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« Tout peut changer », tout doit changer

Présenté au Festival de Deauville et produit par l’actrice Geena Davis, le documentaire de Tom Donahue est consacré à la parité au cinéma.

De nombreuses actrices et réalisatrices témoignent dans ce documentaire.

Si les Césars nous promettent pour bientôt une parité homme-femme dans leur prochaine organisation, et si les festivals font également des efforts dans le domaine, on ne peut que constater qu’il y a encore beaucoup de travail à la vision du documentaire réalisé par Tom Donahue, « Tout peut changer » (sortie le 19 février). « Et si les femmes comptaient à Hollywood ? », est sous-titré ce film qui évoque des décennies de discrimination et l’accablante sous-représentation des femmes dans l’industrie cinématographique.

« Ce qui est bon pour les femmes est bon pour le monde », affirme Geena Davis dans ce film dont elle est productrice, et qu’elle est venue présenter au 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. Avec sa fondation, Geena Davis Institute of Gender in Media, l’actrice américaine milite pour « un paysage médiatique plus équitable entre les sexes », et encourage « les créateurs à augmenter la part des personnages féminins et réduire les stéréotypes sexistes ».

« Tout peut changer », pensent également les nombreuses actrices et réalisatrices qui témoignent dans ce documentaire, dont des stars, Cate Blanchett, Natalie Portman, Jessica Chastain, Sharon Stone, Sandra Oh, Reese Witherspoon, Shonda Rhimes, Chloë Grace-Moretz… « La situation ne pourra évoluer que lorsque les hommes prendront position. C’est la galanterie du XXIème siècle », constate notamment Meryl Streep.

« Les mouvements Metoo et Time’s up ont eu un véritable impact à Hollywood », déclarait Geena Davis, lors d’une conférence de presse à Deauville, où elle citait l’exemple de Gilian Anderson, co-star de « X-Files », qui a dû batailler pour obtenir le même salaire que David Duchovny. Mais jusqu’à aujourd’hui, une seule femme, Kathryn Bigelow, a reçu l’Oscar du « meilleur réalisateur », pour « Démineurs », et malgré un premier mouvement initié dans les années 80, les réalisatrices américaines ne dirigent que 4% des films. « L’an dernier il y avait encore moins de femmes réalisatrices aux Etats-Unis, alors qu’elles sont la moitié des effectifs dans les écoles de cinéma », râle Geena Davis, « Beaucoup de réalisatrices n’ont fait qu’un seul film ».

« Est-ce qu’un rôle peut changer les choses ? »

« La situation ne pourra évoluer que lorsque les hommes prendront position », estime Meryl Streep.

« En France aussi il y a une parité dans les écoles, 24% des films sont réalisés par des femmes, mais les films aux plus petits budgets sont réalisés par des femmes », constatait lors de la conférence de presse la productrice Sandrine Brauer, porte-parole du collectif 5050 pour 2020, dont l’objectif est également la parité dans le cinéma, notamment dans les festivals. Sandrine Brauer rappelait ce « moment de grande sororité » vécu ainsi au Festival de Cannes 2018, où 82 femmes étaient réunies sur les fameuses marches. Une image médiatique puissante qui cache cependant une statistique peu reluisante : 82, c’est le nombre de réalisatrices sélectionnées en compétition sur la Croisette, parmi 1000 hommes.

« Dans le documentaire que je produis, le sujet qu’on aborde c’est : est-ce qu’un film ou un rôle peut changer les choses ? », dit Geena Davis, qui incarnait une pétroleuse en cavale dans « Thelma et Louise » (avec Susan Sarandon). « Tous les deux ou trois ans, grâce à un film on se dit que ce sera possible, mais il y a toujours quelque chose qui vient interrompre ce mouvement vers l’avenir, il n’y a toujours pas d’amélioration dans le nombre de rôles », constate la star au large sourire. « Le regard est complètement stéréotypé sur ce qu’on attend d’un rôle féminin ou d’un rôle masculin », ajoute Sandrine Brauer, « C’est une attention sur les stéréotypes qu’il faut avoir, être conscient que la société tend à favoriser un certain regard, une attente sur ce que doit avoir l’air une femme ou un homme, pour les dépasser ».

« Je reste optimiste », dit pourtant Geena Davis, dont la fondation a remporté une première victoire avec une meilleure représentation des filles dans les programmes jeunesse. Dans « Tout peut changer », on se félicite aussi des vocations féminines suscitées dans la police scientifique grâce aux « Experts », exemple de l’influence des films et des séries télé. Mais pour une « Wonder Woman » ou une « Rebelle » (imaginée par Disney), une moitié de la population, les femmes, ne se voit pas à l’écran. « Tout peut changer », tout doit changer.

Patrick TARDIT

« Tout peut changer », un documentaire réalisé par Tom Donahue (sortie le 19 février).

« Ce qui est bon pour les femmes est bon pour le monde », affirme Geena Davis, également productrice de ce documentaire.
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