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Pénurie d’essence : peut-on réellement négocier en France ?

Point-de-vue. Alors que la France s’apprête à vivre une journée de grèves, ce mardi 18 octobre 2022, on peut se demander si, dans notre pays, le rapport de force est la seule arme de négociation possible, contrairement à l’Allemagne où les syndicats sont si redoutés que les grèves sont rares.

Bernard Aubin,
Bernard Aubin (DR)

Par Bernard Aubin

Le manque de carburant touche désormais les fonctions vitales de notre pays : personnels médicaux, transports publics, alimentation et, bien sûr, travail au quotidien. En cause, un conflit qui oppose des personnels de raffineries aux sociétés qui les emploient, ou plus précisément la toute-puissante CGT de Total.

Ironie du sort, c’est Madame Borne, chef du gouvernement, qui appelle les parties à la raison. C’était pourtant la même, alors ministre de la Transition Écologique et Solidaire, qui mena d’une main de fer la réforme de la SNCF, refusant la moindre concession aux cheminots… malgré de plusieurs semaines de grève. Et ce sera peut-être elle qui, forte de son expérience, présidera aux « négociations » sur la réforme des retraites. D’une manière aussi sourde et brutale !?

Le rapport de force

Que dire du comportement de la CGT ? Que ce syndicat estampillé « révolutionnaire », en constante perte de vitesse, joue aussi son avenir face à la montée des syndicats d’accompagnement, souvent faussement qualifiés de « réformistes » ? Qu’une nouvelle fois, elle bloque le pays ? C’est effectivement une évidence, hier sur le rail, aujourd’hui sur la route.

Peut-être. Mais cela renvoie à une autre question : la négociation hors conflit est-elle vraiment possible en France ? Une chose est sûre, c’est que la grève à la japonaise, bandeau sur le bras à son poste de travail, ça ne marchera jamais. Le constat est cinglant et amer : dans la plupart des cas, en France, seul le rapport de force peut permettre de maintenir ou de conquérir des avancées sociales. C’est un fait historique.

Une force dissuasive

Jeter un regard sur nos voisins d’outre-Rhin nous livre un éclairage particulièrement intéressant sur la question. En Allemagne, les syndicats sont redoutés et redoutables. Leur puissance leur confère une véritable force dissuasive, un peu comme une bombe nucléaire qui calmerait les ardeurs des « ennemis » potentiels. Autre différence : chez nos voisins, le culte de la négociation est dans l’ADN des partenaires sociaux.

De l’autre côté du Rhin, on se veut avant tout pragmatique, mais aussi très respectueux des accords signés. La recherche du gagnant-gagnant est privilégiée au culte de la conflictualité. Les grèves sont rares, et chacun s’y retrouve.

Total a enregistré des bénéfices record dont les actionnaires ont largement bénéficié. Est-il concevable que les salariés soient contraints de réclamer leur part du gâteau par la grève ? Visiblement oui, car la France reste la France, avec cette culture PARTAGEE du conflit. Et ce n’est pas près de changer.

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