Eric dupond-Moretti est soupçonné de prise illégale d’intérêts dans deux dossiers dont il a eu à connaître lorsqu’il était avocat : celle des fadettes de l’affaire Sarkozy et celle du juge Levrault à Monaco.
Ça n’a pas traîné. La perquisition a été effectuée le 1er juillet 2021 dans le bureau même d’Éric Dupond-Moretti, au ministère de la Justice, à la demande de la Commission d’instruction de la Cour de Justice de la République (CJR). La convocation du garde des Sceaux est prévue pour le 16 juillet, en vue d’une mise en examen, selon nos confrères de Franceinfo.
Trois magistrats du PNF
Rappel des faits. Une plainte a été déposée par deux syndicats de magistrats et par Anticor, le 16 décembre 2020. Ils reprochaient au ministre de la Justice, à peine installé place Vendôme, d’avoir diligenté des poursuites administratives contre trois magistrats du Parquet National Financier (PNF) qui, à l’époque, recherchaient l’informateur de Nicolas Sarkozy dans la troublante affaire des écoutes. Or, Dupond-Moretti avait déposé plainte contre ces magistrats lorsqu’il était avocat.
Une autre affaire intéresse la CJR : celle du magistrat Edouard Levrault, juge français détaché à Monaco. En effet, à peine nommé ministre de la Justice, le 20 juillet 2020, Dupond-Moretti a lancé une procédure administrative contre le juge. Motif ? Il avait été choqué par les méthodes du magistrat à l’encontre de l’un de ses clients, un policier poursuivi pour corruption. Le juge Levrault avait eu le mauvais goût d’auditionner des ministres, des hauts-fonctionnaires et de lancer des perquisitions jusque dans les sphères proches du pouvoir monégasque. On comprend que cela puisse choquer.
Affaire embarrassante
Depuis sa nomination comme ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti est en bagarre avec les magistrats. Une longue histoire. Les magistrats, eux, n’ont jamais accepté la tutelle de cet avocat grande gueule, au point qu’ils ont voté à l’unanimité, le 7 octobre 2020, une motion de défiance à l’égard de leur ministre.
Reste que la mise en examen annoncée du ministre de la Justice, garde des Sceaux, c’est du jamais vu dans notre belle République qui a pourtant connu de beaux scandales. On n’imagine pas Dupond-Moretti rester à place Vendôme. Soit, il démissionne de son propre chef. Soit, il est débarqué par Emmanuel Macron. Quoiqu’il en soit, l’affaire est particulièrement embarrassante.
Éric Dupond-Moretti est convoqué le 16 juillet à la Cour de justice de la République pour une mise en examen dans l'enquête qu'elle mène sur des soupçons de "prise illégale d'intérêts", a indiqué à l' #AFP une source proche du dossier, confirmant une information du Parisien pic.twitter.com/d3pSYyumYZ
— Agence France-Presse (@afpfr) July 5, 2021
La nomination d’Éric Dupond-Moretti comme Ministre de la Justice fut finalement une excellente décision. En s’attaquant aux magistrats qui enquêtent sur ses amis il révèle les failles du système pour mieux réveiller nos consciences.https://t.co/9qqIQBcd1l
— Anticor (@anticor_org) July 9, 2021