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« Sidonie au Japon », errance exotique

Dans ce conte minimaliste et poétique de Elise Girard, Isabelle Huppert joue une écrivaine perdue qui revient à la vie, à l’amour, à l’écriture, et aux autres.

Isabelle Huppert joue une écrivaine qui n’écrit plus vraiment, mais qui a accepté l’invitation de son éditeur japonais, pour la réédition de son premier livre.

Lorsqu’elle a tourné entièrement en France son film au titre trompeur, « Belleville Tokyo » (2011), Elise Girard n’était encore jamais allée au Japon. Ce n’est que plus tard, à l’invitation de son distributeur japonais, qu’elle a passé une semaine entre Osaka, Tokyo, Kyoto, avant d’y retourner ensuite dans le cadre d’une bourse. C’est cette première expérience nippone qui lui a inspiré « Sidonie au Japon » (sortie le 3 avril), film coécrit notamment avec la cinéaste Sophie Fillières.

Isabelle Huppert y joue une écrivaine qui n’écrit plus vraiment, mais qui a accepté l’invitation de son éditeur japonais, pour la réédition de son premier livre, « L’ombre portée ». Pas vraiment décidée à partir à Osaka, Sidonie prend finalement l’avion, accueillie à l’arrivée par ledit éditeur Kenzo Mizoguchi (Tsuyochi Ihara), bel homme poli, affable, attentionné, mais réservé et pas fondamentalement chaleureux, Japonais quoi. En six jours, Sidonie San enchaîne interviews, séances de dédicace, visites culturelles, temples, musées et cerisiers en fleurs, en compagnie de son guide sur l’épaule duquel elle s’endort parfois.

Un fantôme bienveillant

« L’écriture c’est ce qui reste quand on se retrouve sans rien », confie Sidonie, qui se livre facilement, raconte que l’écriture l’a aidé à survivre après un drame, la mort accidentelle de sa famille, même si elle a arrêté d’écrire après un autre drame tout aussi accidentel, la mort de son mari. Et cet époux disparu depuis des années, voici qu’il réapparaît soudainement, assis sur un chariot à bagages ! C’est bel et bien le fantôme de son mari Antoine (August Diehl), avec qui elle parvient à échanger, parler, papoter.

Jusqu’alors coincée dans un chagrin sans fin, Sidonie est une survivante errante dans un pays qui a survécu aux bombes atomiques, aux tremblements de terre, aux tsunamis… Loin de chez elle, loin de sa vie, elle est comme « lost in Japan », décontenancée par l’étrangeté du pays, déroutée par cette contrée où coexistent visible et invisible, où les fantômes aident à vivre, un pays fantasmé, y compris par les cinéphiles.

Apaisée par ce fantôme bienveillant, « Sidonie au Japon » revient à la vie, à l’amour, à l’écriture, et aux autres. Le film de Elise Girard est ainsi un conte minimaliste, exotique et poétique, un récit zen, calme et tranquille, où se dépayser permet finalement de se retrouver.

Patrick TARDIT

« Sidonie au Japon », un film de Elise Girard avec Isabelle Huppert (sortie le 3 avril).

Lors de son séjour, Sidonie est guidée par son éditeur (Tsuyochi Ihara), bel homme poli, affable, attentionné, mais réservé.
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