A la surprise générale, Edouard Philippe a annoncé cet après-midi le recours à l’article 49-3 pour faire passer le projet de loi sur la réforme des retraites. Des rassemblements se sont organisés en soirée dans plusieurs villes de France.
Il était 17 h 26, ce samedi 29 février 2020, lorsque le Premier ministre a annoncé aux députés qu’il avait décidé de recourir à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer sans vote et sans débat le projet de loi instituant un système universel des retraites.
Après plusieurs mois de grèves et de manifestations, après trois semaines de discussions parfois houleuses à l’Assemblée nationale, la décision d’Édouard Philippe, un samedi en fin d’après-midi, a pris tout le monde de court.
Certes, l’idée de l’utilisation du 49-3 était dans l’air depuis plusieurs jours. Mais en pleine crise du coronavirus et alors que le marasme économique commence à s’installer, on pensait que l’exécutif allait lâcher un peu de lest sur sa réforme des retraites. C’est l’inverse qui se produit après un conseil des ministres exceptionnel, samedi matin.
Désormais, l’opposition a 24 heures, en plein week-end donc, pour déposer une motion de censure.
Cette décision été accueillie avec rage par certains leaders de l’opposition comme Jean-Luc Mélenchon qui dénonce « un procédé d’une grossièreté et d’une brutalité totales ». Pour Marine Le Pen, « cette situation est indigne… Ils se servent de l’angoisse des Français sur la crise du coronavirus pour faire passer le texte ».
Les députés PS, PCG et LFI vont déposer une motion de censure qui n’a aucune chance de renverser le gouvernement puisque l’opposition est largement minoritaire et que les partis de droite, Les Républicains notamment, ont décidé de ne pas s’associer à l’opposition de gauche. Mais tous s’accordent pour dire qu’il s’agit « d’un déni de démocratie ».
Reste à savoir maintenant comment vont réagir les syndicats et, de façon plus large, tous les Français opposés à cette réforme des traites qui manifestent depuis des mois : avocats, enseignants, experts-comptables, musiciens…
A deux semaines du premier tour des élections municipales, Édouard Philippe et Emmanuel Macron ont pris un énorme risque politique. Si le gouvernement n’encourt aucun risque d’être renversé par l’Assemblée nationale, il pourrait être ébranlé par les urnes. Les candidats LREM pourraient bien faire les frais de ce coup de force. Et si les rassemblements de plus de 5.000 personnes sont interdits, en raison des dispositions prises pour contenir l’épidémie de coronavirus, des actes de violence isolés ne sont peut-être pas à exclure.
Conformément à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution de 1958 et après en avoir obtenu l’autorisation du Conseil des ministres du 29 février, j’ai décidé d’engager la responsabilité du Gouvernement sur le projet de loi instituant un système universel de retraites. pic.twitter.com/Q3GtnGgc0A
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) February 29, 2020
Dernière Heure
En soirée des rassemblements spontanés se sont produits dans plusieurs grandes villes de France. Et notamment à Paris où les forces de l’ordre empêchaient les manifestants d’approcher l’Assemblée nationale.
? Ce soir contestation devant #AssembleeNationale contre l'utlisation de 49.3 #Retraites#Acte68 #GreveGenerale pic.twitter.com/n1b7Z5Kn20
— Le Général ? (@LeGeneral00) February 29, 2020
Comme dans plusieurs villes de France, les manifestants se sont rassemblés à Bordeaux pour protester contre le passage en force de la très impopulaire réforme des retraites, après l’annonce par Edouard Philippe du recours à l’article 49.3https://t.co/13SQP9Isr7
— RévolutionPermanente (@RevPermanente) February 29, 2020
Arrivée des forces de l’ordre, la situation se tend. @paris_normandie pic.twitter.com/NBe08j2l5Q
— François Vanhove (@fvanhove) February 29, 2020