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« Wendy » et les enfants sauvages

Présenté au Festival de Deauville, le film de Benh Zeitlin est une jolie variation sur le thème de « Peter Pan », mais plutôt destiné aux « grands » spectateurs.

Ils ont choisi de ne pas grandir, des enfants sauvages caracolent en toute liberté dans la rocaille d’une île mystérieuse.

L’enfance est définitivement le sujet du cinéaste Benh Zeitlin, qui nous avait enchanté avec son premier long-métrage, « Les Bêtes du Sud sauvage » (2012), histoire de la petite Hushpuppy dans un bayou de Louisiane inondé. Ce beau film avait reçu le Grand Prix au Festival de Deauville, où a été présentée huit ans plus tard sa nouvelle création, « Wendy » (sortie le 23 juin). Avec un tel prénom, ce long-métrage est forcément « inspiré » de « Peter Pan », le roman de James Mathew Barrie, récit fantastique qui captive Benh Zeitlin depuis tout petit. Le réalisateur a ainsi imaginé une jolie variation sur ce thème, cette « histoire d’enfants qui s’envolent » et se transmet de génération en génération.

Tournée sur un volcan, l’île de Montserrat dans les Antilles, cette version est cependant assez peu destinée aux enfants mais plutôt aux grands, les adultes, ceux qui ont déjà un peu vieilli. Et qui seront forcément touchés par la légende qui veut que tous les enfants grandissent, mais que certains préfèrent s’enfuir vers un pays imaginaire où ils ne grandiraient plus jamais. On comprend qu’ils veuillent échapper à leur triste destin, à l’affreuse perspective qui les attend, une fois adultes. C’est ce que comprend un gamin qui décide de fuir son futur d’homme de ménage dans le restaurant familial, et qui disparait.

Vieillir aussi est une grande aventure

Plus tard au même endroit, juste à côté de la voie ferrée, Wendy et ses deux frères jumeaux vont courir après l’un de ces trains qu’ils voient passer depuis leur chambre. Commence alors la grande aventure, un fabuleux voyage, un grand plongeon dans une rivière, la découverte d’une île mystérieuse, la rencontre d’enfants sauvages, dont un môme prénommé Peter… Il y a aussi un bateau de pirates, un village de garçons perdus, le Capitaine Crochet, et une étrange créature sous-marine, la Mère, qui protège les enfants, du moins ceux qui ne perdent pas l’espoir.

Ce film est interprété, on devrait plutôt dire « joué », par des « enfants téméraires » qui caracolent dans la rocaille de cette île elle aussi sauvage. Ces mômes insufflent un grand vent de liberté, de la fougue, et de l’énergie à ce « Peter Pan » presque sans Peter Pan, à ce conte sans fée Clochette, qui finalement sort sur les écrans à quelques jours de Noël. La morale de l’histoire mythique, du film de Benh Zeitlin comme du roman de J.M. Barrie, c’est que l’enfance est perdue pour toujours, qu’il est malheureusement impossible de ne pas vieillir, mais qu’il ne faut pas pour autant en perdre son âme de gosse et que vieillir aussi est une grande aventure.

Patrick TARDIT

« Wendy », un film de Benh Zeitlin (sortie le 23 juin).

Si Wendy est bien le personnage principal du film, c’est un petit môme prénommé Peter qui mène la troupe sur l’île.
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