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Macron-Le Pen : Un bon débat pour rien

Trois heures d’échanges, quelques piques blessantes, mais au final, les deux candidats n’ont sans doute pas convaincu au-delà de leur camp. On saura le 24 avril au soir s’il en est autrement.

Macron-Le Pen (capture TF1)
Macron-Le Pen (capture TF1)

Le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ne restera pas dans les annales de la 5ᵉ République comme le débat le plus extraordinaire qui soit. Mais ce fut un bon et vrai débat d’entre-deux-tours à quatre jours du scrutin qui, au bout du bout, n’a probablement pas fait bouger les lignes. À lire les réactions sur les réseaux sociaux, chaque camp se réjouit de la performance de son héraut.
Sur la forme, il est vrai, Emmanuel Macron a semblé plus à l’aise que Marine Le Pen, même si ses interventions intempestives ont pu gêner les téléspectateurs. Marine Le Pen a quelques fois bafouillé, éludé, esquivé, mais n’a jamais perdu pied.
Sur le fond, les deux candidats ont abordé les huit thèmes préalablement définis sans concession : le pouvoir d’achat, la politique internationale, le modèle social français, les retraites, l’environnement, la compétitivité, la jeunesse, la sécurité et l’immigration et, enfin, les institutions.

Les petites phrases

Marine Le Pen a taclé Macron sur son bilan économique : « Il y a 400.000 pauvres supplémentaires sous votre quinquennat » dit-elle, reprochant « au Mozart de la finance » d’avoir un mauvais bilan.
Macron a accusé Marine Le Pen de « parler à son banquier » quand elle parle de la Russie.
S’agissant de la question du voile que Le Pen veut interdire dans l’espace public, Macron estime que ce projet « mènerait à la guerre civile ». Sur l’écologie, le président-candidat taxe Le Pen de « climatosceptique ». Réponse du berger à la bergère « vous êtes un climato-hypocrite ».

La laïcité et le port du voile

Le ton est monté d’un cran entre les deux duellistes lorsqu’ils ont abordé la question sur la laïcité. Il y a là une différence de fond entre les deux débatteurs. Marine Le Pen souhaite interdire le port du voile dans l’espace public. « je souhaite lutter contre l’islamisme, explique la chef de file du Rassemblement national. Il y a un islamisme dans notre pays. Il doit être combattu par une République fière d’elle-même ». Elle propose concrètement d’expulser les fichés ‘’S’’ étrangers et de fermer les 570 mosquées radicales. Elle propose aussi d’interdire le voile dans l’espace public (« un uniforme ») pour « libérer les femmes ».

« Une trahison »

Réponse du président-candidat : « Ce qui est inquiétant dans votre démonstration, c’est le chemin qu’elle emprunte. D’une question sur le voile vous êtes passé au terrorisme pour revenir à l’islamisme et pour aller aux étrangers… La laïcité, ce n’est pas combattre une religion. Si vous interdisez le port du voile, vous allez créer une guerre civile. Ce que vous proposez est très grave. La France serait le premier pays au monde à interdire les signes religieux dans l’espace public… Ce serait une trahison de l’esprit français. »
Au final, un débat de bonne tenue, sans vainqueur ni vaincu. Il faudra attendre le 24 avril 2022 au soir pour savoir qui a gagné.

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