Désigné par l’inscription « Omar m’a tuer » écrite en lettres de sang par la victime, Ghislain Marchal, riche veuve d’un industriel de Mougins, dans le Var, le jardinier a toujours clamé son innocence.
La commission d’instruction de la Cour de cassation a décidé, ce jeudi 16 décembre 2021, de rouvrir le dossier judiciaire d’Omar Raddad. Une première étape vers une éventuelle révision du procès, selon son avocate, Me Sylvie Noachovitch.
L’affaire remonte au 24 juin 1991 lorsque Ghislaine Marchal, 65 ans, est retrouvé morte au fond de sa cave, dans sa propriété de Mougins, dans le Var. Elle a été tuée à coups de couteau. Mais avant de mourir, Ghislaine Marchal avait eu le temps d’écrire quelques mots avec son propre sang « Omar m’a tuer ».
Une étrange faute d’orthographe
Omar, c’était son jardinier. L’enquête s’oriente évidemment vers ce jeune père de famille, d’origine marocaine, qui a un vilain défaut : il joue aux courses de chevaux. Et, de temps en temps, il demande de l’argent à sa patronne pour finir les fins de mois.
Ce qui intrigue cependant, c’est la faute d’orthographe. Amoureuse de la langue française, Ghislaine Marchal ne faisait aucune faute d’orthographe. Elle était passionnée de mots-croisés. Mais surtout, une personne toujours en vie [même si elle est agonisante] n’écrit pas qu’elle est déjà morte.
L’enquête a été un peu rapidement bouclée. Omar Raddad a été présenté au juge Jean-Paul Renard, inculpé comme on disait alors et écroué.
Mais il a toujours nié être l’auteur de ce meurtre.
Des traces d’ADN sur les scellés
L’affaire défrayé la chronique pendant des années. Trois ans plus tard, le jardinier est condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Mais personne n’est satisfait de cette décision.
En 1996, le roi du Maroc s’émeut de la situation de ce jardinier et obtient de Jacques Chirac, alors président de la République, une grâce partielle. Omar Raddad est libéré le 4 septembre 1998. Mais il réclame un nouveau procès.
En 2002, la commission de révision ordonne de nouvelles investigations. Mais finalement, elle refusera un nouveau procès.
Pourtant, de nouvelles expertises ADN sont effectuées sur deux portes et un chevron sur lesquels on a trouvé du sang de la victime. Les experts émettent de sérieux doutes sur l’identité de l’auteur de l’inscription. D’autant que des traces appartenant à quatre hommes différents sont identifiées sur les scellés. Aucune n’appartient à Omar Raddad.
Au moment du meurtre
Mais c’est une expertise de 2019 qui pourrait changer la donne. En effet, un expert a relevé 35 traces d’un seul et même ADN masculin sur l’une des deux inscriptions « Omar m’a t ». Et ce n’est pas celui du jardinier. Petite précision cruciale, ces empreintes génétiques auraient été déposées au moment du meurtre et non pas, comme on l’avait cru initialement, lors d’une « contamination » après les faits.
Voilà de quoi jeter le trouble sur l’accusation, un peu rapide, du jardinier marocain. Un procès en révision permettra, peut-être, d’innocenter Omar Raddad.