France
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

La France au bord du gouffre économique : quand les ministres confirment les pires scénarios

La ministre des Comptes publics évoque ouvertement le risque d’une intervention du FMI en France, tandis que les charges d’intérêts de la dette publique s’envolent vers les 100 milliards d’euros annuels. Un signal d’alarme qui confirme la gravité de la situation économique française, explique l’économiste Marc Touati.

Marc Touati

L’aveu choc d’Amélie de Montchalin

Dans une déclaration fracassante au Journal du Dimanche du 8 juin 2025, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, a lâché une phrase qui fait froid dans le dos : « Si nous ne faisons pas ces choix maintenant, ce seront nos créanciers ou le FMI qui nous les imposeront. » Un scénario à la grecque qui se profile désormais concrètement pour la France.

Cette sortie ministérielle confirme des alertes lancées depuis plusieurs mois sur la dégradation des finances publiques. « Nous sommes au bout d’un système », reconnaît la ministre, admettant que les ministères devront impérativement réduire leurs dépenses l’année prochaine.

L’explosion des charges de la dette : 67 milliards en 2025, 100 milliards en vue

Parallèlement, le ministre de l’Économie Éric Lombard vient d’annoncer que la France pourrait atteindre 100 milliards d’euros de charges d’intérêts annuelles à court terme. Pour 2025, le montant s’élève déjà à 67 milliards d’euros, soit plus que le budget de la Défense (60 milliards) et bientôt celui de l’Éducation nationale (88 milliards).

Cette progression vertigineuse des coûts de financement illustre l’écart constant entre les prévisions gouvernementales et la réalité. En 2022, 38 milliards étaient annoncés, le coût réel a atteint 51 milliards. En 2023 et 2024, les dépassements se sont répétés systématiquement.

Le tissu économique en lambeaux

Les indicateurs économiques dressent un tableau alarmant de l’économie française. Les défaillances d’entreprises atteignent des records historiques avec 67 000 faillites, soit 4,7% au-dessus du précédent sommet d’avril 2015. Hors micro-entreprises, les défaillances explosent de 132,4% depuis 2020, tandis que les créations n’augmentent que de 25%.

L’industrie française s’effondre littéralement : la production industrielle a chuté de 2,1% en glissement annuel en avril 2025, retrouvant son niveau de… 1997. Paradoxalement, cette dégringolade intervient alors que l’exécutif clame avoir « réindustrialisé » la France.

Le déficit commercial abyssal

La balance commerciale française confirme le déclassement du pays. Avec 81 milliards d’euros de déficit sur douze mois, la France importe massivement dans tous les secteurs, y compris l’agriculture (1,1 milliard de déficit) et l’automobile (17 milliards de déficit).

Seuls quelques secteurs résistent encore : l’aéronautique-spatial (30 milliards d’excédents), les produits chimiques et cosmétiques (20 milliards) et le matériel militaire (5,7 milliards). Une situation qui contraste avec l’Italie, structurellement excédentaire depuis 15 ans.

L’épargne française dans le collimateur

Face à cette dégradation, l’épargne des ménages français, estimée à 6 000 milliards d’euros, suscite des convoitises. Certains économistes évoquent déjà cette épargne privée comme une « garantie » pour la dette publique, une confusion dangereuse entre sphères privée et publique.

Les signaux d’alarme se multiplient : effondrement de la collecte du Livret A, stagnation de l’assurance-vie, ménages contraints de puiser dans leur épargne de précaution pour maintenir leur consommation.

La situation politique bloquée

L’absence de majorité à l’Assemblée nationale paralyse toute réforme d’envergure. De nouvelles élections législatives sont attendues à la rentrée, dans l’espoir de dégager une majorité capable de prendre les mesures drastiques qui s’imposent.

Pendant ce temps, les agences de notation maintiennent artificiellement la note de la France, retardant l’échéance, mais ne résolvant pas le problème de fond. Les taux d’intérêt à 10 ans restent élevés autour de 3,2%, malgré les baisses successives de la BCE.

La France se trouve ainsi à un tournant critique de son histoire économique, contrainte de choisir entre des réformes douloureuses, mais nécessaires et un scénario d’intervention extérieure qui lui ferait perdre sa souveraineté budgétaire.

France