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L’éternelle prière de Leonard Cohen

Un formidable documentaire fait le portrait du poète et musicien, à travers une seule chanson, « Hallelujah ». Passionnant.

Un film qui ravira tous les amateurs de musique en général, et les fans de Leonard Cohen en particulier.

C’est devenu la chanson des mariages et des enterrements, des cérémonies officielles en tous genres, dans des centaines de versions et d’innombrables reprises. Composée et écrite dans la souffrance par Leonard Cohen, « Hallelujah » est une des ballades les plus célèbres au monde. Et pourtant, c’est une chanson qui fut totalement ignorée à sa sortie en 1984, puisque la maison de disques Columbia n’avait alors même pas sorti l’album « Various Positions » aux Etats-Unis.

Dan Geller et Dayna Goldfine rappellent cette anecdote dans leur formidable documentaire, « Hallelujah, les mots de Leonard Cohen », qui avait été présenté en avant-première au Festival du Cinéma Américain de Deauville (sortie le 19 octobre). « Le mot Hallelujah est d’une richesse folle », assurait Cohen, que l’on voit dans ce film lors de son tout dernier concert, le 21 décembre 2013 en Nouvelle-Zélande. Chapeau noir et costume sombre, le chanteur canadien y est à genoux pour interpréter de sa voix si grave sa prière désormais éternelle, un hymne mélancolique, profane malgré son titre, une « ballade mêlant imageries religieuse et érotique ».

Les réalisateurs ont pu feuilleter et filmer les carnets de chansons, où figurent des dizaines et des dizaines de couplets écrits par Leonard Cohen pour « Hallelujah », et ses différentes versions. La photographe française Dominique Isserman, avec laquelle il vécut un temps à Paris, raconte qu’il a travaillé des années sur cette chanson, modifiant et réécrivant sans arrêt les paroles. « Un poème très obscur », la chanson d’un questionnement spirituel, d’une étude de la bible et de la torah, d’une quête mystique. Retiré plusieurs années dans un monastère zen en Californie, il était sorti de sa retraite pour un come-back tardif, ruiné et arnaqué par sa manageuse, pour signer une poignée de superbes derniers albums.

« Une certaine forme d’ironie dans tout ça »

Entre-temps, « Hallelujah » avait été chantée par Bob Dylan, par John Cale, puis par Jeff Buckley, dont la fameuse version était devenue « la référence ». Rufus Wainwright l’interprète dans la bande originale de « Shrek », l’ogre vert la faisant découvrir à une toute jeune génération. Tous les guitaristes et chanteurs amateurs l’ont entonné au moins une fois, et les candidats de toutes les Star Ac’ du monde ont donné leur version de ce chant de grâce. Un phénomène à retardement qui faisait sourire Leonard Cohen : « Il y a une certaine forme d’ironie dans tout ça », estimait-il, et comme une forme de « vengeance » à se la réapproprier. Après sa mort en 2016, c’est à K.D. Lang qu’était revenue la lourde charge de l’interpréter lors d’une cérémonie en hommage à son auteur disparu.

Arrangeur et producteur de la version originale, John Lissauer a composé la musique de ce documentaire passionnant, qui ravira tous les amateurs de musique en général, et les fans de Leonard Cohen en particulier. « Hallelujah, les mots de Leonard Cohen » n’est pas un film sur une seule chanson, aussi mythique soit-elle, c’est un portrait de l’artiste qui a écrit cette chanson, pierre sacrée dans l’histoire de la musique populaire. Reprise évidemment dans un album best-of qui accompagne la sortie du film : Hallelujah !

Patrick TARDIT

« Hallelujah, les mots de Leonard Cohen », un documentaire de Dan Geller et Dayna Goldfine (sortie le 19 octobre).

Leonard Cohen a écrit des dizaines et des dizaines de couplets pour cette « ballade mêlant imageries religieuse et érotique ».
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