La crise politique que nous vivons actuellement trouve son origine dans l’élection présidentielle volée au peuple français en 2022. Depuis, la France est polytraumatisée.

Comment en est-on arrivé là ? Qui est responsable de ce bordel politique innommable qui nous vaut d’avoir épuisé quatre Premiers ministres en quelques mois? Il n’y en a qu’un, il s’appelle Emmanuel Macron.
Un champ de bataille encore fumant
Revenons à la présidentielle de 2022. Au soir du premier tour, le 10 avril, la France ressemble à un champ de bataille où chacun compte ses morts et ses blessés au milieu de ruines fumantes. Les chiffres sont sans appel. Emmanuel Macron (27,60%) sort vainqueur du premier round, Marine Le Pen (23,41%) arrive en deuxième position. Jean-Luc Mélenchon (21,95%) a recueilli sur son nom pratiquement toutes les voix de gauche. Les neuf autres candidats sont distancés, aucun d’eux ne franchit la barre des 10% et seul Eric Zemmour dépasse celle des 5% lui permettant un remboursement des frais de campagne. Le PS plafonne à 1,74% !!!
Au lendemain du second tour qui a donné une nette victoire à Emmanuel Macron (58,54% des exprimés contre 41,46% à Marine Le Pen), tout le monde sait qu’il s’agit d’une victoire en trompe-l’œil : elle donne l’illusion de la réalité.
Le président à peine élu, déjà rejeté
Regardons les chiffres. Emmanuel Macron a obtenu 18.779.641 voix ce 24 avril 2022, soit 58,54% des suffrages exprimés qui le placent donc largement en tête de l’élection. Mais ce score flatteur retombe à 38,52% du corps électoral, c’est-à-dire des inscrits. Autrement dit, près des deux tiers des Français n’ont pas voté Macron. Pire : entre 2017 et 2022, Macron a perdu 1.963.487 voix ! Ce n’est pas le triomphe que l’on voudrait nous faire croire.
Dans le même temps, Marine Le Pen totalise 13.297.760 voix (27,28% des inscrits) et gagne 2.659.285 voix en cinq ans !
Autrement dit, de nombreux électeurs ont voté Macron pour faire barrage à Marine Le Pen, mais ils ne souhaitent pas que Macron gouverne. Voilà la France écartelée, fracturée, divisée plus que jamais.
La France des élites contre la France populaire
Une France découpée en petits morceaux, façon puzzle. S’il est vrai que le premier tour a révélé la tripolarisation de la vie politique française, le second tour nous montre une France des élites contre une France populaire, une France des grandes métropoles contre une France de la ruralité, une France des bobos, joyeuse et riche, et une France des éternels oubliés, des pauvres (ils sont 10 millions) qui ne peuvent ni se loger dignement, ni se chauffer, ni se nourrir, ni se distraire.
Les élections législatives ont aggravé l’éclatement politique de la France. Pour faire barrage coûte que coûte au Rassemblement national, on a assisté à des mariages contre-nature, à des arrangements de boutiquiers sur le dos des électeurs. Le business de la politique a pris le pas sur le vote démocratique. Résultat : une assemblée émiettée et ingouvernable. Le bloc des gauches (LFI, EELV, PCF et PS) s’octroie 180 députés. Le bloc présidentiel (Renaissance, MoDEM et Horizons) obtient 159 sièges. Le Rassemblement National et alliés, 143 sièges. Les Républicains (UDI, DVD), 67 sièges). Divers gauche (13 députés). Autres (11 députés). Difficile de trouver une majorité.
La réforme des retraites avec le 49-3
Plus Jupiter que jamais, le président de la République a voulu imposer « sa » réforme des retraites envers et contre tous. Après trois mois de fortes turbulences, de douze journées de mobilisations émaillées souvent de violences, de grèves dures et d’actions coups de poing qui ont perturbé la vie des Français, le sort de la réforme des retraites a été scellé en quelques heures par l’exécutif. Sans débat. Elisabeth Borne a frappé avec le 49-3.
La loi étant promulguée le 14 avril 2023, Emmanuel Macron espérait tourner la page de son début de quinquennat chaotique et s’atteler à d’autres réformes, notamment sur le travail, l’immigration, le nucléaire…
Mais la contestation est restée forte. Ce ne sont plus seulement les institutions qui sont mises en cause, ce sont les hommes et les femmes de ce gouvernement que les Français ne supportent plus. Ils expriment même une haine viscérale envers Emmanuel Macron.
Trois petits tours et puis d’en vont…
Le 11 janvier 2024, Gabriel Attal est nommé Premier ministre. À 34 ans, ce fils de bonne famille devient le plus jeune Premier ministre de la Vᵉ République. Certes, ce valet de la Macronie n’est pas sans talent, mais ses prises de position stupides contre les non-vaccinés font de lui un serviteur un peu trop zélé.
Après les élections européennes de juin 2024 qui voient la victoire du Rassemblement national, le camp présidentiel sort affaibli. En conséquence, Gabriel Attal doit démissionner le 16 juillet 2024. Michel Barnier est nommé à Matignon le 5 septembre 2024. Le 3 décembre, deux motions de censure font tomber son gouvernement.
Le 23 décembre 2024, François Bayrou lui succède. Son objectif : ramener le déficit de 5,4 % du PIB en 2025 à 4,6 % en 2026, avec une trajectoire vers 3 % en 2029 afin de respecter les critères européens. Soit un effort budgétaire total de 40 à 44 milliards €, incluant les surcoûts de la défense, soit environ 43,8 milliards €. Le 8 septembre, n’ayant pas obtenu la confiance des députés, il doit présenter sa démission au président de la République, le lendemain.
10 septembre 2025 : Sébastien Lecornu, ci-devant ministre des Armées, est nommé à Matignon. Vingt-six jours plus tard, il présente enfin son gouvernement qui tiendra… Quatorze heures ! Le 6 octobre, Lecornu présente à son tour sa démission au président de la République.
Les compromissions ou la dissolution
Quelles options désormais ? Soit les chefs de partis finissent par s’entendre sur certains sujets, ils trouvent des compromis qui n’apparaissent pas top comme des compromissions, et ils conservent encore quelques temps leurs sièges députés. Soit, ils refusent les arrangements d’arrière-boutique, et on va tout droit vers une dissolution de l’Assemblée. Avec les conséquences inéluctables que tout le monde connaît : un raz de marée du Rassemblement national.
Ni les députés dits de « l’arc-républicain » ni le président de la République ne veulent en entendre parler. Ils sont même prêts, les traites, à revenir sur la réforme des retraites!
Reste une dernière option : la démission de Macron. Mais Jupiter, le Dieu du Ciel et de la Terre, ne descendra pas l’Olympe de son plein gré. Faudra-t-il aller le chercher ?