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Moselle : manif contre l’exploitation du gaz de couche

Ce jeudi 18 mars, des représentants des associations signataires de la lettre ouverte contre l’exploitation du gaz de couche se sont réunis à Metz, place de la Comédie. Ils appellent à une marche pour le climat, ce samedi 20 mars à 14 heures à Metz.

Gaz de couche : rassemblement à Metz
Gaz de couche : rassemblement à Metz

Rappel des faits, expliqué lors de ce rassemblement : un projet d’exploitation de gaz de couche en Moselle

L’entreprise gazière La Française de l’énergie a déposé une demande afin d’obtenir un laisser-passer pour exploiter du gaz de couche en Moselle. Cette énergie fossile requiert l’utilisation de techniques non conventionnelles pour son extraction, semblables à celles utilisées pour le gaz de schiste.
Le gaz de couche est une énergie fossile qui n’a jamais été exploitée en France mais les impacts environnementaux et climatiques dramatiques de son extraction sont bien connus à l’étranger. Les expériences passées des entreprises minières à travers le monde témoignent des répercussions dramatiques sur la potabilité de l’eau, la fertilité des sols, l’impact climatique des dégagements de méthane.
Selon les associations opposées à l’exploitation, l’entreprise n’a fourni aucune garantie sérieuse : les forages exploratoires passés se sont tous soldés par des échecs qui démontrent que les techniques ne sont pas matures et l’opération non viable. De plus, la contrepartie socio-économique du projet pour le territoire serait dérisoire voire nulle.

41 plateformes

Pour justifier la demande de permis, l’entreprise est obligée de faire des projections irréalistes : la Française de l’Énergie annonce vouloir implanter 41 plateformes, de 1 à 2 hectares, pouvant contenir chacune jusqu’à 10 puits. Chaque puits pourrait avoir entre 2 et 4 drains d’une longueur pouvant aller de 1000 à 2000m. Rapide calcul en prenant des valeurs moyennes : 400 puits x 3 drains de 1500m = 1800 km de drains; sur 200km2 seulement, dans le sous-sol des 40 communes concernées.

La puissance des lobbies qui affaiblissent l’action climatique

Les associations signataires de la lettre ouverte adressée aux autorités estiment que, pour éviter l’effondrement climatique, les réserves de gaz, pétrole et charbon doivent rester dans le sous-sol. Depuis des décennies, les lobbies de l’industrie des énergies fossiles s’immiscent dans nos politiques publiques pour protéger leurs profits. Ils retardent, affaiblissent, et sabotent toute action climatique.
Le bon sens voudrait que cette concession de gaz de couche soit refusée, disent-elles, mais des relations privilégiées entre membres du conseil d’administration de l’entreprise gazière La Française de l’Energie et hauts administrateurs publics au sein des directions centrales de l’Etat biaisent la concertation et les décisions qui pourraient être prises en faveur de l’intérêt général. Il y a un conflit d’intérêts irréconciliables entre le modèle économique de l’industrie fossile/LFDE et les politiques en matière de climat et d’énergie dont nous avons besoin pour lutter contre le changement climatique.

Prendre des décisions courageuses

Pour mettre fin à cette immixtion des entreprises gazières et pétrolières dans les politiques énergie et climat, La campagne européenne Fossil Free Politics demande de libérer les politiques publiques de l’influence des lobbies fossiles :

  • en arrêtant immédiatement d’accorder des subventions publiques pour l’extraction d’hydrocarbures. L’argent du contribuable ne doit plus servir à polluer notre présent et notre futur.
  • en coupant les canaux d’influence entre les représentants de l’industrie fossile et les responsables politiques, notamment en mettant fin aux réunions de lobbying et en régulant plus strictement les conflits d’intérêts et le pantouflage.

Interdire à l’industrie pétrolière et gazière d’interférer dans les processus de décision permettrait enfin de prendre des décisions courageuses, favorables à l’intérêt général.

Des financements publics pour un projet rejeté par les citoyens

Malgré les alertes successives concernant la nécessité de stopper l’extraction d’énergies fossiles et incitant à se tourner vers des énergies décarbonées, l’argent public continue de subventionner ces projets anti-écologiques. En 2017, le Conseil Régional du Grand Est a accordé une subvention de 1,75 millions d’euros à La Française De l’Énergie et une subvention à un projet universitaire pour la recherche gazière en Lorraine. Il est aberrant que l’argent du contribuable soit utilisé pour des projets fossiles appartenant au passé.
Il s’avère que la Française de l’Énergie, n’a de français presque que son nom : les principaux actionnaires se trouvent aux Bahamas, en Angleterre, à Monaco… un véritable « FRENCHWASHING »… Il est à noter que les financements bancaires aux énergies fossiles ont continué à augmenter malgré la COP 21 et de nombreux effets d’annonces sur une « finance verte » (+15% de financement entre 2016 et 2019).
De plus, les arguments des retombées socio-économiques sont fallacieux. En se basant sur l’expérience des pays qui exploitent déjà le gaz de couche, on constate que c’est seulement 1,2 emploi par puits en moyenne qui est créé. Les expertises scientifiques montrent également qu’il n’est pas possible de substituer une énergie locale à une énergie importée, les deux ne feraient que s’additionner. L’extraction de gaz de couche ne fera que créer une pollution supplémentaire. Ces arguments illusoires avancés par l’entreprise ont pour seul but de faire accepter socialement leur projet toxique.
Notre région mérite de vrais projets d’avenir, plutôt que de sacrifier notre environnement à des spéculateurs internationaux.

Un projet contraire aux ambitions Climat de la France

Cette affaire est d’autant plus grave qu’elle s’inscrit dans un contexte d’urgence climatique qui n’échappe à personne. Alors que les causes du dérèglement climatique sont connues depuis les années 1960, les gouvernements français successifs ont toujours reporté les décisions courageuses qui pourraient permettre d’éviter la catastrophe. L’État français s’est pourtant engagé à tout faire pour contenir les changements climatiques au moins en dessous de 2°C, notamment par la ratification de l’accord de Paris en 2016.
Le constat est là, malgré l’urgence l’État ne tient pas les objectifs qu’il s’est fixés. D’ailleurs ce manquement est désormais reconnu sur le plan juridique !
Face à l’urgence climatique, mobilisons-nous, exigeons le rejet du projet !

Une marche le 20 mars à Metz

Il est inconcevable qu’un tel projet en Moselle, voit le jour cette année alors que l’urgence climatique est et doit être la priorité des actions politiques. Ce n’est pas aux multinationales de décider de la politique énergétique de la France ! Légalement l’Etat a la possibilité et le devoir de refuser la demande de permis pour exploiter le gaz de couche. Nous appelons les élus à protéger les populations de l’impact de la dégradation de l’environnement sur leur santé, et à refuser l’octroi de cette concession.
Dans ce contexte, il faut donc une forte mobilisation citoyenne pour exiger une loi climat, ambitieuse, courageuse, à la hauteur de l’urgence climatique ! C’est pourquoi nous vous donnons rendez-vous samedi 20 mars à la Marche pour le Climat organisée à Metz (rdv 14h place de la Comédie).

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