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Gérard Philipe, destin d’un prince

« Eternel jeune homme, romantique et passionné », le comédien est né il y a cent ans. Philippe Durant retrace sa vie et son oeuvre dans une biographie très détaillée.

l était le visage des années 50, le « symbole du romantisme » dans l’après-guerre. Pour des générations de spectateurs et téléspectateurs, Gérard Philipe est le virevoltant « Fanfan la Tulipe », et pour bien des enfants la voix du « Petit Prince » de Saint-Exupéry. En célébration de la naissance de cet acteur légendaire il y a cent ans, le 4 décembre 1922, la Cinémathèque de Paris lui consacre une rétrospective (jusqu’au 22 décembre), un documentaire (« Gérard Philipe, le dernier hiver du Cid ») sera diffusé sur France 5 (le 16 décembre), et une biographie très détaillée (Nouveau Monde Editions/20,90€) est publiée par Philippe Durant, auteur de nombreuses biographies et livres consacrés au cinéma (Belmondo, « La bande à Gabin », « Dictionnaire illustré des Tontons Flingueurs »…).

Belle allure, physique de jeune premier, l’acteur avait une présence extraordinaire.

Celui-ci retrace notamment l’enfance de Gérard Philipe (1922-1959), dans une grande famille bourgeoise de la Côte d’Azur, son père collaborationniste, sa mère fan de théâtre, son apprentissage de la comédie à Nice puis Cannes, sa première audition par le cinéaste Marc Allégret, sa rencontre avec la jeune Danièle Delorme, son entrée au Conservatoire de Paris, en même temps que Michel Bouquet et Sophie Desmarets, son épouse Anne et leur refuge de Ramatuelle…

Philippe Durant raconte le destin d’un prince, sa vie, son œuvre, et sa « fascinante éclosion » : belle allure, physique de jeune premier, une présence extraordinaire, charmant et fantaisiste, fougueux et passionné, de « grands yeux de ciel et le regard nostalgique » écrira Maria Casarès. L’acteur fut un héros stendhalien par excellence, dans « Le Rouge et le Noir » avec Danielle Darrieux et « La Chartreuse de Parme » avec Maria Casarès, a joué dans de désormais grands classiques du cinéma français, « La Beauté du Diable » avec Michel Simon, « Les Liaisons dangereuses » avec Jeanne Moreau, « Le diable au corps » avec Micheline Presle, « Les Orgueilleux » et « Les Grandes Manœuvres » avec Michèle Morgan…

Triomphant au Festival d’Avignon

Gérard Philipe a tourné avec les grands cinéastes de son époque, René Clair, Marcel Carné, Christian-Jaque, Claude Autant-Lara, Jacques Becker, Sacha Guitry, Yves Allégret, Max Ophüls, Roger Vadim, Luis Bunuel… a réalisé lui-même « Les Aventures de Till l’Espiègle », et a triomphé au théâtre, avec la troupe de Jean Vilar, au Festival d’Avignon et au Théâtre National de Chaillot, dans « Le Cid », « Le Prince de Hombourg », « Ruy Blas », « Lorenzaccio », « Les Caprices de Marianne»…

Ambassadeur du cinéma français à l’étranger, et enchaînant les tournées théâtrales internationales, il était l’emblème d’un certain prestige français, star en Europe, en Amérique, en Russie, au Japon, en Chine… Un comédien qui était politiquement engagé, revendiquant son compagnonnage avec la gauche, membre des FFI à la Libération de Paris, président du Comité national des acteurs, signataire de l’Appel de Stockholm (pour l’interdiction de l’arme atomique), défilant en mai 1958 après le putsch en Algérie…

Sa mort à presque 37 ans a fait de Gérard Philipe le « symbole de l’éternelle jeunesse » ; logiquement, des théâtres et des cinémas portent le nom de cet « éternel jeune homme, romantique et passionné ».

P.T.

« Gérard Philipe », par Philippe Durant (Nouveau Monde Editions/20,90€).

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