L’enquête préliminaire ouverte après les révélations du Canard Enchaîné sur les soupçons d’emploi fictif de l’épouse du candidat de droite à la présidentielle avance à grands pas. Des auditions sont prévues dès aujourd’hui.
Dénonçant « une accusation abjecte », François Fillon a tenté de désamorcer la bombe, jeudi soir, sur TF1. « Ma femme travaille avec moi depuis toujours, s’est justifié l’ancien Premier ministre, depuis 1981, depuis ma première élection. Elle m’a toujours accompagné dans ma vie publique, elle a corrigé mes discours, reçu des personnes, elle me représentait parfois… Son travail est réel ».
Quant à la rémunération (100.000 €) pour la Revue des Deux-Mondes, une revue détenue par Marc Ladreit de Lacharière, Pénélope Fillon aurait été chargée d’une surprenante « mission de réflexion stratégique ».
François Fillon a ajouté qu’il a également rémunéré, occasionnellement, ses deux fils avocats et qu’il n’y a là rien d’illégal. Il fournira les justificatifs à la justice et rien, dit-il, ne l’empêchera d’être candidat à la présidentielle, sauf s’il était mis en examen. « Mon épouse est remarquable, je l’aime et je la défendrai » a conclu François Fillon.
« Imagine-t-on le Général de Gaulle… »
On sait qu’une enquête préliminaire a été ouverte peu après les révélations du Canard Enchaîné, ce mercredi, pour « détournement de fonds publics » et « abus de biens sociaux ». Car ce n’est pas tant le fait que Pénélope Fillon ait été embauchée par son époux parlementaire qui pose problème que le soupçon d’une rémunération pour un emploi fictif.
Jeudi, l’avocat des époux Fillon, Me Antonin Lévy s’est rendu au parquet national financier pour parler avec les magistrats. Deux personnes devraient être rapidement entendues dans cette affaire.
Le premier sera Michel Crépu, ancien directeur de la Revue des Deux Mondes qui a déclaré dans la presse n’avoir « Jamais rencontré Pénélope Fillon, ne lui avoir jamais parlé, ni téléphoné » et n’avoir « jamais eu connaissance d’une mission de réflexion stratégique » qui lui aurait été confiée.
L’autre personne qui sera entendue par les policiers sera Christine Kelly, auteur d’une biographie de François Fillon en 2007. La journaliste affirme que Pénélope Fillon n’a jamais évoqué une quelconque activité professionnelle au cours de leurs entretiens.
Cette affaire tombe très mal, évidemment, pour le candidat de la droite et du centre à la présidentielle. On se souvient de son discours visant Nicolas Sarkozy, mis en examen dans deux affaires : « Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imaginerait un instant le général de Gaulle mis en examen ? »
A quoi l’opposition répond : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle rémunérer son épouse, ‘’tante Yvonne’’ pour un emploi fictif ? »
La cote de popularité de l’ancien premier ministre a chuté, passant de 46 à 61% d’opinons négatives en quelques jours.
Emilien Lacombe