104.611 nouveaux cas en 24 heures ! C’est le record absolu atteint le jour de Noël 2021. Le sujet n’est donc pas passé inaperçu dans les familles où pro et antivax ont vivement débattu autour de la dinde.
La Covid-19 s’est invitée au repas de Noël dans de nombreuses familles françaises. Entre la dinde et la bûche, on s’est plus ou moins gentiment étrillé sur l’épidémie et sur l’utilité des vaccins.
De fait, plus de 100.000 cas ont été enregistrés par Santé Publique France (SPF) en ce samedi 25 décembre 2021. C’était annoncé par Olivier Véran, le ministre de la Santé, mais ce chiffre donne quand même une bonne idée de la progression fulgurante de l’épidémie en France.
En moyenne sur les sept derniers jours, on compte 72 299 cas par jour. Toujours selon SPF, il y a eu 760 nouvelles hospitalisations ces dernières 24 heures, soit 1 217 nouvelles hospitalisations par jour en moyenne sur les 7 derniers jours. Et, forcément, cela provoque des tensions sur le système de soins.
« Ce n’est pas une maladie infantile »
Pourquoi médecins et scientifiques ne sont-ils pas d’accord entre eux sur cette épidémie ? Sur l’utilité du pass sanitaire et, bientôt, du pass vaccinal, sur l’intérêt du vaccin, sur la double ou triple dose, sur la vaccination des enfants ? Comme dans les médias, comme sur les réseaux sociaux, le débat s’est invité dans les réunions de famille.
L’oncle Joseph, s’est dit opposé, totalement opposé à la vaccination des enfants et des adolescents. « La Covid-19 n’est pas une maladie infantile » observe-t-il en dégustant une coupe de champ, « il n’y a donc pas de raison de les vacciner contre une maladie qui ne les concerne pas. » Il rappelle d’ailleurs que le Vietnam vient de suspendre les injections de Pfizer pour les ados après quatre décès et 120 hospitalisations.
Son frère, Arthur, s’offusque en débouchant une bouteille de Saint-Emilion. « Sans les vaccins, la pandémie aurait fait des ravages dans la population, comme la grande peste a décimé les populations européennes au moyen-âge, dit-il. Il faut se faire vacciner pour soi et pour protéger les autres, pardi ».
« C’est de la pub… »
La tante Éléonore qui n’avait rien dit jusqu’ici pour ne pas envenimer les choses intervient sèchement : « Ça, c’est de la pub du gouvernement reprise par la télé aux ordres des puissants, affirme-t-elle en s’essuyant le bec plein de sauce. On sait bien que les vaccins, même avec deux et même avec trois doses n’empêchent ni d’attraper la Covid ni de la transmettre. Alors, à quoi servent les vaccins, je vous le demande ? Tout ça, c’est une histoire d’argent ».
Le jeune Pierre-Antoine qui commence ses études de médecine, sent bien que tous les regards autour de la table se fixent sur lui. Un brin gêné, il ajuste la cravate qu’il n’a pas, attrape ses lunettes cerclées de métal noir et cherche à placer sa voix avant de s’exprimer. Car il porte la voix de la médecine et de la science autour de cette table. Mais l’exercice étant délicat, il cherche à dévier en touche : « La Covid-19 est une pathologie toute récente que nous ne connaissons pas encore très bien, dit-il. À l’hôpital, nous avons des patients plutôt âgés, aucun enfant et aucun adolescent. C’est donc une maladie qui touche plutôt les personnes âgées avec des comorbidités. »
« Parlons politique »
La tante Eléonore pouffe de rire. Elle a sans doute abusé du vin. Elle hurle : « Mais c’est pas le sujet ! La question est de savoir si les vaccins sont efficaces ou non. Et la réponse, c’est non. Moi, je ne suis pas vaccinée. Je ne veux pas être vaccinée. Cette pandémie, c’est une histoire de business et pas de santé publique. Tous ces experts de la télé m’écœurent. Ils ne savent rien, on ne sait rien sur l’évolution de cette maladie, Pierre-Antoine vient de le dire, personne n’en sait rien. Alors pourquoi ils nous font peur, pourquoi ils nous empêchent de sortir, d’aller au resto, au cinéma, hein, Popurquoi ? »
Les esprits s’échauffent, Paul l’aîné de la fratrie qui reçoit ses frères et sœurs, calme le jeu : « Bon, bon, pas la peine de s’énerver. Ne parlons plus de la Covid, c’est un sujet qui fâche. Aujourd’hui c’est Noël. Parlons d’un sujet plus consensuel, s’il vous plaît. »
Après un temps d’arrêt il propose : » Et si nous parlions politique ? La présidentielle, c’est dans trois mois. »