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Lexy (54) : un directeur harceleur en correctionnelle

Poursuivi pour agression sexuelle et harcèlement sexuel, cet ancien directeur d’une chaîne de magasins dédiés à la rénovation de l’habitat, devra s’expliquer le 29 août 2023 devant le tribunal de Briey.

Harcèlement sexuel au travail (UnlimPhotos)
Harcèlement sexuel au travail (UnlimPhotos)

« Il me disait : ‘’montre-moi tes seins’’ ; ‘’suce-moi la b.’’ C’était quotidien. Il a instauré une gestion graveleuse, il parlait sexe tout le temps. »
Cette plaignante que nous appellerons Maria fait partie des femmes harcelées pendant des années par Claude (le prénom a été changé), 44 ans, directeur de ce magasin qui emploie une cinquantaine de personnes à Lexy, près de Longwy, en Meurthe-et-Moselle. Maria travaille depuis 2017 dans ce nouvel établissement comme chef de secteur administratif. Elle a en charge les ressources humaines, la paie et le contrôle du compte d’exploitation. Un poste à responsabilités. Si elle accepte (mal) les outrances verbales de Claude, c’est parce qu’il est son directeur et qu’elle tient à son job. Elle reconnaît aussi que c’est un bon professionnel, mais il a une méchante tendance à se fâcher lorsqu’on lui résiste. « Il a viré deux chefs de secteur, dit-elle. Cet homme a une haute opinion de lui-même ».

Des témoignages sur speak-up

Maria n’est pas la seule employée à subir les propos libidineux du directeur. En juin 2021, une hôtesse du magasin pleurait constamment. Elle a fait un burn-out puis une tentative de suicide. Une autre confie son mal-être à Maria en raison du harcèlement sexuel permanent qu’elle subit de la part de Claude.
Finalement, le 15 septembre 2021, la directrice des Ressources Humaines de la chaine de magasins est alertée par quatre ‘’speak-up’’ (système d’alerte interne) de salariés qui se plaignent du comportement intolérable du directeur de Lexy, de ses gestes et propos déplacés à connotation sexuelle. Le 16 septembre, le directeur de Lexy est mis à pied par le directeur régional. Mais il faudra attendre le 8 octobre 2021 pour que Claude soit licencié pour faute grave.

« C’était une blague »

Mais, déjà, plusieurs plaintes ont été déposées. Placé en garde à vue à la gendarmerie de Guénange (57), le 5 juillet 2022, Claude se présente comme une victime de règlements de comptes. Il n’a rien à se reprocher.
Question : Selon Madame X, vous avez tenu les propos suivants : « Le jean-là te moule bien aujourd’hui, il te fait un bon boule » ; « t’as grossi du cul aujourd’hui » ; « Quel bon cul » ; « Tu me donnes envie » ; « t’as grossie » ; « t’as pris des seins ». Propos tenus depuis 2019 au quotidien. Qu’avez-vous à dire ?
Réponse : « Il y a des mots que je n’ai pas employés comme boule, car ce n’est pas mes termes. Je lui ai sûrement fait des compliments sur son physique, mais comme je vous ai dit, elle s’en amusait. »
Question : Mme X déclare que depuis le coup de règle sur la cuisse, vous lui donniez des claques sur les fesses ou sur la cuisse sans raison quand vous la voyiez dans le couloir. Elle déclare avoir reçu au total une trentaine de claques sur les fesses et une dizaine sur les cuisses. Qu’avez-vous à dire ?
Réponse : « Je dis non, avant que vous me posiez les questions, je vous ai expliqué les faits. »
Question : Avez-vous déjà touché physiquement Madame X ?
Réponse : « Je l’ai peut-être prise par les épaules et par les cheveux, en mettant la main sur la tête en lui disant ça va aller. »
Question : Madame X déclare que vous lui avez dit « ça te dit de prendre du plaisir ? » ; « tu sais pas ce que tu rates » ; « tu m’excites » ; « au début, elles disent toutes non mais après y avoir goûté, elles changent d’avis ». Qu’avez-vous à dire ?
Réponse : « Cela aussi, j’ai déjà dit à X qu’il serait bien qu’elle trouve quelqu’un, qu’elle prenne du plaisir. »
Question : Madame Y déclare que vous l’avez insultée (et traitée) de « pute de Bruxelles » et qu’une fois, elle a été en mise à pied parce qu’elle avait sorti son téléphone en réunion. Qu’avez-vous à dire là-dessus ?
Réponse : « Pour la pute de Bruxelles, oui, mais pour moi, c’était une blague. Je l’avais dit en rigolant. Elle était venue au magasin en Jean-talons-aiguilles. Oui, elle a eu une mise à pied, simplement car [elle] montrait qu’elle s’en foutait de la formation, qu’elle était tout le temps sur le téléphone C’est pour cette raison qu’elle a été sanctionnée. »

Audience le 29 août

Au final, ce sont trois salariées qui ont déposé plainte pour agression et/ou harcèlement sexuel. Le directeur de Lexy a depuis trouvé du travail à l’étranger. Il bénéficie de nombreux témoignages de soutien d’anciens collaborateurs du magasin de Lexy. Mais il devra répondre de ses actes et propos indécents devant le tribunal judiciaire du Val de Briey, le 29 août 2023 à 13 h 30.

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