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« Flo » dans la tempête

« Inspiré de la vie » de son amie Florence Arthaud, incarnée par l’actrice Stéphane Caillard, le film de Géraldine Danon raconte le destin d’une femme qui a pris la mer et que la mer a failli prendre.

Crinière, allure, démarche, Stéphane Caillard a travaillé une certaine ressemblance avec son modèle, et a notamment suivi un stage de voile aux Glénans.

« Florence était une amie de longue date, c’était une grande femme, un grand marin, qui est allée sur le terrain des hommes », disait Géraldine Danon, aux Baladins à Lannion, à l’avant-première de son film, « Flo » (sortie le 1er novembre). « Ce film est un sujet qui lui tenait très à cœur, c’est un hommage à Florence », assure la réalisatrice, qui jusqu’alors avait tourné des documentaires, notamment ses voyages en famille avec son mari le navigateur Philippe Poupon et leurs enfants.
Son premier film de fiction, « très personnel » dit-elle, raconte donc l’histoire d’une femme qui a pris la mer et que la mer a failli prendre, Florence Arthaud, morte en 2015 dans un accident d’hélicoptère, lors du tournage d’une émission de téléréalité pour TF1. La navigatrice est incarnée par l’actrice Stéphane Caillard dans ce long-métrage « librement inspiré de sa vie », adapté de « La mer et au-delà » de Yann Queffélec, co-auteur du scénario. Un livre qui avait mécontenté la famille de Florence Arthaud, estimant que certains éléments « portaient atteinte à la mémoire », très remontée également contre le film, sa fille Marie estimant qu’il donne « une mauvaise image » de sa mère.

Ses amours, ses emmerdes

Crinière, allure, démarche, Stéphane Caillard a travaillé une certaine ressemblance avec son modèle, la comédienne a suivi un stage de voile aux Glénans, et était coachée par le navigateur Philippe Poupon sur le tournage, notamment à bord du trimaran Pierre 1er (rebaptisé « Flo ») avec lequel « la petite fiancée de l’Atlantique » avait remporté la Route du Rhum en 1990. Mais on la voit finalement assez peu sur un bateau, en compétition, dans cette fiction où il est question de ses amours beaucoup, et ses emmerdes, beaucoup également, l’alcool, la dépression, les drames…

Géraldine Danon, a voulu retranscrire autant « sa fureur de vivre » que la fragilité de Florence Arthaud.

A commencer par un accident de voiture, qui imposera une longue rééducation à la jeune fille, qui parcourt en fauteuil roulant les couloirs de l’hosto où elle braille du Johnny. Née dans une famille bourgeoise, les prestigieuses Editions Arthaud (beaux livres de voyage, de mer et de montagne), la rebelle demoiselle est virée de la maison après avoir giflé son père (Charles Berling). Flo prend le large, embarque pour une première traversée de l’Atlantique avec Parisis (Samuel Jouy), et rencontre une joyeuse bande de marins, les Riguidel, Lamazou, Monnet, Poupon bien sûr… et Olivier de Kersauson (incarné par Alexis Michalik). Comme pour se prémunir d’une éventuelle polémique, est précisé à la fin du film que tout ce qui est lié au personnage du navigateur breton tient de la « fiction ».

« Une boulimique de la vie »

Jolie fille chez les loups de mer, plutôt machos, elle ne supporte pas qu’on lui répète que c’est « un truc de mec, la mer ». Têtue, obstinée, Flo a une idée fixe, naviguer en solitaire, faire la Route du Rhum, et évidemment la gagner, ce qu’elle fera effectivement, première et seule femme à avoir remporté cette course transatlantique. Elle était une femme libre, indépendante, « une boulimique de la vie », assure Géraldine Danon, qui a voulu retranscrire « sa fureur de vivre » autant que sa fragilité.

Le film s’achève avec son sauvetage de la noyade en 2011, au large du Cap Corse, grâce à un appel à sa mère avec son portable. S’il y a des biopics trop flatteurs, celui-ci a le souci de ne rien cacher des démons, des erreurs, des fractures, des excès de son héroïne. « Flo » est ainsi la traversée d’une vie dans la tempête, et vouloir être trop proche du réel ne la rend pas forcément admirable.

Patrick TARDIT

« Flo », un film de Géraldine Danon, avec Stéphane Caillard (sortie le 1er novembre).

Le comédien Alexis Michalik (à droite) incarne le navigateur breton Olivier de Kersauson.
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