« Jean-Paul a plu à la Terre entière », disait Claude Lelouch, qui a rendu hommage à son ami hier soir au Festival du Cinéma Américain.
« Pour toi Jean-Paul, pour toi ! », à la demande de Claude Lelouch, tout le public du Festival de Deauville s’est levé hier soir et a applaudi Jean-Paul Belmondo. « Pour Jean-Paul, hip, hip, hip, hourra ! », lançait encore le cinéaste, heureux d’avoir suscité une standing ovation pour l’acteur. Au soir de sa mort, le festival normand avait déjà rendu hommage à cette « légende de la culture populaire française », notamment avec une photo de Bébel au visage bleu dans « Pierrot le Fou ».
Il était prévu que Claude Lelouch vienne présenter à Deauville en avant-première son cinquantième film, « L’amour c’est mieux que la vie ». Le rendez-vous a été maintenu, et aujourd’hui, il sera bien sûr à l’église de Saint-Germain-des-Près aux obsèques de Bébel, qu’il suggère de le faire entrer au Panthéon. « Je suis très ému ce soir », disait hier le réalisateur sur la scène du CID, « Plus qu’un acteur, plus qu’un ami, plus qu’un frère, j’ai eu la chance avec Jean-Paul Belmondo de faire trois films ». Le premier était « Un homme qui me plaît » : « Un titre prémonitoire : il a plu à la Terre entière », constate Lelouch, qui l’a ensuite dirigé dans « Itinéraire d’un enfant gâté » (dont une grande photo, chapeau sur la tête de Bébel, emplissait l’écran deauvillais) et « Les Misérables ».
« Je pense ce soir que on a tout dit sur Jean-Paul, tout », ajoutait le cinéaste, qui a trouvé « formidable » le discours du président de la République Emmanuel Macron, lors de l’hommage national aux Invalides. « Ce soir, cela me fait vachement plaisir de voir que les artistes laissent une trace très importante dans votre vie. Pendant cinquante ans, il a fait rire, il a fait pleurer, et surtout il nous a donné la chair de poule ; il nous a tous cueillis avec sa bonne humeur, et aujourd’hui 60 millions de Français lui disent merci », ajoutait Lelouch, « Quand on a tourné ‘’Itinéraire d’un enfant gâté’’, c’est un film qui montrait qu’il n’était pas un héros ni un salaud, qu’il avait les qualités de ses défauts, et Jean-Paul m’a dit : il faut qu’on les fasse marrer. Pour lui, il était important de dire des choses, mais à une seule condition, de passer par le rire et l’émotion ».
Se sentant comme chez lui à Deauville (il tournait « Un homme et une femme » sur la plage voisine il y a cinquante-cinq ans), Claude Lelouch était accompagné hier de Gérard Darmon, Sandrine Bonnaire, Elsa Zylberstein, Gilles Lellouche, Ary Abittan, Kev Adams… Une partie de l’équipe de son film « L’amour c’est mieux que la vie », qu’il a dédié hier soir à Belmondo. « J’ai déjeuné avec lui il y a six mois environ, et je lui ai raconté le film, c’est la première personne au monde qui n’a pas vu le film mais qui l’a entendu ».
Un film qui parle bien sûr d’amour et de vie, mais aussi de mort, avec notamment « des gueules » d’enterrement et une scène d’obsèques, le cinéma comme un reflet du réel.
Patrick TARDIT