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Lettre de janvier 2023 de Gaïa à Aurore Kepler

Notre planète Terre, Gaïa chez les Grecs, considérée comme un être vivant, correspond régulièrement avec une autre planète de l’univers, Aurore Kepler 452 B dans la constellation du Cygne. Gilles Voydeville nous fait découvrir cette magnifique correspondance interstellaire.

Dr Gilles Voydeville
Dr Gilles Voydeville (DR)

Par Gilles Voydeville

Cher lecteur,

Nous sommes en janvier 2023 de notre calendrier grégorien.
Gaïa, écrit à sa sœur, Aurore Kepler 452b.
Chez nos ancêtres les Grecs, Gaïa, notre Terre, est considérée comme un être vivant.
Aurore Kepler, elle, a été découverte en 2015 par le satellite observatoire Kepler de la NASA. Elle tourne dans la constellation du Cygne à 1400 années lumières de la nôtre et porte le matricule 452b.
Par sa taille, sa masse, son âge (seulement 1,5 milliard d’années plus ancienne) et la distance de son orbite autour de son étoile, Aurore Kepler possède des caractéristiques communes avec Gaïa.
D’après la communauté scientifique, Aurore Kepler pourrait être habitée.
Ces deux planètes communiquent par intrication quantique, celle décrite en 1982 par le Français Alain Aspect qui vient d’être récompensé 40 ans plus tard par le Prix Nobel 2022.
Ce phénomène physique lie de façon instantanée deux particules, quel que soit leur éloignement. En 2015 à l’université de Delft, la fantomatique action à distance a été réalisée et établie par une expérience de Ronald Hanson.

 

De Gaïa
3 Ronde du Soleil
Bras d’Orion
Voie Lactée
Superamas de la Vierge

À

                                                                                                                         Aurore Kepler
                                                                                                                         452 Constellation du Cygne
                                                                                                                         Bras d’Orion
                                                                                                                         Voie Lactée
                                                                                                                        Superamas de la Vierge

Gaïa, sixième jour du mois de janvier 2023
Kepler, huitième jour du mois des Givres Fulminants.

Ma chère Aurore,

Une nouvelle année commence. Pour sur ma planète unifier le temps et les saisons, mes Charmants qui croyaient en Jésus ont réussi à imposer sa supposée date de naissance à tous leurs semblables comme l’an zéro, excepté à ceux qui suivent la révélation du prophète Mahomet qui possède un calendrier lunaire de 354 jours à compter de septembre de l’an 622. Cette année-là le prophète émigra de La Mecque à Yathrib, voyage appelé l’Hégire qui veut dire émigration en leur langue. Eux vivent en l’an 1444 mais ils acceptent souvent le calendrier grégorien, le persan ou le julien pour leurs échanges avec le reste du monde.

Cette période du début de l’année est encore à ce jour l’occasion de se souhaiter une bonne et heureuse future année. En se saluant, en s’écrivant. Ceux qui ont oublié de manifester leur attachement à leurs amis pendant longtemps peuvent saisir cette occasion des vœux pour resserrer les liens ténus distendus par le temps, l’insouciance ou le remords. Ainsi Charmant renoue avec ses vieux amis qu’il a offensés par trop de négligence, cherche un chemin pour apaiser la rancœur de ses ennemis et se rend aimable à plus d’un pour s’entourer d’un cercle protecteur que la convivialité de cette manifestation pourra raffermir.

Des vœux, l’Ukraine a besoin de plus que de cela.

Elle m’obsède par la violence de son destin et l’incertitude de son avenir. Elle veut des systèmes anti missile, des chars et des avions. Sa guerre déstabilise le vieux continent et son issue reste incertaine alors qu’au départ elle était donnée perdante car les forces en présence semblaient déséquilibrées. Sa résistance, sa résilience et peut-être sa rédemption se sont construites sur les trois piliers du baron Von Clausewitz : l’unité du peuple, du gouvernement et de l’armée.

La débâcle de l’armée russe ravirait une grande partie du monde occidental. Mais le changement de dirigeant se ferait-il pour une gouvernance moins belliqueuse ? Rien n’est moins certain, car l’Occident sous-estime le degré de désinformation dont souffre les descendants des moujiks, ces êtres fatalistes ballotés, retournés, écrasés dans le tambour de la lessiveuse de la pensée. Un dictateur peut en chasser un autre. Un cruel ours blanc peut éliminer un abject Ours brun.

Que se passera-t-il si la Russie perd ? Perdra-t-elle aussi son leader ?

On peut imaginer plusieurs scenarios. En voici un.

Donc imaginons : alors que la bataille du Dniepr prend les allures de celle de Verdun, par une nuit sans lune, les forces amphibies du régime ukrainien qui a réussi à cacher leur acquisition au renseignement russe, accostent sur l’autre rive et s’ancrent suffisamment pour permettre l’établissement d’un pont flottant entre les deux berges. Après, c’est la déferlante des chars Léopard, des canons auto-motorisés César, des systèmes de protection sol-air Crotale et des transporteurs de troupe qui débarquent sur la rive orientale du fleuve pour encercler les troupes russes qui se retrouvent d’une part sous le feu des armes positionnées sur le front de l’autre côté de la rive et d’autre part sous le pilonnage de celles qui viennent de les encercler.

Les bataillons entiers de l’Armée Rouge capitulent sous ces feux croisés et la route de la Crimée s’ouvre pour les troupes du vaillant Bélier.

