François-Xavier Drouet assure dans son documentaire, « Le temps des forêts », qu’il y a d’autres façons de faire que de céder à la sylviculture industrielle.
C’est aux « forestiers résistants » que le réalisateur François-Xavier Drouet a dédié son film, « Le temps des forêts » (sortie le 12 septembre). Un documentaire dans lequel il donne la parole à certains de ces « forestiers résistants », et plus généralement aux hommes de la forêt, ceux qui y travaillent. Et le constat est terrible : la standardisation, les logiques de l’industrie et de la finance, le modèle agricole intensif, en font un « vert désert » silencieux, des forêts sans oiseaux, qui ont l’habitude de nicher dans les arbres morts. Il n’y a pas d’arbre mort dans les grandes plantations uniformes et toutes droites, tels ces centaines de pins maritimes bien en ligne, qui poussent si bien dans les Landes de Gascogne.
Devenus suffisamment grands, à la bonne taille pour être vendus, ils seront la proie des abatteuses, des engins énormes, sortes de monstres mécaniques qui, en quelques minutes, scient, débardent, tronçonnent, des arbres de plusieurs dizaines de mètres. Dans la cabine de machines de quinze tonnes, un homme seul abat 200 m³ par jour, précise un ouvrier.
Dans le Massif Central et ailleurs, François-Xavier Drouet a filmé ces forêts de Douglas, l’arbre « à la mode » qui pousse plus vite que ce bon vieux chêne ; ou ces « coupes rases » qui, comme son nom l’indique, transforme des dizaines d’hectares de bois en un sol désertique. Ensuite on remettra des engrais, des pesticides, pour faire pousser encore plus vite, puis récolter des arbres comme du blé ou du maïs.
« Même dans des régions de tradition forestière, comme l’Alsace et la Lorraine, on voit s’imposer ces formes de sylviculture ultra-simplifiées, calquées sur le modèle agricole productiviste, où le forestier n’est plus qu’un récolteur de bois », a constaté le réalisateur.
Dans les Vosges, dans le Morvan, dans le Limousin, ils sont quelques-uns à dénoncer cette « malforestation », la mono-culture, la mainmise des investisseurs, la recherche de la rentabilité, la sylviculture industrielle… Pour certains agents de l’Office National des Forêts (ONF), la forêt n’est pas uniquement un lieu de production, une « usine à bois », ils assurent qu’on pourrait « envisager d’autres approches forestières » d’autres façons de faire. « Adapter la forêt aux besoins de la grande industrie », dit un forestier, « C’est pas mariable ».
Dans sa forêt, où il travaille en solitaire, un bûcheron à l’ancienne pose un instant sa tronçonneuse pour faire partager son bonheur d’être là : « C’est encore un des derniers endroits où on est tranquille, la forêt, la nature… Enfin ce qu’il en reste ».
Patrick TARDIT
« Le temps des forêts », un film de François-Xavier Drouet (sortie le 12 septembre).