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Campagnes électorales : ça chauffe pour Macron

Des perquisitions ont été menées mardi 13 décembre au siège de McKinsey et du parti Renaissance dans le cadre des enquêtes ouvertes par le Parquet national financier.

McKinsey (capture YouTube-Huff)
McKinsey (capture YouTube-Huff)

Des perquisitions ont été menées, ce mardi 13 décembre 2022, au siège de la société McKinsey et du parti proche d’Emmanuel Macron, Renaissance. C’est la suite logique des enquêtes ouvertes par le Parquet national financier sur les soupçons de fraude lors des campagnes électorales d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022. Elles ont été confiées au juge Serge Tournaire. Rien pour l’instant n’a filtré de ces actes de procédure effectués par les enquêteurs.

Fraude fiscale aggravée

Comme l’a annoncé le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert le 24 novembre 2022 dans un communiqué, le PNF a ouvert une enquête préliminaire et deux informations judiciaires.

L’enquête préliminaire a été ouverte le 31 mars 2022 du chef de blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée visant le groupe McKinsey. Une première information judiciaire a été ouverte le 20 octobre 2022, notamment du chef de non tenue de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne portant sur les conditions d’intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022. Une seconde information judiciaire a été ouverte le 21 octobre 2022 des chefs de favoritisme et recel de favoritisme.
Cette enquête et ces deux informations judiciaires font suite aux travaux et au rapport du 16 mars 2022 de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, d’une part, et aux plaintes et signalement d’élus, associations, syndicats et particuliers, d’autre part.

« Une mécanique de transfert de capitaux »

Rappelons que le 25 mars, le Sénat a saisi la justice pour une suspicion de faux témoignage après les déclarations de Karim Tadjeddine, directeur associé de McKinsey, affirmant que la société payait des impôts en France. Or, après vérifications, les sénateurs ont constaté que le cabinet de conseils n’a pas payé d’impôts en France depuis dix ans. Parce qu’il a « systématiquement produit des résultats fiscaux déficitaires » a révélé le président de la commission d’enquête, le sénateur Arnaud Bazin, à nos confrères de Public Sénat. Il ajoute : « Tout cela est lié à une mécanique des prix de transfert, c’est ce que refacture la maison mère américaine à la succursale en France. C’est prévu par les règles de l’OCDE, le tout étant de savoir si c’est appliqué loyalement et validé par l’administration française. A la direction générale des finances publiques de le dire ».

« Un phénomène tentaculaire »

Le rapport d’enquête du sénat constate « une intrusion en profondeur du secteur privé dans la sphère publique », selon la rapporteure Éliane Assassi, avec accès à des données parfois sensibles. Elle dénonce « un phénomène tentaculaire » dont le coût est de plus en plus élevé pour les finances publiques.
« D’après les éléments transmis par les ministères, le coût moyen d’une journée de consultant s’élève à 1.528 euros TTC pour la période de 2018-2020 », poursuit la sénatrice du groupe CRCE à majorité communiste, Eliane Assassi. En 2021, les dépenses de conseil des ministères se sont élevées à 893,9 millions d’euros (contre 379,1 M€ en 2018).

Pour quel résultat ?

On sait que la firme américaine a été chargée de la stratégie vaccinale, comme nous l’avons déjà écrit, au mépris des entreprises françaises qui avaient répondu à l’appel d’offres. Et avec le succès que l’on connaît ! En d’autres termes, c’est McKinsey qui a décidé, en lieu et place des fonctionnaires de l’ARS et des autorités de santé, ministres compris, ce qu’il convenait de faire ou de ne pas faire. C’est encore McKinsey qui a été « l’architecte du pass vaccinal » si cher à Emmanuel Macron. Des conseils facturés 12 millions d’euros !
Dans leur rapport, les sénateurs dénoncent ces prestations bidon de McKinsey : un apport sur le métier d’enseignant facturé 500.000 €, un rapport de 50 pages sur la réforme des retraites, pour 950.000 €.

Des liens entre McKinsey et Macron

Bref, cette gabegie d’argent public en dit long sur la manière de gérer les affaires de l’État. Et met le président-candidat en difficultés à quelques jours du scrutin. Car les liens entre la firme américaine et Emmanuel Macron sont nombreux et anciens.
Le journal Le Monde révèle dans une enquête de janvier 2021 que « si McKinsey n’a pas joué de rôle officiel dans la campagne du candidat Macron en 2017, plusieurs consultants ou « ex » du cabinet s’y sont investis sur leur temps libre, à l’image de Karim Tadjeddine (actuel patron de la branche « secteur public » du groupe), Eric Hazan (l’un des dirigeants de la branche numérique) ou Guillaume de Ranieri (responsable du secteur aérospatial et défense). »
À quoi il faut ajouter quelques transfuges de chez McKinsey qui ont occupé des postes clés dans la Macronie.
L’enquête diligentée par le PNF devra permettre de mieux comprendre les liens tissés entre ce cabinet privé dont le siège social est situé dans le Delaware (États-Unis) et les affaires de l’État français.

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