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« Inexorable » fatalité

Avec les codes du cinéma fantastique, Fabrice du Welz fait monter la tension dans ce thriller en huis-clos.

Benoît Poelvoorde incarne un romancier en panne d’inspiration, attiré dans un piège par une jeune fille en quête de vengeance.

Une famille s’installe dans un château familial, et c’est dans le quasi huis-clos de cette grande demeure que se déroule le film de Fabrice du Welz, « Inexorable » (sortie le 6 avril), qui avait été présenté au Festival de Deauville. Pour Jeanne (jouée par Mélanie Doutey), c’est un retour à la maison ; même si l’héritage est un peu lourd, elle a repris la direction de la maison d’édition de son défunt père. Marcel, son mari (incarné par Benoît Poelvoorde), auteur d’un premier roman à succès, ne trouve pas sa place dans cette énorme maison, peine à écrire son second livre et se vit comme un usurpateur. Quant à leur fille, elle découvre la vie à la campagne avec le beau chien blanc qu’elle a reçu en cadeau.

C’est donc une nouvelle vie qui s’offre à eux, en cours d’acclimatation dans cette propriété dont une jeune fille pousse la grille, un jour comme un autre. C’est Gloria (interprétée par Alba Gaïa Bellugi), et dès lors la vie au château ne sera plus la même. Embauchée, d’abord pour s’occuper de la fillette, elle soulage le quotidien des parents, se fait de plus en plus présente dans la vie de famille, sait se rendre indispensable dans la maison. Ce qui ressemblait à un cadeau du ciel est en fait une machination, le paisible paradis va virer au cauchemar.

Une ambiance de plus en plus pesante

Gloria les espionne, puis sème le trouble, insidieusement, se fait copine avec madame, modèle de la gamine, et vampe monsieur. Elle provoque l’écrivain, ne ménage pas ses efforts pour le séduire, le faire craquer, l’attirer dans un piège dans lequel il s’enserre, inexorablement. L’ambiance est de plus en plus pesante dans la demeure, et le récit se fait progressivement angoissant, tout en évoquant la famille, le couple, le désir, les mensonges, la vengeance…

Mélanie Doutey excelle en bourgeoise sûre d’elle, Benoît Poelvoorde s’agite dans tous les sens en mâle pris dans les phares, et derrière une fragilité apparente, la jeune actrice Alba Gaïa Bellugi cache une rage contenue, se révèle manipulatrice menaçante et déterminée. Habile réalisateur de films d’horreur (« Calvaire », « Vinyan »…), le cinéaste belge Fabrice du Welz utilise les codes du cinéma fantastique au service de ce thriller perturbant. Il fait monter une tension qui devient insupportable, en abusant d’effets musicaux et sonores ; l’image en clair-obscur colle à la noirceur du récit, et la fatalité se fait forcément « Inexorable » dans un scénario à la mécanique malheureusement trop prévisible.

Patrick TARDIT

« Inexorable », un film de Fabrice du Welz, avec Benoît Poelvoorde, Mélanie Doutey, et Alba Gaïa Bellugi (sortie le 6 avril).

Derrière une fragilité apparente, la jeune actrice Alba Gaïa Bellugi cache une rage contenue, se révèle manipulatrice menaçante et déterminée.
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