Deux militaires ont perdu la vie, hier, dans le secteur d’Arras. Un troisième a été grièvement blessé. La collision est survenue au passage à niveau 85, situé sur la D49 rue de Thélus à Bailleul-Sir-Berthoult. Le 4X4 des militaires a été percuté par un TER Lens-Arras. Malgré un freinage d’urgence, le train n’a pu éviter le véhicule placé dans sa trajectoire.

Par Bernard Aubin
Cet accident constitue avant tout un drame humain. Il appartient aux experts et à eux seuls d’en déterminer les causes, et à la Justice de définir les responsabilités le moment venu.
Non-respect du code de la route
Ce que l’on peut dire de manière générale sur les passages à niveau :
- 98 % des accidents qui surviennent aux passages à niveau ont des origines « routières » : non-respect du code de la route (franchissement des feux rouges clignotants ou passage en chicane entre les barrières) ou problème technique : véhicule qui ne peut dégager le passage à niveau suite à une panne ou bloqué par le relief ou un virage (camions, transports exceptionnels, …).
- Le reste relève essentiellement de problèmes techniques : le PN ne fonctionne pas, ce que l’on appelle un « raté de fermeture ». Mais ce phénomène est extrêmement rare. En principe, des « installations de sécurité » SNCF commandent l’arrêt en cas de dysfonctionnement. En l’occurrence, les barrières resteraient baissées même en l’absence de train.
15.000 passages à niveau en France

150 Passages à Niveau considérés comme dangereux ont été recensés. Ils font l’objet d’un programme de suppression étalé dans le temps. 20 à 30 sont remplacés, chaque année, par des ponts ou par des passages souterrains. Le coût est élevé : entre 6 et 25 millions d’euros par PN. Il serait illusoire d’envisager la suppression des 15 000 passages à niveau français.
Les accidents aux passages à niveau occasionnent entre 70 et 110 accidents par an, et provoquent entre 20 et 24 décès. Bien que paraissant important, le chiffre reste à relativiser au regard des 16 millions de véhicules qui, chaque jour, franchissent des Passages à Niveau.
La peine de mort !
Il existe bien des caméras de surveillance aux abords de certains PN, dont l’objectif est de verbaliser les infractions routières. Certains passages à niveau sont également équipés de radars qui détectent la présence d’obstacle sur les voies et permettent de stopper les trains en amont. Mais ces dispositifs demeurent marginaux et n’ont pas vocation à être généralisés.
En cas d’accident ferroviaire grave, trois enquêtes au minimum sont menées : une enquête technique de la SNCF, celle du Bureau d’Enquête Analyse des Transports Terrestres (qui peut amener à des préconisations afin de diminuer l’accidentologie), et bien évidemment celle de la Justice en vue de déterminer les responsabilités de chacun.
Le franchissement d’un Passage à Niveau fermé est la seule infraction qui expose son auteur à la peine de mort : le chauffeur ne risque pas qu’une amende. Il risque d’être pulvérisé par un train. À méditer !