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Le défi des experts-comptables à l’heure de la Covid

Le 9 octobre dernier, les trois ordres des experts-comptables d’Alsace, de Champagne et de Lorraine ont décidé de fusionner pour créer l’ordre régional du Grand Est. La présidente de l’ordre de Lorraine, Valérie-Creusot-Rivière précise ici les enjeux de cette réorganisation.

Valérie Creusot-Rivière, présidente de l'ordre des experts-comptables de Lorraine (DR)
Valérie Creusot-Rivière, présidente de l’ordre des experts-comptables de Lorraine (DR

-Pouvez-vous nous expliquer ce qu’implique la réorganisation régionale des experts-comptables au niveau du Grand Est ?

Cette réforme, nous ne l’avons pas choisie, elle nous a été imposée dans le prolongement de la réforme administrative des régions puisque nous sommes sous la tutelle de Bercy. Au lieu d’avoir trois ordres, en Lorraine, Alsace et Champagne, il n’y en aura désormais plus qu’un seul dans le Grand Est avec son siège à Strasbourg. Nous sommes une profession réglementaire et dans ce cadre, notre rôle consiste à accompagner tous nos consœurs et confrères, à les aider à évoluer dans ce monde numérique complexe, pour qu’ils se forment et accompagnent ensuite leurs clients. Tout l’enjeu va être de conserver cette proximité que nous avons et qui nous permet d’être en lien permanent.
Nous sommes, par ailleurs, un acteur économique à part entière, une sorte de hub susceptible d’activer des réseaux : banques, notaires, avocats, collectivités territoriales etc. Tout l’enjeu, c’est également de conserver le lien que nous avons su créer au fil du temps avec les acteurs locaux au service de nos clients.

 -Qu’est-ce que cela changera pour les quelque 427 experts-comptables de Lorraine que vous représentez et que restera-t-il alors de la représentation territoriale à Nancy ?

Les trois ordres conservent une représentation territoriale à Nancy, à Reims et à Strasbourg pour les besoins de proximité : la formation, par exemple. Car c’est au plan local que nous connaissons le mieux les confrères. Ensuite, il y a l’aspect administratif, qui sera plus centralisé à Strasbourg. Enfin, un certain nombre d’actions pourront être mutualisées sur l’ensemble du territoire, comme la communication, par exemple.

 -Votre profession est au cœur de l’économie. Or, la crise sanitaire liée au Covid a un impact dramatique sur de nombreuses entreprises, petites, moyennes ou grandes. Quel rôle peuvent jouer les experts-comptables dans ce contexte économique dégradé ?

Nous pouvons leur apporter une aide précieuse à chaque instant, faire le point sur leur situation économique et financière, décrypter les textes, leur faire une lecture qu’ils n’ont pas forcément. Nous sommes leurs partenaires de terrain. Notre vrai rôle, c’est d’être là quand ils ont des choix à faire,  mettre en relation différents acteurs pour les aider.
Nous avons aussi un rôle de veille pour anticiper leurs difficultés. Notre activité repose sur la santé des entreprises. Ce sont des clients que nous allons conserver. Les enjeux sont donc réciproques.

-Le Big Data est considéré comme l’un des grands défis pour les experts-comptables qui gèrent au quotidien les données de l’économie française. Est-ce votre avis ?

En effet, nous gérons beaucoup de données. Nous souhaiterions pouvoir les utiliser pour être davantage proactifs, apporter des éclairages plus quotidiens, faire des analyses de l’avenir, anticiper. Par exemple, nos clients restaurateurs remontent de nombreuses informations ; pourquoi ne pas les croiser pour aller plus loin dans l’analyse et être davantage encore dans la proximité ?

-En France, les experts-comptables accompagnent plus de 2,5 millions d’entreprises. Comment voyez-vous l’après Covid-19 ?

Nous vivons une période d’incertitudes. La crise sanitaire va accélérer l’évolution du modèle des entreprises. On va voir apparaître de nouveaux métiers,  de nouveaux secteurs. Le télétravail va se généraliser. Les entreprises fragiles qui ont du mal à s’adapter vont disparaître. En 2021 on risque de rencontrer plus de difficultés.D’autres besoins de consommation vont s’imposer. De l’après-Covid va émerger le monde de demain, plus axé sur l’environnement et sur l’humain.

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