Russie
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Ukraine : Où en est-on, trois mois après ?

Plus de trois mois après le début de la guerre, la destruction de l’Ukraine se poursuit et l’armée russe s’affaiblit peu à peu. L’aide américaine prend du retard et l’Europe gesticule dans le vide.

La guerre Russie-Ukraine et ses répercussions dans le monde (UnlimPhotos)
La guerre Russie-Ukraine et ses répercussions dans le monde (UnlimPhotos)

Le scénario en vigueur se conforte dans le sens d’une confrontation durable. L’aide américaine à l’Ukraine ne se dément pas, mais cette aide (armements de précision) demande au moins trois mois pour sa mise en place opérationnelle réelle, condition de son efficacité. Exemple : un LRM (lance-roquettes multiple) de précision ne vaut que peu de choses s’il n’est pas associé à un système précis de désignation d’objectifs.
L’aide américaine conforte Zelensky dans sa volonté de récupérer l’intégrité territoriale de l’Ukraine – il a d’inévitables déboires à attendre (et qu’il lui faudra gérer) jusqu’au moment où ça puisse se produire (Reconquista). La condition est l’efficacité des armements américains contre les forces ‘bunkérisées’ : on verra ce qu’il en est, car ces armements n’ont encore jamais été confronté à la réalité, à l’échelle qui va prévaloir. Je rappelle que seuls les faits comptent et on n’oublie jamais un véritable axiome militaire (Patton) : aucun plan ne survit au contact de l’ennemi.

Zelensky distribue les bons et les mauvais points

Pendant ce temps, on assiste à une destruction progressive de l’Ukraine et des moyens russes – plus ça dure, plus ça s’aggrave et plus les deux parties s’affaiblissent. On a un affaiblissement concomitant de la fameuse Europe de Macron, celle de l’unanimité autour des merveilleuses valeurs de Bruxelles. Zelensky est devenu une sorte d’arbitre de l’Europe, distribuant les bons et les mauvais points, exigeant telle et telle chose et livrant l’éventuel récalcitrant à la vindicte.
Cette position d’arbitre de l’Europe, alors qu’il en est un élément extérieur, ronge la politique européenne. Elle va mettre en exergue et réveiller des différences de point de vue, voire des animosités cachées aujourd’hui sous le masque de la propagande bruxelloise de la ‘’pensée commune’’. Elle va démontrer l’impéritie européenne, c’est-à-dire l’inefficacité de l’Europe à régler un problème qui se passe sur son sol (elle le prétend) et par suite, nécessairement, confier ses intérêts à l’acteur majeur que sont les USA.
On peut désormais analyser le côté pathétique des actions entreprises par Macron qui se veut et se présente comme chef de l’Europe. Il faut aussi se souvenir des attentes mirifiques relatives à la présidence française de l’Europe et ce, il y a moins de 6 mois. Emmanuel Macron ne se cachait pas de ‘’relancer’’ l’Europe dans tous les domaines… On fera le bilan le 2 juillet prochain.

La Chine joue avec habileté

Pendant ce temps également, l’impact international de l’affaire ukrainienne tourne au désavantage objectif de l’Occident. Le 25 mai dernier à Davos, Zelensky dénonce un manque d’« unité » des pays occidentaux : « Ma question est : y a-t-il en pratique une unité [dans l’Occident] ? Je ne la vois pas », a-t-il regretté.
Et la Chine soutient discrètement la Russie avec une vision long terme conforme à son sens du duopole. Pour preuve : on ne trouvera pas une seule déclaration antirusse, mais elle renouvelle régulièrement les assurances d’amitié. Pour autre preuve : la Chine est le plus grand importateur mondial de pétrole et elle joue comme toujours avec habileté : primo ne pas exposer potentiellement ses géants pétroliers à des sanctions américaines (ce qui aurait été le cas si elle avait soutenu ouvertement Moscou), secundo augmenter petit à petit ses importations de pétrole russe avec un effet d’aubaine économique.
Vortexa Analytics : « en mai, les importations de pétrole russe par voie maritime ont atteint un niveau record de 1.1 bpj ( million de barils par jour) contre 750 000 bpj au premier trimestre. Le faible prix du pétrole russe – les différentiels au comptant sont d’environ 29 dollars de moins par baril qu’avant l’invasion, selon les traders – est une aubaine pour les raffineurs chinois qui doivent faire face à des marges réduites dans une économie en ralentissement. »

L’exclusion de la Russie a échoué. Point.

Également, sur le plan international, les pays pauvres voient essentiellement des effets négatifs dans les sanctions qu’ils imputent à l’Europe avec toutes les conséquences diplomatiques associées (intensification de la perte d’influence européenne en Afrique).
Pour exemple : l’Inde a très mal pris les remontrances de Bruxelles sur son arrêt d’exportation du blé pour des raisons très sérieuses (baisse de sa production interne dont elle a le plus grand besoin). Conclusion : sur le plan diplomatique mondial, l’exclusion de la Russie, voulue par Bruxelles (dixit Le Drian) a échoué. Point.
La guerre Russie-Ukraine continue. L’activisme américain (surprenant de Biden mais c’est une garantie que ce n’est pas lui qui inspire la politique américaine) dans la zone Asie-Pacifique se poursuit (création de l’IPEF, renforcement du Quad, etc.). C’est le sujet crucial du duopole USA-Chine : on fourbit les moyens et on rassemble son camp.
À suivre…

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