Troisième et dernier débat jeudi 17 novembre. Premier tour des élections, dimanche 20 novembre. François Fillon revient dans la course et pourrait créer la surprise le 27.
La politique a ceci de passionnant qu’elle est pleine d’imprévus. Qui aurait dit que l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy remonterait dans les sondages au point d’apparaître désormais, à moins d’une semaine du premier tour, comme le troisième homme ? Un bond de 9% des intentions de vote en quelques jours place François Fillon (18%) juste derrière Nicolas Sarkozy (30%) et Alain Juppé (36%). Le maire de Bordeaux reste donc encore favori du premier tour mais il enregistre une chute de 9 points.
Qu’est-ce qui explique cette spectaculaire remontée dans les sondages de Fillon ? Sans doute sa force de conviction au cours des deux premiers débats entre les concurrents de droite. Son ton posé et ses attaque ciblées contre Nicolas Sarkozy lui valent, à l’évidence, la sympathie de l’opinion publique. Moins clivant que l’ancien président de la République, plus jeune et plus en phase avec le monde actuel que l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, François Fillon semble donc être un homme d’avenir. A condition, bien entendu, qu’il sache convaincre encore un peu au cours du troisième et dernier débat qui aura lieu jeudi 17 novembre.
François Fillon savoure le changement de son image dans l’opinion : « Jusque-là, lorsque j’arrivais quelque part en province, un journaliste me tendait le micro avec compassion : vous y croyez encore ? Aujourd’hui, on me demande jusqu’où je vais aller. » Il le dit et le répète : « Je serai au second tour ».
Quant aux autres candidats à la candidature suprême, Le Maire, Copé, NKM et Poisson, ils semblent devoir être contraints de jouer les figurants.
Qui est François Fillon ?
Que se passerait-il si, le 20 novembre, Fillon arrivait en seconde position derrière Juppé ? Une redistribution complète des cartes. Tout deviendrait alors possible pour l’ancien Premier ministre de Sarkozy car il aurait le soutien naturel des anti-Juppé et des anti-Sarkozy réunis. Et ça fait du monde. Une semaine plus tard, le 27 novembre, la dynamique pourrait donc jouer en sa faveur.
Fillon président ? Et pourquoi pas ?
Les Français semblent découvrir celui qui, pendant cinq ans, fut le seul Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Discret, effacé, François Fillon, 62 ans, est resté dans l’ombre d’un président bling-bling et grande gueule, regardant les autres avec mépris. Au point de traiter son Premier ministre de « collaborateur ».
« J’ai servi avec loyauté » explique Fillon. Qui, du coup, prend sa revanche. On se souvient de cette charge violente contre Sarkozy dans les premiers jours de la campagne : « Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable. Qui imagine de Gaulle mis en examen ? »
Le coup est dur pour l’ancien président qui est mis en examen dans plusieurs affaires judiciaires. Fillon précisera : « Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. » Et pan ! une deuxième cartouche.
C’est vrai, on ne l’attendait pas avec ce ton incisif, cette détermination à toute épreuve, cette envergure politique, aussi bien sur le plan national qu’n matière de politique étrangère où François Fillon se place en véritable héritier du gaullisme. Il plaide pour « Une France souveraine dans une Europe respectueuse des nations ».
François Fillon peut-il être la grosse surprise de cette primaire à droite ? Il le croit. « Les Français sont en train de bousculer les scénarios, dit-il dans le JDD. « La primaire appartient aux Français, écrit-il sur son journal de campagne. Le 20 novembre prenez le pouvoir. »
M.G.