Au surlendemain de l’attaque du fourgon de la Pénitentiaire qui a fait deux morts et trois blessés, les spécialistes du grand banditisme se demandent si le prisonnier a été libéré par des complices ou s’il a été exfiltré ‘’pour le faire payer’’.
« Des moyens considérables », selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ont été déployés pour retrouver Mohamed Amra et ses complices, auteurs de l’attaque du fourgon de la Pénitentiaire au péage de l’Incarville, dans l’Eure, lundi 13 mai 2024 un peu avant midi. Il revenait vers la maison d’arrêt d’Évreux où il était incarcéré après une audition au tribunal judiciaire de Rouen.
450 policiers et gendarmes ont été mobilisés dans le seul département de l’Eure. Et Interpol a émis une notice rouge visant Mohamed Amra entraînant un avis de recherche dans le monde entier (196 pays).
Les doutes de l’avocat
Ce triste individu, âge de 30 ans, né à Rouen, est certes un trafiquant de drogue notoire. Un homme dangereux. Il est impliqué dans des affaires de drogue, d’enlèvement avec séquestration, de tentative d’homicide. Il était détenu après une mise en examen par la JIRS de Marseille pour son implication supposée dans une affaire de meurtre en bande organisée.
Homme dangereux, à la tête d’un gang de narcotrafiquants, Mohamed Amra avait-il pour autant l’envergure de ces grands voyous capables d’organiser une attaque de fourgon blindé et de tirer à l’arme lourde sur les convoyeurs ?
Son avocat, Me Hugues Vigier se dit surpris de cette attaque. Il s’interroge sur les motivations des assaillants qui, explique-t-il, auraient agi « non pas pour le libérer, mais pour l’avoir à disposition et peut-être le faire payer ce que l’on suppose qu’il aurait commis ».
« On est peut-être venu le chercher »
Le journaliste Frédéric Ploquin, spécialiste du grand banditisme, est sur la même ligne. Dans une interview à France3 Normandie il explique : « J’ai discuté avec des grands voyous qui ont analysé la vidéo, ils me disent ‘’ peut-être que ce n’est pas une évasion. Peut-être qu’ils sont venus le chercher’’. »
En effet, à bien regarder les images, on constate que Mohamed Amra ne sort pas immédiatement du fourgon. Comme s’il était surpris par cette attaque. Frédéric Ploquin ajoute : « On peut effectivement imaginer, dans la mesure où cet homme est a priori dans une guerre avec un certain nombre de concurrents, l’hypothèse selon laquelle on est venu le chercher pour d’autres raisons : le faire parler, lui demander de l’argent… »
Des professionnels ou des amateurs?
À l’évidence, l’attaque a été bien préparée. Les assaillants connaissaient le parcours du fourgon, les horaires à la minute près du passage au péage, le nombre de véhicules et de surveillants dans le fourgon… Ils ne pouvaient avoir ces infos que grâce à une taupe à l’intérieur du système pénitentiaire. Ce qui plaide pour une équipe de professionnels. Mais leur détermination à tirer, d’emblée, pour tuer, fait plutôt penser à des amateurs, de jeunes tueurs qui n’ont rien à voir avec le grand banditisme.
Reste que Mohamed Amra et ses complices assassins, quelle que soit leur motivation, sont aujourd’hui dans la nature. Prêts à tout pour échapper aux forces de l’ordre. Quitte à tuer une nouvelle fois.
Attaque du fourgon, les armes viennent d'Ukraine.
Tous les fanatiques qui soutiennent ce pays savaient AVANT d'envoyer des armes à Zelensky que ce barjo les donnerait à qui en veut.
Nous sommes tous en danger car les dirigeants sont des irresponsables. pic.twitter.com/JUapOcoom7— patricia chaibriant (@PChaibriant) May 15, 2024