Normandie
Partager
S'abonner
Ajoutez IDJ à vos Favoris Google News

Deauville honore des femmes qui ont dit non

Dans les premiers jours glamours de sa 51ᵉ édition, le Festival du Cinéma Américain a rendu hommage à un trio d’actrices, Golshifteh Farahani, Kim Novak, Pamela Anderson.

« Ce qui compte, c’est ce qu’on devient, l’histoire qu’on écrit et pas celle qui a été écrite pour vous », assure Golshifteh Farahani.

Ce sont des symboles, des femmes combattantes, chacune à leur manière, qui ont été honorées depuis l’ouverture vendredi soir du 51ème Festival du Cinéma Américain, à Deauville (jusqu’au 14 septembre). Séduisante combinaison de glamour et de féminisme, Golshifteh Farahani, Kim Novak, Pamela Anderson, ces trois actrices, sont des femmes qui ont dit non, non aux studios, au machisme, à l’image, à l’ordre établi, à un état…

Présidente du jury de ce Festival, Golshifteh Farahani a été contrainte à l’exil de son pays, l’Iran, après avoir joué dans « Mensonges d’état » de Ridley Scott ; depuis, elle mène une brillante carrière en France et internationale (actuellement à l’affiche du film de Julia Ducournau, « Alpha »). Mais à distance, elle n’a de cesse de militer contre l’oppression du pouvoir iranien et de soutenir la lutte des femmes sur place.

« Il y a beaucoup de choses qui arrivent dans la vie, les épreuves ne nous définissent pas, l’exil, c’est dur, c’est comme la mort, ce qui compte, c’est ce qu’on devient, l’histoire qu’on écrit et pas celle qui a été écrite pour vous », disait-elle sur scène, « véritablement émue », alors qu’elle recevait la Distinction numérique de l’INA. Une tablette contenant toutes ses apparitions dans l’audiovisuel français, y compris donc ses nombreuses déclarations militantes, politiques. « Merci pour votre amour », disait Golshifteh Farahani au public deauvillais, qui lui a accordé une chaleureuse standing ovation.

« Ma vie a été si longue »

92 ans et encore mutine en longue robe blanche, l’actrice de « Vartigo », Kim Novak a reçu un Prix d’honneur à Deauville.

La veille, le Festival accueillait la « dernière grande star glamour de l’âge d’or hollywoodien », l’apparition d’une « légende » du cinéma, Kim Novak, venue il y a une trentaine d’années à Deauville. « J’ai tellement de gens à remercier, ma vie a été si longue », confiait la vieille dame, 92 ans et encore mutine en longue robe blanche, alors que lui était décerné un Prix d’honneur.

L’actrice fut certes une « Adorable voisine », mais c’est avec son double rôle dans le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, « Vertigo » (« Sueurs froides »), qu’elle est pour toujours dans l’histoire du cinéma. « Je suis toujours Madeleine et Judy », dit-elle dans le documentaire qui lui est consacré « Kim Novak’s Vertigo », cette femme fatale et cette autre relookée à son désir par James Stewart. Tout comme la comédienne fut elle-même façonnée par les studios, qui lui ont créé son apparence, son identité, la faisant changer de prénom (le sien est Marilyn, mais il y avait déjà une blonde Marilyn à l’affiche).

Elle a cependant obtenu de garder son véritable nom (d’origine tchèque) et une fois devenue « l’actrice la plus rentable du box-office mondial », Kim Novak a utilisé son statut pour réclamer l’égalité des cachets avec les hommes, fut la première actrice à créer sa propre société de production, et a finalement quitté Hollywood et Los Angeles pour se consacrer à la peinture.

D’une plage à une autre

Pamela Anderson est notamment revenue en grâce avec son rôle de danseuse de Las Vegas en fin de carrière dans « The Last Showgirl ».

Autre icône qui a également en commun d’avoir été réduit à son physique, Pamela Anderson montre désormais qu’elle n’est celle que l’on croyait. Considérée, elle aussi, comme un sex-symbol, pour son rôle de blonde en maillot de bain rouge sur les plages d’« Alerte à Malibu », l’actrice a inauguré une cabine de plage à son nom sur les planches normandes, et a reçu un Prix spécial (Deauville Talent Award) avec en bonus un hommage rendu par Isabelle Huppert.

« J’ai toujours dit que mes seins avaient fait carrière pas moi », rappelait Pamela Anderson, qui est parvenue à se débarrasser de cette image. C’est désormais elle qui fait carrière depuis qu’elle est revenue en grâce, notamment avec son rôle de danseuse de Las Vegas en fin de carrière dans « The Last Showgirl » de Gia Coppola. Actuellement, c’est avec une comédie, « Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? » réalisé par Akiva Schaffer, qu’elle casse également l’image du passé. Remplacée par celle du présent, sa romance avec son prestigieux  partenaire dans ce film, Liam Neeson.

La femme de 58 ans assume d’avoir été un « objet de pop culture », mais constate qu’heureusement aujourd’hui « Le glamour est en train de changer ».

Patrick TARDIT

51ᵉFestival du Cinéma Américain, à Deauville (jusqu’au 14 septembre). Informations sur www.festival-deauville.com

Amérique du Nord Normandie