L’annonce hier soir par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) de la suppression à venir de son actuel outil de la mesure de la qualité de l’Internet fixe ne peut que réjouir les internautes et l’UFC-Que Choisir qui prend acte de la volonté de l’Autorité d’améliorer la pertinence de ses travaux. L’association ne peut que lui demander de faire de même en matière de mesure de la qualité de l’Internet mobile.
Mesure de la qualité de l’Internet fixe : Une modification salutaire de l’ARCEP
Le protocole de mesure de la qualité de l’Internet fixe retenu par l’ARCEP a été critiqué depuis l’origine par l’UFC-Que Choisir comme biaisé. L’association a ainsi toujours jugé inacceptable que les fournisseurs d’accès à internet (FAI) connaissent à l’avance quels services étaient testés, quand, et surtout où. Ce protocole leur laissait ainsi la possibilité d’« optimiser » les réseaux sur les lieux des mesures, avec le risque d’aboutir à des mesures non représentatives de la réalité. Dans un contexte de développement des réseaux à très haut débit, les consommateurs ont plus que jamais besoin de disposer d’informations réellement fiables sur les différentes qualités de services proposées par les FAI.
Mesure de la qualité de l’Internet mobile : aucun « malentendu », l’ARCEP prive près de 50 % des consommateurs d’indicateurs sur la qualité de service
Suite à la publication par l’ARCEP du cahier des charges de la mesure de la qualité de l’Internet mobile, l’UFC-Que Choisir a dénoncé les choix opérés par l’Autorité, notamment la suppression du profil dédié à la 2G et à la 3G(1). L’ARCEP a réagi à cette alerte en évoquant un « malentendu » entre elle et notre association (2). Or il n’existe aucun malentendu. La présence du seul profil 2G/3G/4G aboutit bien, dans les faits, à priver les consommateurs d’informations dédiées spécifiquement à la qualité de la 2G et de la 3G. Comme cette année, l’ensemble des données collectées par l’ARCEP l’année prochaine intégrera des mesures en 4G (même en zones rurales n(3)) et les indicateurs présentés ne représenteront en aucun cas la qualité de la 3G.
C’est ainsi près de la moitié des consommateurs, qui n’utilisent pas la 4G, qui seront privés des analyses de l’ARCEP sur la qualité de service à laquelle ils peuvent prétendre. L’UFC-Que Choisir regrette ce choix, et s’étonne que l’ARCEP, autorité administrative, participe à une forme d’obsolescence organisée en n’intégrant pas à son champ d’analyse les nombreux consommateurs qui, faute de terminaux 4G ou de couverture 4G, n’utilisent pas cette technologie.
Une ré-allocation des ressources par l’ARCEP en décalage avec les attentes des consommateurs
Outre la suppression prématurée du profil 2G/3G par l’ARCEP, l’UFC-Que Choisir juge que la réallocation des ressources financières n’est pas satisfaisante. Si les études dans les trains du quotidien (TER, RER) sont effectivement opportunes, l’analyse étendue à l’ensemble des lignes de TGV et des autoroutes ainsi qu’à des axes secondaires est quant à elle bien moins justifiée. L’UFC-Que Choisir plaide pour une réallocation des ressources permettant une cartographie davantage affinée de la qualité des services mobiles sur le territoire.
Au vu de ces éléments, l’UFC-Que Choisir, soucieuse de permettre à tous les consommateurs de disposer d’informations pertinentes et fiables sur la qualité des services de l’Internet fixe et mobile, pour qu’ils puissent intégrer la qualité comme paramètre de choix d’une offre, et refusant que les publications de l’ARCEP soient des occasions manquées de réaliser cet objectif, lui demande :
– A nouveau la mise en place d’un Observatoire de la qualité de l’Internet fixe totalement indépendant des fournisseurs d’accès à Internet ;
– Une modification de son protocole de mesure de la qualité de l’Internet mobile pour permettre l’élaboration d’indicateurs géographiques vraiment pertinents répondant aux attentes des consommateurs avec, si les usages n’évoluent pas, une réinsertion du profil 2G/3G.
[1] UFC-Que Choisir
[2] Le Parisien
[3] Une référence à l’enquête 2016 de l’ARCEP met en effet en évidence des différences de résultats entre les profils 2G/3G et 2G/3G/4G dans toutes les zones, ce qui démontre qu’il est faux de dire qu’en zone rurale toutes les mesures prises le sont uniquement en 2G et en 3G.