Avec Swann Arlaud en paysagiste idéaliste, le film de Philippe Petit avait fait l’ouverture du Festival Cinémaplanète, à Metz.
« Je voulais parler de la manière dont on peut se confronter pour accomplir quelque chose, il faut faire preuve de ténacité », confiait Philippe Petit avant la projection de son film, « Tant que le soleil frappe » (sortie le 8 février), en ouverture du Festival Cinémaplanète, à Metz. « Les thématiques sont assez proches, ce n’est pas un débat sur la grande écologie mais sur l’infiniment petit, la transformation de paysage urbain de manière ponctuelle », ajoutait le réalisateur.
C’est bien plus au sud, à Marseille, que se déroule ce long-métrage, notamment dans un terrain vague en plein centre-ville, que deux paysagistes, Max (Swann Arlaud) et Gaspard (Pascal Rénéric), souhaitent transformer en un jardin ouvert, un lieu « pour ne rien faire ». Dans l’algeco de chantier qui leur sert de bureau, les associés préparent un concours d’architecture, qui leur permettrait de réaliser ce « projet très original ». Mais recalé. Découragés, Gaspard abandonne et Max reprend un boulot de jardinier, puis accepte d’aménager le jardin paysager d’un futur bar lounge, financé par l’ancien footballeur Djibril Cissé, ici dans son propre rôle.
Mais Max n’arrive pas à passer à autre chose et se démène pour que la Ville accepte son projet. Surtout après la mort d’un gamin « happé par la place », tombé dans un trou de l’espace abandonné. « On n’a qu’à le faire nous-même ce jardin », se disent des habitants du quartier (ce qu’ils sont réellement pour la plupart), qui préféreraient avoir de la verdure dans ce bout de terrain délaissé plutôt qu’un hôtel avec « terrasse végétalisée ». Dans la réalité, l’espace où s’est déroulé le tournage a effectivement été acheté à la Ville, pour y construire un hôtel.
« Ce n’est pas un film pessimiste »
César du meilleur acteur pour son rôle de « Petit paysan », Swann Arlaud jette énergie et nervosité dans le personnage de Max, un idéaliste, entêté, obstiné, obnubilé par son jardin de ville, hostile à tout compromis et proche de tout perdre. « Pour moi, ce n’est pas un film pessimiste, c’est aussi un film sur un échec mais on grandit plus avec ses échecs qu’avec ses victoires », constate Philippe Petit, « Dans toutes les villes, on voit ce réaménagement permanent, à essayer d’embellir les villes et cela questionne sur ce qu’est le jardin public, en l’occurrence un jardin ».
L’originalité de « Tant que le soleil frappe », qui avait été sélectionné au Festival de Venise, est de montrer que l’écologie ce n’est pas seulement dénoncer les dégâts causés à la nature, mais aussi défendre l’aménagement des espaces urbains, le mieux vivre dans les villes. « Je ne voulais pas faire un film sur un mouvement populaire, de lutte politique », assure Philippe Petit, même si à la fin le quartier se rassemble pour planter un arbre dans le terrain vague. Une façon de considérer que « rien n’est jamais perdu », estime le réalisateur qui justifie ainsi le titre de son film : « La consonance est plus métaphorique, plus violente, que le soleil brille (…) Tant qu’on prend le soleil en pleine gueule, on est encore vivant ».
Patrick TARDIT
« Tant que le soleil frappe », un film de Philippe Petit avec Swann Arlaud (sortie le 8 février).