Cet ouvrage de Paul Nicolas aux éditions Indola propose une galerie de 44 portraits d’hommes et de femmes d’origine tunisienne ou ayant vécu en Tunisie. Dénominateur commun : avoir tissé des liens solides avec la Lorraine.
C’est un livre d’Histoire, celle qui rapproche les hommes et les femmes des deux rives de la Méditerranée depuis des temps immémoriaux. De géographie aussi qui nous donne à voir une terre de contrastes entre les eaux turquoise de Bizerte et l’or du Sahara, une terre de brassage de populations, de cultures et de religions. Un livre de rencontres avec des hommes et des femmes de toutes confessions, de toutes conditions, de toutes professions qui ont en commun d’avoir des racines profondes en Tunisie et d’être venus, un jour, en Lorraine, terre d’accueil et d’immigration.
L’auteur, Paul Nicolas, ancien commandant de police de Metz, attaché à sa lorraine natale mais passionné aussi par l’histoire et la culture de ce petit pays du Maghreb, a choisi de raconter ces liens très forts tissés entre les deux rives de la Méditerranée à travers une quarantaine de portraits qu’il crayonne d’une plume colorée et généreuse.
Le premier portrait est celui de Philippe Seguin, ancien maire d’Epinal : « Une personnalité forte, proche de ses administrés, qui promène sa large carrure dans ce département rural et dans la cité des Images qu’il va métamorphoser ». Suivent quarante-trois autres parcours, certes différents, mais tout aussi passionnants.
cette galerie de portraits s’ouvre par une remarquable préface de l’écrivain et ancien diplomate Abdallah Naaman. Il souhaite « que la convivialité continue de fleurir sur les bords de notre Mare Nostrum pour la consolidation des liens privilégiés de l’amitié, la fraternité, la solidarité et la convivialité entre ses peuples riverains aujourd’hui éprouvés par des guerres fratricides absurdes… »
Illustré par Luc Bertau, l’ouvrage de 124 pages (26,90 €) est publié chez Indola Editions, maison créée par Aziz Mébarki, directeur du mensuel l’Estrade et du magazine trimestriel Bonnes Terres.
M.G.
« Consolider une mémoire forte et partagée »
Paul Nicolas, commandant de police en retraite, est l’auteur de :
- Sidi Brahim des neiges sur les traces du 4e RTT (MC Editions Tunis, 2008)
- La Ghriba, pèlerinage juif en terre d’islam (MC Editions Tunis, 2010)
- Ma vie de flic, des Trois Boulangers aux Renseignements généraux (Editions Serpenoise Metz, 2013)
- Les Poilus d’Afrique du Nord (MC Editions Tunis, 2015) blog : paulnicolasmetz.blogspot.fr
Pourquoi ce livre ?
Paul Nicolas– Après avoir rendu hommage aux combattants de la Grande Guerre et à ceux de la Seconde Guerre mondiale, notamment les soldats tunisiens, à travers Sidi Brahim des neiges, sur les traces du 4e RTT et les Poilus d’Afrique du Nord, deux précédents ouvrages publiés en Tunisie, j’ai souhaité porter mon regard sur des parcours d’hommes et de femmes d’origine tunisienne ou ayant vécu en Tunisie, de tous âges, de toutes conditions et de toutes confessions, vivant ou ayant séjourné en Lorraine.
Que dites-vous dans cet ouvrage ?
P.N.– Ce livre est la résultante de ma passion – celle d’un Lorrain – qui me lie depuis de nombreuses années à la Tunisie et d’une volonté sincère de valoriser les liens heureux qui unissent ce pays à la France. Un petit pays, mais qui a une grande Histoire. Et si proche du nôtre… Cet ouvrage est aussi pensé comme un hymne à la diversité consacrant l’apport multiforme de tous ces parcours humains à la vie et à l’histoire de notre région, nos villes, villages et quartiers. L’histoire de la Tunisie a souvent croisé celle de la France, et la Lorraine en particulier. Cette région qui a toujours été un creuset fabuleux où se côtoient et se mêlent nombre de communautés.
Ce projet a ainsi abouti à réaliser une galerie de 44 portraits d’hommes et de femmes, avec textes et photos, au détour de récits et témoignages vivants. Pour consolider une mémoire forte et partagée sur les deux rives de la Méditerranée qui doit être plus qu’un trait d’union entre nos deux pays.
Cet ouvrage raconte la Tunisie à travers deux fils conducteurs : l’histoire qui évoque un pays au passé noble et fier, et le témoignage de ces personnes qui relatent leurs parcours.
Qui sont ces Tunisiens de Lorraine ?
P.N. – Ce sont des hommes et des femmes d’horizons divers et de toutes conditions, avec des parcours différents jusqu’à leur installation en Lorraine. Je suis allé à la rencontre de ces personnes et toutes m’ont ouvert leurs portes, et surtout leur cœur. Des profils dissemblables. Une vie pas toujours facile dans un pays d’accueil aux traditions différentes. Mais des parcours de réussite avec des compétences et des talents qui ont participé, et participent encore au rayonnement de la Lorraine. Femme au foyer, ouvrier, étudiant, ingénieur, enseignant, retraité, barman, restaurateur, footballeur, conductrice de bus, homme politique, élu, cardiologue, haut fonctionnaire…Tel un kaléidoscope bigarré, cette galerie de portraits est un témoignage que je souhaite rendre à ces Tunisiens et Tunisiennes installés de Lorraine. Des personnes attachantes qui n’oublient cependant pas leurs racines et la terre de leurs aïeux.
Qu’est-ce qui rapproche la Tunisie et la Lorraine ?
P.N.– La mise en lumière de ces portraits constitue une partie de la mémoire vivante de la culture tunisienne. Chacune de ces personnes, de par leurs conditions et situations dissemblables, concourt à la préservation des traditions qui les relient à leur pays d’origine, dans un esprit d’ouverture et de partage. Cet enracinement est également renforcé par le dynamisme de quelques associations qui interviennent dans différents domaines, non seulement en direction de la communauté tunisienne, mais bien au-delà pour favoriser le vivre-ensemble. Un tissu associatif fort représenté par les associations Aigle de Carthage (Metz), Amitiés Vosges-Tunisie (Epinal) et Trans’Cultures (Vandoeuvre les Nancy) qui œuvrent pour le rapprochement entre la Tunisie et la France.
Et l’Histoire ?
P.N.- Une mémoire historique, aussi, unit la Tunisie et la France. Pour cela, je rends hommage à Philippe Séguin, qui a toute sa place dans ce livre. On ne présente plus « l’enfant de Tunis », l’homme politique qui a promené sa large carrure dans la ville d’Epinal, la Cité des Images, où il fut maire de 1983 à 1995. Sous son impulsion, le 1er Régiment de Tirailleurs a été installé en 1994 à Epinal. Un régiment de tradition, héritier et gardien du patrimoine des régiments de tirailleurs nord-africain, notamment le 4e RTT, régiment emblématique, où le père de Philippe Séguin tomba au champ d’honneur en septembre 1944.
Chaque 18 juin, au sommet du Hohneck, le Souvenir français des Vosges rend hommage à la mémoire de ce régiment en présence des autorités civiles et militaires, et du consul de Tunisie à Strasbourg. Un lieu de mémoire en Lorraine qui rappelle des combats de 1944, où flottent à l’unisson les drapeaux français et tunisien, au son de la Marseillaise.
Propos recueillis par Marcel GAY