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Ukraine : Pour l’impartialité de la presse. Et pour l’honneur des journalistes !

Quatorze journalistes, ex-correspondants de guerre de grands médias italiens, viennent d’écrire une lettre ouverte pour dénoncer la partialité de la presse internationale dans la couverture de la guerre en Ukraine.

Ukraine : la guerre de l'information (Unlimphoto)
Ukraine : la guerre de l’information (Unlimphoto)

« Ce n’est plus de l’information, c’est de la propagande ». Ce constat sévère à propos du narratif de la guerre en Ukraine est celui de Massimo Alberizzi, actuellement directeur du journal en ligne Africa ExPress dont les articles paraissent chaque jour sur le site Internet Il Fatto Quotidiano.
Massimo vient de signer une lettre ouverte (ici en italien) avec d’autres reporters de guerre italiens, ou ex-reporters, pour dénoncer « la narration partiale et hyper-simpliste du conflit par les journalistes italiens ». Mais aussi par la plupart des médias internationaux.

« Quelque chose ne va pas »

Ils s’appellent Massimo Alberizzi ex Corriere della Sera ; Remigio Benni ex Ansa ; Giampaolo Cadalanu – Repubblica ; Tony Capuozzo ex TG 5 ; Renzo Cianfanelli Corriere della Sera ; Cristano Laruffa Fotoreporter ; Alberto Negri ex Sole 24ore ; Giovanni Porzio ex Panorama ; Amedeo Ricucci RAI ; Eric Salerno ex Messaggero : Giuliana Sgrena Il Manifesto ; Claudia Svampa ex Il Tempo ; Vanna Vannuccini Ex Repubblica ; Angela Virdò ex Ansa.
Ils écrivent : « En regardant les télévisions et en lisant les journaux qui parlent de la guerre en Ukraine, nous nous sommes rendu compte que quelque chose n’allait pas (…) Nous sommes inondés d’informations, mais personne ne les vérifie. Les médias ont accordé une grande importance au massacre du théâtre de Marioupol, mais personne n’a été en mesure de déterminer ce qui s’est réellement passé. Les jours suivants, le maire de la ville lui-même a déclaré qu’il ne connaissait qu’une seule victime. D’autres sources parlent de deux morts et de quelques blessés. Mais le carnage au théâtre, tenu pour acquis par les médias, a frappé le public au cœur et à l’estomac. »
Les journalistes italiens se gardent d’apporter un quelconque soutien au maître du Kremlin. « Soyons clairs : personne ici ne prétend que Vladimir Poutine est un petit agneau. C’est lui qui a déclenché la guerre et envahi brutalement l’Ukraine. C’est lui qui a lancé des missiles, causant douleur et mort. Bien sûr. Mais nous devons nous demander : est-il le seul responsable ? »

Manque d’analyse et de recul

Un peu plus loin : « Une seule pensée dominante est créditée, et toute personne qui ne pense pas de cette façon est cataloguée comme un ami de Poutine et donc, d’une certaine manière, comme coresponsable des massacres en Ukraine. »
Les journalistes italiens constatent encore que la presse dans son ensemble n’analyse pas les événements en profondeur et ne prend pas suffisamment de recul. Car, disent-ils, « Ce n’est qu’en comprenant et en analysant en profondeur cette terrible guerre que nous pourrons empêcher qu’un conflit de ce type se reproduise à l’avenir. »

Les conséquences de la propagande

Comme ces journalistes, nous voyons bien, de jour en jour, que l’information est un acteur majeur de la guerre en Ukraine. Les images insoutenables des bombardements, les exactions commises par l’armée russe, les corps allongés au milieu des rues de Boutcha nous bouleversent et nourrissent un sentiment de haine à l’égard de Poutine et du peuple russe. Ce sont ces images révoltantes qui poussent l’opinion publique internationale à renforcer les sanctions contre la Russie, à faire main basse sur le patrimoine des oligarques, à renforcer la course aux armements, à écarter les sportifs russes des grandes compétitions internationales.
Les chefs d’État et de gouvernement s’appuient sur leurs opinions publiques pour condamner la Russie et pour accueillir (par visioconférence) le président Ukrainien qui n’hésite pas, devant les parlementaires, à dire ce qu’il attend de la France et des grandes entreprises encore présentes en Russie. Étonnantes injonctions du président d’un pays étranger ! Bon, passons.

Le bien précieux des démocraties

Reste l’essentiel. Pourquoi l’information dont on nous abreuve quotidiennement est-elle toujours à sens unique ? Pourquoi n’y a-t-il qu’une seule source, celle du président Zelensky et de son armée ? Pourquoi l’info en provenance de Russie est-elle bridée ? Pourquoi la chaine de télévision Russia Today a-telle été interdite de diffusion dès le début du conflit ?
La presse est l’un des piliers de la démocratie. L’information journalistique, un bien précieux qu’il convient de ne pas confondre avec la propagande si chère à Joseph Goebbels, spécialiste de la manipulation des masses du régime nazi qui affirmait : « Plus le mensonge est gros, plus il passe. Plus il est répété et plus on le croit. »
Les journalistes, qu’ils soient sur le théâtre des opérations ou qu’ils soient en plateau ou dans leurs rédactions doivent rester un rempart contre la propagande, contre la désinformation, contre le mensonge. Ils doivent s’informer à des sources contradictoires. Car la presse doit rester impartiale. Il en va de sa crédibilité. Il en va de l’honneur des journalistes !

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