La crise économique liée à l’épidémie de Covid-19 provoque des dégâts importants dans tous les secteurs que l’Insee s’efforce de mesurer. Voici un point de conjoncture au 7 mai 2020.
Pendant le confinement, les entreprises ont, globalement, consommé un quart d’électricité de moins par rapport à la normale, avec des baisses marquées dans les transports et, dans une moindre mesure, dans l’industrie, en lien direct avec la baisse de leur production.
Du côté de la consommation des ménages, les dernières données disponibles sur les transactions par carte bancaire suggèrent un redressement très progressif de certaines dépenses en biens manufacturés (équipement du foyer, habillement-chaussures), tandis que les dépenses en carburants ou en hôtellerie-restauration restent au plancher.
Légère reprise
Au niveau global, selon les informations disponibles au 7 mai, l’estimation de la perte d’activité économique liée à la crise sanitaire reste de l’ordre d’un tiers (– 33 %), assez proche donc de nos précédentes estimations (– 35 % le 23 avril, – 36 % le 9 avril). À l’approche du 11 mai, date annoncée pour la sortie progressive du confinement, une légère reprise semble s’amorcer notamment dans l’industrie et la construction, en lien sans doute avec la mise en place de mesures de sécurité sanitaire permettant le retour des salariés sur leur lieu de travail. La consommation des ménages est quant à elle estimée globalement en retrait de 32 % par rapport à son niveau « normal » (après – 33 % le 23 avril et – 35 % le 9 avril).
450.000 emplois détruits
L’Insee publie par ailleurs aujourd’hui son estimation flash de l’emploi salarié privé au premier trimestre 2020, après avoir exploité de manière anticipée, en plus des enquêtes utilisées habituellement, les déclarations sociales nominatives (DSN) réalisées par les entreprises pour le mois de mars. La chute de l’emploi salarié privé est ainsi estimée à – 2,3 %, soit plus de 450 000 destructions nettes d’emploi en un trimestre, dont près de 300 000 emplois intérimaires.
Comment mesurer, mais également, comment comparer en temps de crise sanitaire ? Ce Point de conjoncture se penche notamment sur les comparaisons entre régions et départements français d’une part, et entre pays d’autre part.
Hôtellerie-restauration
La déclinaison, au niveau local, des hypothèses nationales de pertes d’activité fait ainsi apparaître des régions structurellement plus exposées que la moyenne (Corse, Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur), en lien avec le poids de l’hôtellerie-restauration et de certains services aux entreprises.
Pour compléter cette analyse, certaines données « haute fréquence » peuvent être mobilisées au niveau départemental : c’est le cas des montants agrégés de transactions par carte bancaire, dont l’étude montre que ce sont les départements les plus peuplés qui ont vu leurs montants de transactions le plus chuter.
Confinement strict
La plupart des instituts statistiques nationaux ont mobilisé des indicateurs et des méthodes moins conventionnels et donc moins immédiatement comparables que d’habitude. Concernant les pays de la zone euro, et notamment l’Italie (recul du PIB estimé à – 4,7 % au premier trimestre), l’Espagne (– 5,2 %) et la France (– 5,8 %), il semble donc difficile à ce stade de faire la part entre les écarts réels d’activité et les effets des éventuelles différences méthodologiques.
Quoi qu’il en soit, ces trois pays figurent parmi ceux dont le confinement est le plus strict au niveau réglementaire, mais aussi en pratique, comme l’attestent empiriquement les indicateurs haute fréquence relatifs par exemple à la mobilité des personnes.
À ce stade, parmi les grands pays de la zone euro, seule l’Allemagne semble se distinguer par un confinement un peu moins strict et une reprise sans doute un peu plus engagée.
Ces données « haute fréquence » seront naturellement à suivre de près dans les semaines à venir : nous tenterons de mesurer, dans les prochains Points de conjoncture, les premiers effets économiques des déconfinements.