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Ukraine : la guerre dans l’espace

La guerre en Ukraine se joue aussi dans l’espace. Avec le déploiement des stations Starlink du milliardaire américain Elon Musk. Et avec l’impossibilité pour Soyouz de tenir ses engagements avec ArianeSpace.

 Camille Gévaudan, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Pas de tir Soyouz à Kourou, Guyane (Photo Camille Gévaudan, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

L’info est passée par Twitter. Samedi matin, le vice-premier ministre ukrainien chargé du numérique Mykhailo Fedoro s’est adressé au milliardaire américain Elon Musk en ces termes : « Pendant que vous essayez de coloniser Mars, la Russie essaye d’occuper l’Ukraine ! Si vos fusées atterrissent avec succès depuis l’espace, des roquettes russes attaquent des civils ukrainiens ! Nous vous demandons de fournir à l’Ukraine des stations Starlink. »
La réponse est venue quelques heures plus tard : « Le service Starlink est opérationnel [NDLR- au-dessus de l’Ukraine]. D’autres terminaux sont en route ».

La guerre de l’information

Starlink, filiale de la société aérospatiale SpaceX du milliardaire américain Elon Musk, est une constellation de satellites permettant l’accès à internet. A ce jour, ce sont quelque 1.800 satellites de télécommunication qui ont été déployés sur une orbite terrestre basse. 12.000 doivent être déployés d’ici 2025.
On comprend tout l’intérêt de ces engins spatiaux dans un pays en guerre où les infrastructures terrestres sont -ou risquent d’être- détruites par les bombes. On sait que l’information (et la désinformation) est une arme de guerre redoutable. D’où la nécessité de contrôler l’accès aux moyens de communication de masse. Et, notamment aux réseaux sociaux.

Soyouz et Arianespace

La guerre en Ukraine et les lourdes sanctions économiques visant la Russie tombent à un mauvais moment pour ArianeSpace. En effet, deux tirs étaient prévus.
Le 4 mars 2022 : une fusée Soyouz pour OneWeb doit décoller de Baïkonour. Cette constellation de 650 satellites de télécommunication comparable à Starlink est mise en œuvre par l’américain Greg Wyler.
L’autre tir était prévu le 6 avril 2022 depuis Kourou, en Guyane. Il devait lancer deux satellites Galileo (système de radionavigation identique au GPS américain). Mais on sait désormais qu’il n’aura pas lieu. C’est Dimitri Rogozin, patron de l’agence spatiale russe Roskosmos qui l’a annoncé via Twitter : « En réponse aux sanctions de l’UE contre nos entreprises, Roskosmos suspend la coopération avec des partenaires européens pour organiser des lancements spatiaux depuis le cosmodrome de Kourou et retirer son personnel, y compris l’équipage de lancement consolidé, de la Guyane française ».
La Russie a retiré 87 ressortissants présents au centre spatial de Kourou. Or, « sans eux, aucune campagne de lancement ne peut avoir lieu » souligne le magazine Ciel et Espace en rappelant que Arianespace et RosKosmos travaillent ensemble depuis 2011 pour le lancement de satellites via la fusée Souyouz.
Le commissaire européen pour l’espace, Thierry Breton, a réagi à la décision de Roscomos par un communiqué affirmant que le programme Galileo continuait.

Menaces sur l’ISS

Dans l’espace, il y a également la Station Spatiale Internationale occupée en permanence par un équipage international. Là encore, la collaboration russe est importante, sinon déterminante.
Le patron de l’agence russe RosKosmos n’a pas caché le poids de son pays dans cette aventure. Il a même prévenu la NASA que sans les vaisseaux russes Progress, l’ISS risquait de décrocher de son orbite et, peut-être s’écraser sur terre. En précisant que la station ISS ne survole pas la Russie !
D’autres projets entre l’Europe et la Russie sont en cours, comme la mission Exomars. Mais ils sont largement compris par la guerre en Ukraine.

 

 

 

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