La Crimée est défendue par des lignes enterrées mais l’aviation ukrainienne, récemment renforcée par les Mirages français et les F16 américains, peut parachuter des troupes aéroportées et héliportées qui prennent à revers les défenses de l’Ours qui sont soumises au même sort que celles qui campaient sur le Dniepr. On fonce sur Sébastopol et on s’arrête devant les sombres flots de la Mer Noire, comme Oqba le conquérant arabe de l’Afrique du Nord s’arrêta devant le Grand Océan en implorant la clémence d’Allah pour ce contretemps sévère à l’extension de ses conquêtes.

Car de peur du désir de poursuite des criminels de guerre, les Russes ont fait sauter leur pont merveilleux pour se garder d’une invasion.

La remontée des troupes ukrainiennes vers le Donbass se fait péniblement, mais les Russes cèdent petit à petit sous la poussée des blindés et l’allégresse des escadrilles en provenance d’Occident. Les généraux se succèdent à la tête de l’Armée Rouge, mais sans enrayer la reconquête de leur sol par les glorieux cosaques suréquipés par les factions supposées nazies qui les soutiennent.

C’est alors le 8 juillet 2023 que se produit un événement inattendu : à la réunion inter-armée du Kremlin, l’ours blanc arrive en retard et au lieu de s’asseoir à la longue table des palabres, il se dirige vers l’Ours Brun comme pour le saluer… Malgré toutes les séries de contrôle qu’il a dû subir sous les portiques, il sort un pistolet en carbone et fait feu sur l’Ours Brun qui, avant de tomber le fixe et lui murmure dans un dernier souffle : « bonne chance vieux frère… »

La garde n’intervient pas, car force est de constater que le tyran est mort et qu’il faut de facto respecter son successeur.

Immédiatement, l’Ours Blanc s’installe en bout de la table avec son arme posée sur la table, et sous cette menace intime l’ordre au conseil de valider sa prise de pouvoir. Dans Moscou, Saint Pétersbourg et les grandes villes, le groupe Wagner prend possession des chaînes de communication et des points névralgiques. Il diffuse l’annonce de l’avènement d’un nouveau dirigeant.

L’Ukraine se crispe, les Européens enragent, les Américains s’interrogent et le reste du monde s’étonne. Le peuple russe lui croit en une nouvelle donne des cartes et comme il a toujours besoin de suivre, il approuve le changement. L’Ours Blanc décide alors d’envoyer un ultimatum à ses adversaires : il leur donne trois jours pour se retirer du Donbass et de Crimée, faute de quoi il utilisera l’arme atomique. L’oncle Xi prend son sourire jaune et dépêche son ambassadeur qui se fait éconduire.

La chèvre américaine bêle et prépare la réponse.

Le renard ottoman appelle le Kremlin sans le succès escompté. Seul le guide iranien approuve cette annonce, suivi mezzo voce par les descendants du guérillero cubain.

L’Ukraine refuse l’ultimatum et continue à foncer vers la reconquête. Trois jours plus tard, l’Ours Blanc balance trois bombes nucléaires tactiques sur les défenses ukrainiennes. Trois champignons immenses dix fois la taille de ceux d’Hiroshima et Nagasaki. Les dégâts sont considérables, les victimes sont par dizaines de milliers. Le monde retient son souffle mais pas celui du vent qui pousse les particules radioactives vers le sud.

Que va faire l’OTAN ?

Et puis plus rien. Silence radio chez les Américains qui accusent l’onde de choc mais ne se décident pas à répondre atomiquement. Le conseil de l’Europe se réunit avec les Anglais qui possèdent la bombe mais n’engagent pas l’arme létale.
Mais après concertation trois jours plus tard, les Américains et l’Europe dépêchent leur aviation et celle de l’OTAN pour détruire un nombre considérable d’infrastructures russes. C’est un ballet aérien qui n’a rien de gracieux mais attaque les points névralgiques, les casernes, les aéroports, les ponts, les gares. Il y a des pertes du côté de l’OTAN car les systèmes sol air russes sont nombreux mais pas assez sophistiqués pour épargner leur territoire.

La Russie est en flamme.

Moscou brûle comme du temps de l’invasion napoléonienne, mais c’étaient les Russes eux-mêmes qui l’avaient incendiées. Le message occidental est clair : la prochaine frappe sera nucléaire…

Le peuple russe prend peur. Il descend dans la rue. Navalny le mouton noir est discrètement exfiltrer de sa cellule sibérienne et rapatrié à Moscou. Le commandement de l’Armée Rouge se décide à marcher sur le Kremlin et tous les Wagner sont combattus. Des batailles rangées font rage et éclatent aux quatre coins du pays. Une guerre civile entre les ultras et les autres. Le généralissime prend le pouvoir et demande à l’OTAN un cessez le feu. Il signe l’armistice dans les jours suivants.

La guerre s’arrête. Le monde n’en revient pas.

L’Ours Blanc se réfugie en Tchétchénie chez son âme damnée. Il s’y forme une poche de résistance en rébellion avec les nouveaux chefs du Kremlin.

L’Armée Rouge évacue la Crimée et le Donbass. Elle décide de rendre le pouvoir aux civils et d’organiser des élections vraiment libres. L’Ukraine panse ses plaies mais exulte de joie. La Russie est le théâtre de soulèvement mâtés par l’armée. La Tchétchénie se déclare indépendante. Le monde rêve d’une nation apaisée dirigée par un homme droit. Les multinationales reprennent pied dans les grandes plaines du plus vaste pays du monde.

Business as usual et pollution comme d’habitude.

Voilà ma chère Aurore, ce que j’imagine pour demain. C’est un bon scénario pour Charmant avec assez peu de morts. Ça pourra être pire, pas moindre. Je retourne à mes ellipses après en avoir imaginé quelques futures. Et je t’envie toi qui n’a pas de guerre. Je t’envoie mille baisers de la braise de mes volcans, mille écumes de mes flots tumultueux et mille rubans de mes aurores boréales.

Ta Gaïa

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