Présenté en ouverture du Festival de Cannes, le film de Michel Hazanavicius est du genre rigolo gore, faux film de zombies et vraie comédie.
Des zombies qui ne font même pas peur, de mauvais acteurs qui jouent faux, un scénario pas terrible, des effets pas très spéciaux, un réalisateur en chemise hawaïenne qui pique une crise, engueule une actrice et baffe son comédien principal… Il y a une ambiance bizarre sur ce tournage ; plus qu’une malédiction de morts-vivants, c’est celle du film raté qui plombe l’ambiance au début de « Coupez ! », film de Michel Hazanavicius présenté en ouverture du Festival de Cannes (et actuellement en salles).
Vrai-faux remake du film d’étudiant japonais « Ne coupez pas ! (One cut of the dead) », lui-même tiré d’une pièce de théâtre (« Ghost in the box »), « Coupez ! » est d’abord un film dans le film, un long plan-séquence d’une demi-heure, l’histoire de zombies zéros. Après une série de flash-backs à la manière d’un compte à rebours, on reverra plus tard cette même demi-heure mais depuis les coulisses, le tournage du tournage par une équipe de bras cassés, faux making of mais vraie chorégraphie qui montrent pourquoi et comment ces mêmes scènes nous semblaient bel et bien ratées. Tout tourne à la catastrophe, mais quand même on ne sait jamais au cinéma, on n’est pas à l’abri d’un miracle.
Surtout avec une telle galerie de personnages. Romain Duris joue le cinéaste, habitué jusqu’alors à faire du « rapide, pas cher, et dans la moyenne », transfiguré par son œuvre en création live. En t-shirt jaune façon « Kill Bill ! », Bérénice Bejo s’éclate en actrice adepte de krav-maga (art martial israélien) déterminée à « ouvrir le cul » des zombies. Il y a aussi la star pénible (Finnegan Oldfield ), la jolie comédienne pas douée (Matilda Lutz, vue dans « Revenge »), un comédien alcoolique (Grégory Gadebois), le musicien perché (Jean-Pascal Zadi), et la fille du faux réal jouée par la fille du vrai réal (Simone Hazanavicius).
Un film sur le cinéma en train de se faire
Cinéaste de « The Artist », dont la glorieuse carrière avait débuté à Cannes, Michel Hazanavicius est tombé dans la comédie tout petit, tournant les sketches des « Nuls » avant d’être le réalisateur de deux « OSS 117 ». Dans le joli terrain de jeux d’un centre commercial désaffecté, il s’amuse et nous amuse avec « Coupez » ! », joue avec les codes du film d’horreur, bras et têtes coupées, du sang qui gicle de plus en plus, une fille en short terrorisée qui court en criant et vaincra à la fin ces saletés de revenants… C’est de la gentille trouille et des gags à répétition. Un premier degré ringard, puis un deuxième plus malin.
Car Hazanavicius est un filou, son très ludique divertissement rigolo gore est aussi un film sur le cinéma en train de se faire. Certes, par une équipe qui bricole plutôt mal que bien, mais un collectif malgré tout guidé vers le même but, tourner un film avec enthousiasme. C’est pourquoi « Coupez ! », vous n’y couperez pas si vous aimez le plaisir simple du spectateur qui se réjouit de ce qui se déroule à l’écran, sourire aux lèvres. Avec malgré tout, une règle à laquelle on ne peut pas déroger : « On ne dit pas ‘’C’est qui qui ?’’ ».
Patrick TARDIT
« Coupez ! », un film de Michel Hazanavicius (actuellement en salles).