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« Ténor » trouve sa voie

« C’est un film qui rassemble toutes mes passions », confie MB 14, qui joue un jeune rappeur doué pour le chant lyrique. « Notre référence, c’est Billy Elliot », ajoute le réalisateur Claude Zidi Jr.

La professeure de chant, interprétée par Michèle Laroque, détecte chez le jeune livreur de sushis (MB 14) un joli brin de voix.

En 2016, parmi les téléspectateurs scotchés devant l’émission « The Voice », il y avait Claude Zidi Jr (fils de Claude Zidi, réalisateur de comédies populaires telles que « L’aile ou la cuisse », « Les Ripoux », « Inspecteur la bavure », Banzaï »…) et son producteur Raphaël Beloniel. C’est là qu’ils ont repéré un jeune candidat, Mohamed Belkhir, alias MB 14, chanteur, rappeur, et champion du beat-box. Il leur semblait l’artiste idéal pour tenir le rôle principal dans un film encore en projet, « Ténor ». L’histoire d’un jeune rappeur doué pour le chant lyrique.

Il aura fallu plusieurs années à Claude Zidi Jr pour monter ce projet, et enfin réaliser ce film (sortie le 4 mai). Entre-temps, le finaliste de « The Voice » a poursuivi son chemin musical, et MB 14 fait donc ses débuts au cinéma avec ce premier rôle, celui d’Antoine, jeune banlieusard, rappeur le soir, livreur de sushis le jour. C’est une livraison au prestigieux Opéra de Paris qui va changer son destin ; la professeure de chant interprétée par Michèle Laroque, à qui sont destinés les sushis, remarque son brin de voix et parvient à le convaincre de venir prendre des cours, à l’Opéra.

Grandi dans la culture urbaine de la cité, Antoine se complique la vie en cachant aux siens, y compris son frangin boxeur, qu’il sèche ses cours de compta pour ceux de chant. Allant et venant entre deux mondes, il ne trouve plus sa place nulle part, un peu fantôme à l’opéra où on lui fait comprendre qu’il n’est pas le bienvenu, et plus vraiment dans le rythme des battles de rap. « C‘est moi qui chante », disait fièrement MB 14, aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, où Claude Zidi Jr et lui présentaient le film en avant-première. C’est donc lui qui chante, et qui chante bien : « Même si j’ai beaucoup d’amour pour l’opéra, je n’avais pas la technique », confie l’artiste qui, comme son personnage, a pris des cours, avec la chanteuse Caroline Fèvre.

« Cela fait douze ans que je rêve de faire du cinéma »

« C’est un film qui rassemble toutes mes passions », dit MB 14, « Cela fait douze ans que je rêve de faire du cinéma, j’ai commencé les cours de théâtre en première, je me suis senti à ma place, c’est fou que ce soit la musique qui m’ait ramené à ça. A l’âge de quatorze-quinze ans, j’ai commencé toutes mes disciplines, je suis très ouvert musicalement, la voix est le plus vieil instrument du monde, j’écoutais beaucoup de musique classique et d’opéra ». Et encore plus avec la préparation du film : « Je chantais de l’opéra tout le temps, c’est devenu une passion, j’en écoute tous les jours. Je m’appelle Mohamed, on ne s’attend pas à ce que quelqu’un comme moi aime l’opéra », confie-t-il. Autre challenge que le chant, pour son tout premier film, il avait face à lui une actrice expérimentée, Michèle Laroque : « J’étais impressionné », reconnait-il, « Elle m’a déstabilisé mais c’était une bonne complicité, elle m’a donné beaucoup de conseils, elle avait un regard bienveillant ».

La bienveillance, c’est aussi le mot-clé de ce film qui fait s’entrechoquer les milieux sociaux, les préjugés, les clichés, des personnages qui n’ont a priori rien en commun. « Notre référence, c’est Billy Elliot », assure le réalisateur. Effectivement, « Ténor » est bien joué, bien fabriqué, conçu sur le modèle d’un personnage plongé dans un milieu qui n’est pas le sien, une discipline artistique qui n’est pas celle de son milieu, et où il va pourtant exceller. Un scénario désormais bien connu, déjà vu à maintes reprises depuis l’épopée du jeune danseur anglais ; ainsi, on voit venir de loin péripéties et montées d’émotion qui du coup sont désamorcées. Même avec une dose de mélo (la maladie de la prof), on sait que cela finira plutôt bien pour le « Ténor » qui devrait trouver sa voie, à force de rigueur et de travail. A noter, le superbe décor fourni par l’Opéra Garnier, déserté pour confinement, et la sympathique apparition du vrai ténor Roberto Alagna dans son propre rôle.

Patrick TARDIT

« Ténor », un film de Claude Zidi Jr, avec MB 14 et Michèle Laroque (sortie le 4 mai).

« Je m’appelle Mohamed, on ne s’attend pas à ce que quelqu’un comme moi aime l’opéra », confie MB 14.
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