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Accord commercial renforcé UE-Ukraine : Les agriculteurs français sacrifiés

Bruxelles et Kiev ouvrent une nouvelle ère de libre-échange, anticipant une hausse progressive des échanges bilatéraux dès 2026, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’énergie renouvelable et des biens industriels intermédiaires.

Bruxelles : les tracteurs de la colère contre l'Europe (capture eunews)
Bruxelles : les tracteurs de la colère contre l’Europe (capture euronews)

L’Union européenne et l’Ukraine viennent de franchir une nouvelle étape dans leur partenariat économique. Depuis le 29 octobre 2025, l’entrée en vigueur du nouvel accord commercial UE-Ukraine, version renforcée de la zone de libre-échange approfondi et complet (DCFTA+), instaure un cadre permanent.

Cet accord marque la fin des mesures commerciales autonomes adoptées à titre exceptionnel après l’invasion russe et ouvre la voie à une libéralisation des échanges. Objectif : stimuler le commerce bilatéral qui favorise d’abord l’économie ukrainienne.

Un cadre commercial

Le nouvel accord repose sur trois piliers clés :

  1. Des flux commerciaux accrus

Le texte introduit une libéralisation supplémentaire des échanges, tout en ajustant les quotas d’importation pour les produits sensibles. Pour les filières européennes du sucre, de la volaille, des œufs, des céréales et du miel, les volumes d’importation progressent énormément. Plusieurs produits industriels et agricoles non sensibles bénéficient désormais d’une ouverture totale du marché, offrant de nouvelles opportunités à la fois pour les exportateurs ukrainiens et les importateurs européens. Selon la Commission européenne, cette approche “combine soutien à l’économie ukrainienne et protection équilibrée des intérêts agricoles européens”. Dans les faits, les quotas explosent :
• Sucre : ×5 (20k → 100k tonnes)
• Poulet/volaille : 90k → 120k tonnes
• Œufs : 6k → 18k tonnes
• Bonus scandale : Miel 6k → 35k tonnes !

2- Un alignement progressif sur les normes européennes

L’accès élargi au marché de l’UE sera conditionné au rapprochement des standards ukrainiens en matière de qualité, de sécurité alimentaire, de bien-être animal et d’environnement. Les entreprises ukrainiennes devront ainsi adapter progressivement leurs pratiques aux normes de production européennes, un processus qui renforcera leur compétitivité à long terme et facilitera leur intégration dans les chaînes de valeur industrielles de l’UE. Mais on ne sait pas quand. En attendant, les œufs, la volaille, le blé et autres produits arrivent quotidiennement sur le marché français pénalisant nos agriculteurs.

3- Une clause de sauvegarde

Un mécanisme de protection rapide doit permettre, en théorie, à l’UE ou à l’Ukraine de suspendre temporairement certaines préférences commerciales si des importations provoquent des déséquilibres graves sur le marché. Mais il ne s’agit que d’un vœu pieux.

Des bénéfices à long terme ?

Pour Bruxelles, ce nouvel accord est un investissement dans la stabilité économique régionale. Il vise à consolider les relations commerciales dans un cadre durable, facteur clé pour attirer les investissements étrangers et assurer la sécurité économique de l’Ukraine.

Du côté ukrainien, la DCFTA+ permettra d’accroître la diversification des débouchés et de sécuriser l’accès au marché européen, qui représente déjà plus de 60 % de ses exportations.
Les deux parties se sont également engagées à faciliter la reprise des exportations vers les marchés tiers, notamment dans les pays du Sud et du Proche-Orient, afin de renforcer la sécurité alimentaire mondiale.
Pour la France et les producteurs européens, c’est une catastrophe qui s’annonce.

Depuis 2022, les échanges entre l’UE et l’Ukraine étaient régis par des mesures commerciales autonomes (MCA) offrant une libéralisation unilatérale des droits de douane. Ces mesures exceptionnelles avaient permis de soutenir l’économie ukrainienne frappée par la guerre, mais leur caractère temporaire limitait la visibilité des opérateurs économiques, selon Bruxelles.

Un signal fort envoyé aux marchés et aux investisseurs

L’accord, adopté formellement par la Commission européenne et le gouvernement ukrainien mi-octobre après validation par le Conseil, s’inscrit dans une stratégie plus large de rapprochement économique entre Kiev et Bruxelles.
« Ce nouvel accord transforme le soutien exceptionnel de l’UE en un partenariat commercial durable. C’est une étape clé vers l’intégration économique de l’Ukraine au marché unique », a souligné un haut responsable européen à Bruxelles.

Les chiffres clés du commerce UE-Ukraine

Commerce total UE-Ukraine ≈ 55 milliards €.
En hausse de +18 % depuis 2021 malgré la guerre
Exportations ukrainiennes vers l’UE 31,2 milliards €
Principalement produits agricoles, métaux, produits chimiques
Exportations de l’UE vers l’Ukraine 23,8 milliards €
Machines, équipements, produits pharmaceutiques, véhicules
Part de l’UE dans le commerce extérieur de l’Ukraine ≈ 61 %
L’UE reste de loin le premier partenaire commercial de Kiev
Produits agricoles ukrainiens importés dans l’UE (2024) +25 % vs 2022
Forte hausse du maïs, blé, huile de tournesol et volaille
IDE européens en Ukraine (stock 2024) ≈ 8,5 milliards €
En reprise progressive, concentrés sur l’énergie et l’agro-industrie
Balance commerciale UE-Ukraine +7,4 milliards € en faveur de l’Ukraine
Reflète la libéralisation des produits agricoles
Prévisions de croissance des échanges (2026–2028) +10 à +12 %/an
Portées par l’application de la DCFTA+ et la reconstruction du pays

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