Le comité international paralympique a annoncé dimanche 7 août 2016 la suspension du comité paralympique russe à la suite du scandale de « dopage d’Etat ». Concrètement, la Russie ne pourra pas participer aux Jeux de Rio, du 7 au 18 septembre.
L’affaire remonte aux années 2014-2015 quand la presse française et allemande révèlent des témoignages d’anciens athlètes russes dopés qui agissent comme des lanceurs d’alerte. Ils affirment que tous les athlètes sont dopés au maximum avec la complicité des médecins, des entraîneurs et même des autorités.
Aussitôt l’Agence mondiale antidopage (AMA) met sur pied une commission d’enquête indépendante chargée de vérifiée les allégations publiées dans la presse. Quelques mois plus tard, en novembre 2015, ladite commission rend public son rapport de 335 pages. Il est accablant.
Le texte constate « un haut niveau de collusion parmi les athlètes, les médecins, les officiels et les agences sportives pour fournir de façon systématique aux athlètes russes des produits dopants afin d’atteindre le principal objectif de l’Etat : produire des vainqueurs ! » Il est question d’une véritable « culture de la tricherie » et même de corruption à grande échelle.
1417 échantillons détruits
Dans la foulée, l’AMA réclame la suspension immédiate d’un médecin, de quatre entraineurs et de cinq athlètes russes. Elle demande aussi le retrait de l’accréditation du laboratoire antidopage de Moscou qui a détruit 1417 échantillons.
L’Agence souligne encore que le dopage ne concerne pas seulement l’athlétisme mais tous les autres sports et préconise la suspension de la Russie aux Jeux de Rio de 2016.
Le scandale est immense. Il n’est pas seulement sportif, il est aussi politique. Une enquête sur les soupçons de dopage des Russes au jeux de Sotchi est confiée à un juriste canadien, le Pr Richard Mac Laren. Ce dernier rend sa copie le 18 juillet 2016 et confirme que le dopage est érigé en affaire d’Etat. Il préconise l’exclusion de 118 sportifs russes des Jeux de Rio.
Finalement, le CIO décide d’autoriser les sportifs russes à participer aux JO dans certaines conditions, très draconiennes. Il valide la participation de 271 sportifs russes sur les 389 initialement engagés.
44 athlètes paralympiques
Le rapport Mc Laren faisait état aussi de 35 échantillons de sportifs russes paralympiques impliqués dans cette vaste fraude pour devenir miraculeusement négatifs après avoir été trafiqués. Depuis, on sait que dix autres échantillons ont été « échangés » portant à 44 le nombre d’athlètes russes paralympiques impliqués dans une fraude massive.
C’est donc dans ce contexte particulièrement lourd que le Comité international paralympique (IPC) a décidé, dimanche 7 août 2016, à l’unanimité, d’exclure tous les sportifs russes du plus grand rendez-vous sportif paralympique de la planète du 7 au 18 septembre prochain à Rio.
La décision peut être contestée devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne. Mais d’ores et déjà le président du comité paralympique russe, Vladimir Loukine a annoncé son intention de déposer une plainte devant la même juridiction. « S’ils nous accusent de quelque chose, qu’ils formulent les accusations de manière claire et concrète. On ne peut exclure quelqu’un parce qu’il fait partie d’un système quelconque, on ne peut exclure quelqu’un que lorsqu’il est coupable de quelque chose ».
Affaire à suivre…
Marcel GAY