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« Lamb », du flou dans la bergerie

Noomi Rapace joue une éleveuse montagnarde dans ce film de Valdimar Johannsson, fantasmagorique et inspiré de contes populaires islandais.

Révélée par le rôle de Lisbeth Salander dans la trilogie « Millenium », Noomi Rapace incarne une robuste éleveuse montagnarde.

Premier long-métrage de Valdimar Johannsson, « Lamb » (sortie le 29 décémbre) sort un mois trop tôt pour le prochain Festival du Film Fantastique de Gérardmer, où il aurait clairement eu sa place. Des moutons carnivores avaient beaucoup distrait les festivaliers vosgiens en 2007 avec « Black Sheep » de Jonathan King (Prix du Public et Prix spécial du jury), mais les moutons de ce film islandais sont plus pacifiques, même s’ils se montrent plutôt inquiets au tout début, à la limite de la panique dans la bergerie.

Béliers et brebis forment le troupeau de Maria et Ingvar (joués par Noomi Rapace et Hilmir Snaer Gudnason), un couple qui vit loin de tout, dans une ferme isolée quelque part dans la montagne d’Islande. Dans cette région froide et volcanique, leur harassant quotidien se limite aux soins des animaux, leur donner à manger, à boire… Longtemps le film est d’ailleurs quasi silencieux, si ce n’est le bêlement continu des animaux ; il faut l’arrivée inopinée du frère d’Ingvar pour obliger les humains à échanger quelques phrases.

Prix de l’originalité à Cannes

On a bien senti un traumatisme passé entre Maria et Ingvar, mais ils semblent revenir à une vie moins austère avec la naissance d’un agneau. Un nouveau-né fragile, différent des autres, qu’ils emmènent à la maison, où il dort d’abord dans une bassine, puis bientôt tout près d’eux dans un lit d’enfant qui avait été mis au rencart, et ressorti pour l’occasion. Nourri au biberon, bercé comme un bébé, ils lui ont même donné un nom, Ada ; on comprend que c’était le prénom de leur petite fille disparue. Un temps, on ne voit que sa tête, boucles blanches et grandes oreilles, son corps caché dans un plaid, une couverture ; même le chien sent bien qu’il y a quelque chose d’anormal.

Révélée par le rôle de Lisbeth Salander dans la trilogie « Millenium », Noomi Rapace, qui a depuis mené une carrière internationale, incarne une robuste éleveuse montagnarde, au visage marqué par la dureté du climat et une vie de labeur. Présenté au Festival de Cannes, « Lamb » y a reçu le Prix de l’originalité dans la section Un certain regard. Original, le film de Valdimar Johannsson l’est assurément. Sauvage également, avec pour décor une nature imposante et hostile, magnifiée par une image superbe. Et intrigant aussi : inspiré de contes populaires islandais, c’est un récit fantasmagorique, avec une part d’irréel, de surnaturel. Un film fantastique qui ravira les amateurs du genre, mais risque de décontenancer les spectateurs plus cartésiens.

Patrick TARDIT

« Lamb », un film de Valdimar Johannsson, avec Noomi Rapace et Hilmir Snaer Gudnason (sortie le 29 décémbre).

Ingvar et Maria (Hilmir Snaer Gudnason et Noomi Rapace), un couple qui vit loin de tout dans une ferme isolée, semblent revenir à une vie moins austère avec la naissance d’un agneau.
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