d’impôt nouveau
On passe à l’ISF. Macron esquive encore : « Je n’ai pas fait de cadeau [aux plus riches]….J’assume totalement les gestes fiscaux faits sur l’ISF. Le but, c’est quoi ? De garder les talents, de les attirer et de permettre de réinvestir dans notre économie. »
La taxe d’habitation ? « Il n’y aura pas de nouvel impôt » pour compenser ni local ni national.
Le débat aborde la délicate question de la SNCF. Macron assure : « l’Etat reprendra progressivement la dette à partir du 1er janvier 2020 ». C’était l’une des revendications phares des syndicats.
Mais la SNCF n’’est pas la seule grogne sociale du moment. Il y a aussi les universités. Macron : « Dans toutes les universités où il y a des amphis paralysés et des violences inadmissibles, les bloqueurs sont minoritaires, ne font pas partie de l’universitaire et pour citer Audiard, ce sont des ‘professionnels du désordre ».
Notre-Dame-des-Landes : « Tout ce qui doit être évacué le sera ». Il s’agit de rétablir « l’ordre républicain. »
Après trois heures de face à face, quelques fois tendus, Emmanuel Macron est apparu comme un boxeur maître de son art, aussi habile dans l’esquive que dans l’uppercut, capable de tenir la distance face à des interviewers aguerris. « Je suis votre homme » dit-il à Bourdin qui souhaitait des réponses courtes si non « on est là jusqu’à minuit ».
Qu’on ait des sympathies ou non pour le président de la République force est de constater qu’il a gagné aux poings ce combat inédit.
Emilien Lacombe