Réalisé par Shane Atkinson, ce réjouissant polar a remporté trois prix au Festival du Cinéma Américain de Deauville.
Trois fois, le réalisateur Shane Atkinson était monté sur la scène, au soir du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Emu aux larmes, il ne trouvait plus ses mots pour remercier spectateurs, journalistes et jurés, d’avoir récompenser son premier long-métrage, « LaRoy » (sortie le 17 avril) : Prix du Public (qui s’était levé pour applaudir à la fin de la première projection), Prix de la Critique, et Grand Prix décerné par un jury présidé par Guillaume Canet, qui a apprécié le décalage et l’humour noir de ce premier film. Lors de son séjour en Normandie, le jeune Californien aura aussi dégoté un distributeur français pour son film (ARP).
En parlant de « LaRoy », les festivaliers évoquaient le cinéma des frères Coen ou de Quentin Tarantino, et il y a effectivement de ça dans ce polar déglingué et réjouissant, avec des personnages largués mais attachants et d’improbables péripéties. « LaRoy » est le nom d’une de ces petites villes paumées des Etats-Unis, au fin fond du Texas. Quiproquos et malentendus en chaîne y font s’entrechoquer Ray (John Magaro) quincailler cocu et suicidaire, un tueur professionnel venu remplir un contrat (Dylan Baker), Skip (Steve Zahn) un cow-boy de pacotille qui se prend pour un détective privé, Stacy-Lynn (Megan Stevenson) ancienne reine de beauté, des escrocs, des flics farceurs, une valise de billets…
Aussi rocambolesque qu’absurde
Trompé par son frère, qui pique dans la caisse et couche avec sa femme trop belle pour lui, Ray est un brave mec au bout du rouleau, bon pour le suicide. Il achète une arme, se gare sur le parking du motel où s’envoient en l’air son épouse infidèle et son frangin. Par méprise, un inconnu le prend pour le tueur à gages qu’il n’est pas ; dès lors, le bonhomme se transforme et décide de ne plus se faire marcher dessus. Plus ou moins malgré lui, il fait équipe avec le détective ringard ; le duo de pieds-nickelés ayant un grand besoin d’être respecté, de s‘affirmer, et d’être enfin pris au sérieux par les autres. Ce qui est toujours plus facile avec un flingue. Ce que fait très bien le vrai tueur, qui veut reprendre les choses en main, faire le job et récupérer son fric.
Mélange de comédie et de film noir, « LaRoy » est férocement drôle, aussi rocambolesque qu’absurde, enchaînant séquences violentes et scènes hilarantes. La morale, celle du tueur, étant qu’il est important de finir ce qu’on entreprend.
Patrick TARDIT
« LaRoy », un film de Shane Atkinson (sortie le 17 avril).